«Les résultats dans les journaux d'information sont loin de la conformité aux exigences de la décision n° 46-06», contrairement aux magazines d'information. C'est ce qui se dégage du dernier «Relevé annuel du temps d'intervention des personnalités politiques, professionnelles et syndicales dans les journaux et magazines d'information - 2011» de la HACA. Le rapport, qui vient tout juste d'être rendu public par la Haute autorité de la communication audiovisuelle, fait état de deux tendances lourdes et contradictoires. Si les médias, aussi bien publics que privés, parviennent - plus ou moins - à respecter les règles du pluralisme dans les magazines, la mission semble plus compliquée au niveau des rendez-vous d'information. Cela s'explique notamment par la nature du contenu éditorial, les journaux étant généralement réalisés dans des délais plus courts et répondant à des exigences d'actualité. Résultat, sur les 20.293 journaux d'information observés par les Sages (soit 4.618 heures, dont 251 heures d'interventions de personnalités publiques), les médias audiovisuels publics (Al Oula, 2M, Médi 1 TV, Tamazight et TV Laâyoune) ont accordé plus de 79% du temps de parole au gouvernement et à la majorité parlementaire. On est bien loin du «double du temps consacré aux partis appartenant à l'opposition parlementaire au sein de la Chambre des représentants» exigé par le texte de loi. Au niveau de la radio nationale, ce temps de parole a carrément atteint 90%. Seule la Radio amazighe a «quasiment respecté» l'équité, souligne la HACA. La part du gouvernement et de la majorité parlementaire a été de 60,70% contre 32,36% pour l'opposition parlementaire et 6,94% pour les partis non représentés au Parlement. A contrario, les magazines d'information étant préparés plus longuement, ce format permet aux journalistes de contacter plusieurs interlocuteurs de positions différentes et donc aux médias de mieux respecter les quotas exigés en matière de diversité politique. Preuve en est, le rapport de la HACA révèle à ce niveau que «dans les médias audiovisuels publics, l'équité est quasiment atteinte entre les parts du gouvernement et de la majorité parlementaire, d'une part, et celle de l'opposition, de l'autre, sauf sur TV Laâyoune». Dans les deux cas, il apparaît par contre que «c'est TV Al Oula qui a consacré le temps de parole le plus élevé aux partis politiques». La chaîne historique leur consacre à elle seule 13 h 30 de ses JT et plus de 89 h de ses magazines. Le privé partagé Au niveau des médias privés, essentiellement audio, les chiffres de la HACA démontrent que le principe de l'équité a eu du mal a être respecté. Du côté des journaux par exemple, «l'équité n'a pas été intégralement respectée» sur Chada FM, soulignent les sages. Ainsi, les partis non représentés au Parlement non seulement n'ont pas bénéficié des 10% du temps de parole des quatre parts, mais étaient totalement absents des journaux d'information de cette radio durant l'année 2011, apprend-on à la lecture du document. En ce qui concerne les magazines, «la part du gouvernement et de la majorité parlementaire représente trois à quatre fois celle de l'opposition parlementaire», précise la HACA. C'est le cas de Med Radio, de Radio Luxe et de Radio Atlantic. Médina FM fait «mieux», dans la mesure où «la part du gouvernement et de la majorité parlementaire représente près de dix fois celle de l'opposition parlementaire». Que l'on soit privé ou public, il apparaît donc difficile de maintenir la balance politique en équilibre lorsqu'il s'agit d'information. La CGEM parle pour tous Qu'en est-il des organismes professionnels et des syndicats ? À en croire le rapport de la HACA, les centrales syndicales ont toutes pu «accéder à l'antenne des médias audiovisuels publics» en dehors des magazines d'information de Radio Chaîne Inter et de Luxe Radio. Du côté des organisations professionnelles, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) semble être le principal interlocuteur des médias audiovisuels. Au cours de l'année 2011, la Confédération «a bénéficié du temps de parole le plus élevé parmi les organisations professionnelles» (12 heures de journal et 29 heures de magazine). Néanmoins, la CGEM a été absente de deux médias audiovisuels, à savoir Radio MFM Atlas et Radio MFM Saïss, souligne le rapport. Où sont les femmes ? En ce qui concerne le temps de parole accordé aux personnalités publiques féminines, un volet également observé avec attention par la HACA, il semble qu'il y ait du pain sur la planche. «Dans les journaux d'information de 2011, il n'a pas dépassé les 10% sur l'ensemble des supports, exception faite de Radio Luxe», avance la Haute autorité. Pour ce qui est des magazines d'information, ce temps de parole n'a pas dépassé l 20% (19% sur Cap Radio, 14% sur Radio Casa FM, 12% sur Luxe Radio et moins de 11% sur les autres médias).