«Les termes des engagements quantitatifs relatifs à la publicité pendant le mois de ramadan ont globalement été respectés». C'est ce qui ressort du rapport de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) portant sur le relevé des programmes publicitaires au cours du mois sacré. Comme chacun le sait, ramadan est un pic de consommation «publicitaire» pour les annonceurs et un véritable exercice d'équilibrisme pour les chaînes de télévision qui doivent respecter les consignes de leurs cahiers des charges, tout en profitant de l'aubaine ramadanesque, sous peine d'être sanctionnés par les «sages». Pour cette année, a priori «R.A.S». En effet, à en juger par le bilan du régulateur, les chaînes ont «globalement» respecté les règles du jeu. Hormis quelques «légers dépassements» toutefois, note le rapport, (www.lesechos.ma) qui concernent surtout Al Oula et 2M. Légères entorses au règlement La première chaîne aurait ainsi effleuré la ligne rouge au niveau de l'intervalle prévu entre chaque pause publicitaire au cours d'un même programme. Selon le cahier des charges d'Al Oula, «une période d'au moins vingt minutes, qui peut être réduite à quinze minutes pendant le mois de ramadan, doit s'écouler entre deux interruptions successives au cours d'une même émission». À certains jours du mois sacré, la chaîne aurait cumulé deux tranches publicitaires à 14min 53s d'intervalle voire même 12min 31s. Cela a notamment été le cas le vendredi 21 août au cours de la série «Chabah al Madi» (Le fantôme du passé). Concernant la chaîne d'Aïn Sebaâ, 2M, c'est sur le temps global accordé à la publicité en une heure qu'elle aurait fait une «légère» entorse au règlement, explique la HACA. Il est normalement prévu que «pour une heure donnée, la durée totale des séquences publicitaires ne peut excéder 14 minutes». Toutefois, pendant le mois de ramadan, la HACA fait exception et permet que «ce plafond soit porté à 18 minutes». Si la chaîne a fait preuve d'assiduité tout le mois comme en témoignent les chiffres présentés par la HACA, le démarrage a dû subir quelques rééquilibrages. Jusqu'au dixième jour du ramandan, le temps global publicitaire entre 20h et 21h allait de 16min 48s (bon) à 19min 15s (pas bon). Medi1TV, quant à elle, a joué le véritable bon élève au cours de ce mois puisque le régulateur ne semble pas avoir relevé de «légère» ou moins légère enfreinte au règlement. Normalement, la chaîne dispose de quinze minutes de publicité par heure et de 18 minutes pendant le mois de ramadan et n'a pas dépassé les 12min 32s durant toute la période. On constatera par contre que la durée globale du temps publicitaire a baissé de manière considérable au cours du mois, passant ainsi de plus de 12min de publicité le premier jour à moins de 2min le dernier jour de ramadan entre 19h et 20h. Une tendance relativement généralisée sur les autres chaînes nationales (Al Oula et 2M), en particulier en deuxième partie de soirée (20h-21h). La chaîne la plus commerciale, à savoir 2M par exemple, est passée de plus de 19min de temps de publicité entre 20h-21h au début du mois à moins de 6min le dernier jour. Néanmoins, le plus surprenant à la lecture des conclusions de ce rapport reste le fait qu'il semble totalement contredire les propos du ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, lancés il y a quelques jours sous la coupole. En effet, alors qu'il présentait ce même bilan publicitaire aux parlementaires, le ministre faisait état d'un «surbooking» publicitaire sur les chaînes nationales au cours de cette période. Aujourd'hui, les observations de la HACA avancent le contraire. Qu'en est-il exactement ? En réalité, les propos d'El Khalfi ne sont pas – tout à fait – erronés, ni les observations des sages d'ailleurs. Ce sont les consignes qui «divergent». En effet, là où le ministre parle d'un dépassement des quotas publicitaires par heure, il fait référence à ce qu'il désigne dans les nouveaux cahiers des charges comme étant «l'heure glissante». Concrètement, cette notion encore toute nouvelle, impose de respecter un intervalle d'une heure entre chaque tranche publicitaire de 12 à 18 minutes, alors que normalement -ou plus précisément «actuellement» - le calcul des tranches publicitaires par heure se fait en fonction des «horaires de l'horloge». Résultat, aux heures de grande écoute, soit entre 19h30 et 20h00 pendant ramadan par exemple, la chaîne prévoit un premier passage avant 19h et un second quelques minutes après. D'où le sentiment, non sans raison, chez les téléspectateurs de «subir» un enchaînement interminable de réclames. C'est là donc toute la différence entre les anciens cahiers des charges – toujours opérationnels – et les nouveaux – en cours d'approbation par le régulateur – et qui ne devraient être mis en application qu'à partir d'octobre prochain. Dans sa déclaration, le ministre soulignait ainsi les limites de la méthode de mesure actuelle qui permet du coup aux chaînes de télévision d'enchaîner plusieurs tranches publicitaires à quelques minutes d'intervalles. L'occasion du coup pour le ministre de faire de la publicité à «ses» nouvelles consignes, pour certaines critiquées par certains observateurs.