Le Maroc commence à cueillir les premiers fruits des réformes engagées, mais beaucoup de chemin reste à faire. C'est le constat que confirme la dernière édition du Global Compétitiveness Report du World Economic Forum, établissant le classement des économies les plus compétitives au Monde. Dans cette version 2012-2013, l'économie nationale se retrouve 70ème sur les 144 pays retenus, grimpant ainsi de trois places, par rapport au précédent classement. Comparativement aux autres pays de la région MENA, le Maroc se différencie principalement par le faible impact des récents chamboulements politiques qu'a connus la région dans son économie, selon le rapport. Cependant, dans un cadre plus global, le royaume reste largement distancé par les pays du Golfe, tels que le Qatar, l'Arabie Saoudite ou encore les Emirats Arabes Unis. En revanche, dans la région Afrique du Nord, et en l'absence de la Tunisie dans ce classement (le WEF ayant jugé que les données recueillies ne permettent pas une comparaison avec les données de l'année dernière), le Maroc reste leader en matière de compétitivité, loin devant l'Algérie (110e) et l'Egypte (107e). La formation, talon d'Achille Au-delà du classement en lui-même, cette édition du rapport du World Economic Forum permet surtout de faire le point sur les avancées réalisées par le Maroc grâce aux différents chantiers menés par l'Exécutif au cours de la dernière année. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'économie marocaine est loin de s'être débarrassée des maux qui la rongent. Le rapport ne manque pas de souligner le retard qu'accuse le Maroc sur certains volets jugés cruciaux. Le premier n'est autre que l'enseignement supérieur et la formation, qui vient s'ajouter à la faible efficience du marché du travail pour maintenir le pays dans la première moitié du tableau. En effet, le Maroc aurait pu être jugé encore plus compétitif, si ce n'était ces deux indicateurs où il se classe respectivement 101e et 122e sur un total de 144 pays. Le WEF va encore plus loin en citant l'inadéquation entre l'éducation et les besoins du marché de l'emploi comme un défi majeur à relever pour améliorer son climat des affaires. Cependant à ce niveau, c'est principalement l'efficacité de l'administration publique qui est considérée comme le véritable talon d'Achille du climat des affaires au Maroc. Elle tire en effet une nouvelle fois le Maroc vers le bas et laisse planer des risques importants, au même titre que l'accès au financement et la corruption, sur une éventuelle amélioration des conditions d'affaires dans le royaume. Les lenteurs bureaucratiques sont en effet présentées par le WEF comme la plus grande problématique qui entrave l'amélioration du climat des affaires. À ce niveau, force est de souligner que ce sera là l'un des principaux volets à suivre dans le cadre du prochain Doing Business, attendu dans les semaines à venir et où le Maroc espère inscrire une évolution aussi significative que celle enregistrée dans la précédente édition, au vu des avancées que l'Exécutif estime avoir réalisé entre-temps. Lueur d'espoir En attendant, il faut dire que le tableau n'est pas complètement noir et le royaume parvient tout de même à se distinguer sur des volets tout aussi importants. C'est notamment le cas au niveau de la force des institutions et le degré de développement du marché financier qui sont des points contribuant au maintien du royaume en tête des économies de l'Afrique du Nord. La taille du marché et la stratégie de développement des infrastructures sont par ailleurs autant de domaines qui jouent en faveur de la compétitivité nationale. C'est dire qu'au final, les conclusions du rapport du WEF ressortent mitigées. D'un côté, le Maroc confirme l'élan dans lequel il s'est inscrit ces dernières années, enregistrant la deuxième amélioration de suite dans ce classement. D'un autre, il ne parvient toujours pas à dépasser certaines problématiques structurelles comme dans le cas de la formation. Ceci étant, au-delà des constats, il faut dire que la publication de ce rapport tombe à point nommé pour permettre à l'Exécutif de prendre du recul par rapport à l'appréciation des institutions internationales de son économie, à un moment où il fait justement du relèvement de la compétitivité de l'économie marocaine un de ses principaux chevaux de bataille. Rappelons à ce titre que la prochaine loi de finances devrait consacrer des mesures concrètes visant justement à relever la compétitivité du Maroc afin de lui permettre de sauver ses réserves de change. Dans ce contexte, le rapport du World Economic Forum pourrait jouer un rôle important vu qu'il est considéré, à l'instar du Doing Business de la Banque mondiale, comme une référence de taille pour les investisseurs étrangers. Notons que selon la répartition par le World Economic Forum des 144 pays selon leur degré de développement, le Maroc se retrouve dans le troisième chapeau, soit celui du milieu, avec 32 autres pays incluant l'Afrique du Sud et l'Île Maurice. Aucun pays africain ne fait mieux que ce trio. Globalement, le chapeau dans lequel se trouve le Maroc est qualifié comme étant celui des économies qui tendent vers l'efficience.