Hind Benali Danseuse-chorégraphe et directrice artistique du festival «Action danse» Les Echos quotidien : comment s'est déroulée cette 5e édition de «Action danse» ? Hind Benali : C'était superbe est le moins que l'on puisse en dire ! Il y a eu un vrai engouement pour les deux étapes et l'évolution du festival a été très perceptible par rapport à la dernière édition, qui a compris aussi l'Oriental avec les deux villes d'Oujda et Nador. Justement, comment a été l'étape d'Oujda ? Nous avons été agréablement surpris par le bel accueil auquel nous avons eu droit. Les gens n'avaient pas l'air de vraiment connaître l'évènement, du coup, ils venaient le découvrir et étaient très ravis et encourageants. Et bien que le public n'ait pas été nombreux, il a été très intéressé, on a même eu droit à des «ah, on s'intéresse enfin à nous !». Les stages et les spectacles ont duré pendant presque une semaine dans la galerie d'Art qui est en fait vitrée, et vu la curiosité du public, on a souvent eu l'impression d'être dans une exposition ou être une sorte d'œuvre en mouvement. Pourquoi un focus sur la ville d'Oujda durant ces deux dernières éditions ? Etant donné que la dernière édition n'a pas vraiment réussie au vu du timing peu délicat avec les élections législatives, une deuxième édition dans la même ville s'est imposée à nous. Nous avons ressenti une demande vu le manque d'évènements en danse et en culture de manière générale dans la zone de l'Oriental et étant moi-même originaire de cette région, je souhaitais contribuer à la création artistique via la danse contemporaine qui est mon champ. Cela dit, nous avons rencontré beaucoup de soucis logistiques qui ont entravé le bon déroulement de l'édition. Cela nous a été utile pour cette édition qui a été beaucoup plus réussie grâce à un timing adéquat. Nous avons pu compter sur la collaboration totale et efficiente de la région et de l'agence de l'Oriental. Nous avons donc pu y retourner pour offrir une formation de qualité, dispensée par des chorégraphes/pédagogues de renom et pour encourager la création de collaborations entre l'Oriental et d'autres régions ou pays. En parlant d'autres régions, comment s'est déroulée l'escale casablancaise ? Autant dire que Casablanca a été un point de rencontre foisonnant ! 300 personnes et 42 équipes étaient au rendez-vous, venues de différentes villes, Laâyoune, Beni Mellal, Agadir... j'ai même eu chaud en voyant autant de public ! C'est souvent une jeunesse qui puise dans le hip-hop son expression artistique et qui était là pour le «Casa battle action» mais aussi pour les stages. Et l'espace de la coupole, comme la villa des Arts ont été les lieux de rencontre d'autant d'énergie et de dynamisme, qui font plaisir. Quel a été votre parcours ? J'ai été formée au Ballet-théâtre Zinoun à Casablanca, puis j'ai intégré (2001-2002) le Centre chorégraphique national de danse contemporaine de Montpellier. Depuis 2002, j'enseigne et propose un grand nombre de stages à travers le Maroc et l'Afrique (associations, orphelinats, établissements scolaires, écoles de danse, festivals de danse, alliances et instituts français, etc...). C'est ainsi que je commence à penser à développer des actions de sensibilisation qui ont abouti en 2008, au festival annuel «Action danse», pour encourager les collaborations et les rencontres entre danseurs du continent africain et pour permettre au grand public de s'initier à la danse à travers divers stages et spectacles. Et d'où vous vient votre passion pour la danse ? Cela m'a toujours accompagné, depuis l'enfance. J'aimais beaucoup danser depuis toute petite et puis est venu le moment déterminant, celui où j'ai intégré le Ballet-théâtre Zinoun. Quels sont vos autres projets ? Y aura-t-il une 6e édition ? Pour l'instant, je ne pourrai pas me prononcer, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a beaucoup à faire juste après cette 5e édition dans le but d'attirer plus de sponsors. Notamment des montages de vidéos et les rapports de la villa des Arts casablancaise... rassembler la documentation pour démontrer que «Action danse» sont de superbes rencontres et que c'est une manifestation qui est sur la bonne voie, grâce à plusieurs acteurs dont les chorégraphes, mais aussi les sponsors et les institutions. En tous cas, mon but a toujours été dans une logique pédagogique plus que spectaculaire, changer les mentalités concernant la danse en produisant des manifestations de qualité, ce n'est qu'ainsi que l'on peut sensibiliser et toucher un maximum de jeunes d'ailleurs.