L'activité économique reprend, mais le déficit commercial se creuse ! Le ministère des Finances a beau être positif dans l'analyse qu'il fait de la conjoncture nationale au terme du premier trimestre, les chiffres sont ce qu'ils sont. Le déficit commercial est en effet ressorti à 42,9 milliards de dirhams à fin mars dernier, après 34,4 milliards de dirhams à la même période de 2010, soit une aggravation de 24,7%. Cette situation est induite par le creusement du déficit dégagé par les échanges des produits alimentaires et des produits énergétiques, suite au renchérissement qu'ont connu les cours mondiaux des matières premières en début d'année. Les déficits des deux segments a ainsi atteint 4,5 milliards et 4 milliards de dirhams respectivement. Le tableau aurait pu noirci encore plus, n'eût-ce été le bon comportement des économies de nos principaux pays partenaires. Selon les données du département de Mezouar, il s'avère que durant les trois premiers mois de l'année, le Maroc a tout de même capitalisé sur l'évolution positive de la demande extérieure qui lui a été adressée, parfois même dans des secteurs qui ne sont pas dans leurs plus beaux jours. En exemple, le textile est sans conteste le parfait baromètre pour jauger cette reprise. Dans ce sens, les statistiques font ressortir que les exportations du secteur se sont favorablement comportées avec à la clé une hausse de 16,5% de la valeur des exportations des vêtements confectionnés, après un repli de 17,5% au premier trimestre 2010. Dans la même foulée, les exportations des articles de bonneterie ont augmenté de 10,8%, après un recul de 8,2% un an auparavant. De quoi redonner de l'espoir aux textiliens, qui ont été sans conteste les premières victimes du contexte de crise qui a prévalu en Europe depuis fin 2008. Cela dit, le textile n'a pas été le seul secteur ayant profité de la reprise de l'économie mondiale, puisque les exportations du secteur de l'automobile se sont également raffermies. L'évolution est estimée à +44,7% par le ministère des Finances, qui l'explique principalement par le renforcement de la valeur des exportations de l'activité du câblage de 49,8%. Le secteur électronique a de son côté enregistré une performance de + 22,1%, en relation avec l'augmentation des ventes à l'étranger des composants électroniques de 22,7%. Sur un autre registre, les exportations hors phosphates et dérivés ont également tiré profit de l'augmentation des ventes à l'étranger des déchets et débris de cuivre de 129,9%, de celles d'argent brut de 140,3% et de celles des crustacés, mollusques et coquillages de 23,3%, malgré le recul de leur volume exporté de 24,3%. En parallèle, les exportations de phosphates ont également fortement atténué l'ampleur de l'impact du renchérissement des importations sur le creusement du déficit commercial. «L'évolution des exportations trouve son origine à hauteur de 49,5% dans l'évolution des ventes à l'étranger des phosphates et dérivés» confirme le ministère des Finances. Le chiffre d'affaires à l'export du groupe OCP s'est élevé à 14,1 milliards de dirhams, en accroissement de 60,7% en relation avec l'augmentation des exportations des engrais de 135,9%, du phosphate roche, de 59% et de l'acide phosphorique de 10,9%. Côté production, les indicateurs disponibles à fin mars font état du maintien du rythme de croissance du phosphate roche, progressant de 15,1% en glissement annuel, tirée par ailleurs par la demande de ses dérivés. En effet, la production d'acide phosphorique et celle des engrais se sont renforcées de 19% et de 42,5% respectivement, par rapport au premier trimestre de l'année 2010. Heureusement, cette tendance devrait se poursuivre tout au long de l'année, si l'on en croit les perspectives présentées par le ministère de Mezouar. Selon lui, les cours des engrais, en particulier phosphatés, devraient poursuivre leur hausse en 2011 et 20112, tirés par le rebond de la demande mondiale. L'Association internationale de l'industrie des engrais (IFA) qui prévoit une hausse de la demande en engrais de près de 5% pour 2010-2011, table sur une croissance aux alentours de 5% sur la période 2010-2014. Cette évolution positive de la demande mondiale devrait avoir un impact positif sur les performances de l'OCP, premier exportateur mondial de phosphates, avec une part de marché de près de 30%. De même, la conclusion d'un ensemble de contrats d'achat, dont notamment celui signé avec la société chinoise Sinochem Corporation (500.000 tonnes de DAP par an à l'horizon 2014 soit plus de 25% des exportations globales de ce produit), offre une meilleure visibilité. En outre, sur le marché africain, le Groupe a signé récemment un contrat d'achat avec la société kenyane «MEA», visant à lui fournir 100.000 tonnes par an, soit 20% des besoins de ce pays. C'est dire que l'OCP, à elle seule, se présente aujourd'hui comme l'espoir marocain d'éviter une sérieuse aggravation du déficit commercial du royaume, dans un contexte où le flou entoure toujours le comportement futur des matières premières. En parallèle, l'espoir repose aujourd'hui sur la stratégie de développement des métiers mondiaux du Maroc pour remedier à la problématique structurelle que commence à représenter la faiblesse du taux de couverture des exportations.