Parce qu'il est déjà le premier constructeur automobile européen et qu'il aspire à le devenir à l'échelon mondial, le groupe Volkswagen cherche continuellement à améliorer ses volumes de production et de vente. Pour ce faire, le constructeur de la «voiture du peuple» (de tous les peuples en fait) étudie l'implantation de nouvelles usines à travers le monde. Un tissage industriel qui ne sera jamais suffisant tant qu'il y aura des marchés porteurs de croissance. Parmi eux, ceux d'Afrique sont actuellement l'objet d'études auprès des grands constructeurs. Certes, la plupart de ces derniers (BMW, Ford, General Motors, Daimler, Toyota, Fiat, Renault-Nissan... et VW) sont déjà présents en Afrique du Sud, ce qui en fait le premier producteur automobile (et pays le plus industrialisé) du continent noir. Pour le reste, quelques labels chinois ont déjà installé de petits sites d'assemblage, ici et là, tandis qu'au nord du continent, c'est surtout l'Egypte qui a su très tôt attirer de grands groupes (BMW, Daimler, GM, Nissan) dans son giron. La nouvelle donne «Maroc» Sauf qu'après la mise en service de l'usine herculéenne de Renault à Tanger, ses infrastructures logistiques et portuaires, les instituts de formation aux métiers de l'automobiles, sans compter les nombreux équipementiers internationaux ayant suivi le pas en s'installant dans le royaume, c'est une nouvelle donne Maroc qui est désormais prise en compte par les géants de l'automobile mondiale. Ainsi, Volkswagen qui, compte déjà un site en Afrique du Sud, étudie depuis plus d'un an maintenant l'implantation d'un second site en Afrique qui se situerait au Maghreb et précisément en Algérie, avec un coût global d'environ 100 millions d'euros. Mais, aux dernières nouvelles, ou plutôt rumeurs, le constructeur allemand aurait entamé récemment des pourparlers avec les autorités marocaines en vue de transférer son projet de future usine au Maroc. «Rumeurs», car le groupe VW a aussitôt apporté un démenti au lendemain de la publication de cette information, émise d'abord par un quotidien algérien, puis massivement reprise par la presse marocaine. Par ailleurs, il faut savoir que le Qatar, présent dans le capital du groupe allemand à hauteur de 7%, lui apporte un gros soutien à l'international. Outre le fait qu'un fonds qatarien, propriétaire de l'immeuble de 27.000 m2 qui héberge notamment le magasin Virgin sur l'avenue des Champs Elysée (Paris), veut y placer une vitrine Volkswagen similaire à l'Atelier Renault ou au Citroën C42... le ministre de l'Economie de ce micro-Etat du golfe Persique a déclaré récemment : «Nous sommes en train d'encourager Volkswagen à monter une usine de fabrication de voitures en Algérie». Dans le même ordre d'idées, on notera aussi et au passage que l'Algérie et le Qatar ont déjà signé un mémorandum d'entente pour la réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara. Une première collaboration qui fait office de préparation de terrain... Le benchmark Maroc-Algérie Une première approche comparative entre le royaume et son voisin de l'Est aurait tendance à se limiter au simple secteur automobile. À ce niveau bien précis : il n'y a pas photo ! L'Algérie est le deuxième plus gros marché de voitures neuves en Afrique, avec plus de 320.000 unités importées l'an dernier, dont près de 250.000 vendues, à fin 2011. Ce volume correspond à environ le double du marché automobile marocain. Certes, mais à elle seule, la taille d'un marché (automobile) n'est pas un critère suffisant ou du moins engageant pour décider de l'implantation locale d'une usine. Loin s'en faut même. Outre la dynamique commerciale, il faut aussi un environnement fiscal favorable à l'export, des infrastructures logistiques suffisantes, un réseau d'équipementiers bien tissé, ainsi qu'une stratégie industrielle pensée en amont par les gouvernants et facilitée en aval par l'administration. Des atouts qu'offre la destination Maroc, mais pas l'Algérie et c'est justement là que réside sa faiblesse auprès des investisseurs étrangers. La presse algérienne, elle-même, dénonce les carences de son pays à savoir, un environnement économique décourageant, une administration à la bureaucratie pesante et à la corruption galopante ou encore, un système bancaire en retard et loin des standards économiques internationaux. Ce n'est donc pas par hasard si l'industrie algérienne en général peine à attirer des IDE (investissements directs à l'étranger). D'ailleurs, même le projet de petite usine (75.000 unités/an) de Renault en Algérie peine à démarrer, faute d'accord sur le lieu du site : la firme au losange le préfère dans la périphérie d'Alger, alors que les autorités locales le veulent dans la wilaya de Jijel (à plus de 350 km à l'Est de la capitale). Le bras de fer est engagé.