Les «issues de secours» sont toutes béantes pour l'offre commerciale marocaine, face à la perte de vitesse de la destination zone euro. Le dernier rapport de l'Office des changes sur le Commerce extérieur, s'il renseigne sur l'état des lieux du commerce extérieur marocain avec ses produits et ses marchés traditionnels, donne toutefois aussi une esquisse d'une réorientation probable des exportations du pays vers des marchés de rupture. De fait, face à la perte de vitesse conjoncturelle et à l'essoufflement de certains couloirs commerciaux comme celui de l'Union européenne, en l'occurrence, de nouveaux débouchés émergent. Les croissances notées sur les transactions opérées sur ces marchés encore méconnus de nos exportateurs, sont parfois assez surprenantes. L'Océanie, et principalement l'Australie, est l'une de ces performances surprise. Entre 2010 et 2011, les échanges commerciaux entre le Maroc et cette partie du monde ont connu un rythme particulièrement soutenu, bien en décalage par rapport aux marchés traditionnels du royaume. D'après les actualisations rapportées par l'Office des changes, cette situation s'est exprimée par une variation annuelle de plus de 25% des échanges commerciaux. L'Australie est l'un des principaux acteurs de cette performance. Les exportations du royaume vers ce pays ont progressé de plus de 30% en valeur, s'établissant à un peu plus de 380 millions de dirhams. La Nouvelle-Zélande fait également partie de ces nouveaux marchés en montée de séduction pour les produits marocains. Les exportations vers ces pays ont progressé d'une valeur de 700 millions de DH en 2010 à près d'un milliard de dirhams en 2011, soit une évolution globale de l'ordre de 30%. L'Asie est l'autre grand marché sur lequel les exportations marocaines connaissent de grandes performances depuis la récession européenne. Les exportations opérées sur ces marchés ont progressé de deux à trois points, plus vite que sur ceux de la zone euro durant les deux dernières années. Cela consiste en effet en une variation de globale de 15%, avec une valeur commerciale qui est passée de 24,3 milliards de dirhams à près de 28 milliards. Les plus fortes réalisations sur ces marchés ont été notées en Malaisie et au Pakistan. Mines à performance Pour la première économie, les exportations marocaines ont performé à hauteur de plus de 90%, un niveau de pénétration exceptionnel dans la région. Quant au marché pakistanais, l'évolution des exportations marocaines vers celui-ci a également fortement varié entre 2010 et 2011, avec un taux de 60%. Les produits qui marchent ? Ceux du groupe OCP. L'acide phosphorique, les engrais naturels et chimiques, ainsi que les phosphates, figurent en effet en tête des exportations du royaume vers ce pays, par ordre d'importance. L'acide phosphorique, à lui seul, a généré un peu plus de 90% du total de la valeur exportée par le Maroc. Ces exportations se sont également bien comportées au Qatar, à Singapour - principalement pour les composants électroniques et produits résiduels du pétrole et matières apparentées - ainsi qu'en Thaïlande, avec des évolutions chiffrées respectivement à 35,6%, 13,2% et 13% sur chacun de ces marchés. L'Afrique subsaharienne, bien sûr, est aussi un de ces marchés porteurs en émergence pour le Maroc à l'export. En dépit du potentiel existant et de la proximité géographique, la progression des exportations du royaume vers les économies de cette région s'est faite à un rythme relativement correct : 5,6% à fin 2011, en comparaison avec l'année précédente. Le continent américain reste également une bonne alternative au marché de la zone euro, pourvu évidemment que le défi logistique soit relevé. Dans le nord du continent, les Etats-Unis demeurent le premier marché pour les exportations marocaines. En 2011, elles ont dépassé la barre des 7 milliards de dirhams, principalement générés par les phosphates et les engrais naturels et chimiques. Ces produits sont également les plus performants sur le marché brésilien, l'un des principaux partenaires commerciaux du royaume dans la partie latine du Nouveau monde. La valeur des exportations marocaines opérées sur ce marché est de plus de 9 milliards de dirhams. La nouvelle cartographie des exportations se dessine progressivement. Relative résilience à l'export En dépit d'une demande extérieure sur une tendance stagnante, voire en repli conjoncturel, les échanges commerciaux du Maroc avec le reste du monde semblent s'être bien portés au cours des deux dernières années. Le rapport de l'Office des changes sur la situation du commerce extérieur sur cette période indique en effet que, globalement, «les transactions sur marchandises réalisées avec l'extérieur ont enregistré en 2011 un accroissement pour la deuxième année consécutive». Ces échanges ont en effet progressé de près de 19%, «alors que le taux d'accroissement annuel moyen de ces transactions, de 2007 à 2011, n'a été que de 8,3%», complète-t-on dans le document de la structure publique. Il est à souligner que durant cette période, les transactions au titre de l'année 2009 ont accusé une baisse de 21,7% par rapport à 2008, conséquence du ralentissement de l'activité économique mondiale à partir de cette même année et dont les répercussions sont apparues en 2009. Enfin, autre indicateur positif, le taux d'ouverture, exprimé par le rapport entre la valeur de ces transactions et le produit intérieur brut (PIB), s'est situé à 66,3% en 2011 contre 58,6% en 2010. L'Europe demeure bien sûr le principal client du royaume. Sur les deux dernières années, les exportations marocaines à destination de ce continent, particulièrement vers la zone euro, ont progressé d'un peu plus de 11%.