L'automobile coréenne est actuellement sous la loupe de l'Union européenne. À l'initiative de quelques Etats membres, dont la France, les ventes de voitures en provenance du Pays du matin calme au sein de l'Union font l'objet de toutes les analyses. Objectif : examiner les importations de voitures coréennes pour déterminer si elles portent ou non préjudice à leurs rivales du Vieux Continent, à un moment où ce dernier assiste au plongeon de la plupart de ses marchés automobiles. Peur tricolore du démantèlement En fait, c'est le gouvernement français par la voix de son ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a formulé à la Commission européenne une demande de mise sous surveillance de l'accord de libre-échange Europe-Corée sur l'automobile. La France s'inquiète de la montée en puissance des marques coréennes depuis le premier juillet 2011, date de l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange signé entre l'Union européenne et la Corée du Sud. En vertu de ce traité, les petites voitures «made in Korea» ont vu leurs droits de douane baisser de 10% à 8,3%, puis à 6,7% au premier juillet 2012 en attendant un démantèlement total (0%) en 2016, tandis que les véhicules de moyennes et grosses cylindrées resteront soumis à un taux de 4%. Hausse des exportations coréennes Or, sur les deux premiers mois de l'année en cours, les ventes de voitures coréennes en France ont augmenté de 50% par rapport à la même période en 2011 et même de 78% en Europe soit 303.557 véhicules. Or, ce volume est six fois supérieur au nombre de voitures européennes importées dans la péninsule coréenne. Ce déséquilibre s'explique principalement par le fait que les constructeurs coréens dominent leur marché domestique et que seule l'automobile haut de gamme (allemande notamment) s'exporte vers la Corée du Sud. Voilà pourquoi, l'accord de libre-échange avait d'emblée été pointé du doigt et jugé inégal. Outre la France et son trio de constructeurs, même les patrons de l'Allemand Volkswagen et l'Italien Fiat s'insurgent. Des produits attractifs et compétitifs De leur côté, les constructeurs coréens tempèrent. Hyundai qui a immatriculé 232.454 voitures neuves en Europe au cours du premier semestre précise que 12% seulement de ce volume provient de la Corée. Car, il faut savoir qu'aussi bien x que Kia (les deux labels visés dans ce dossier) disposent d'usines en Europe, qui produisent des voitures dessinées, pensées et développées pour répondre aux goûts des clients européens. C'est justement ces modèles-là (Kia Venga, Cee'd et Sportage/Hyundai ix20, i30, ix35) qui dopent les ventes de leurs constructeurs. Des produits compétitifs en termes de prix, mais aussi attractifs par leur look, leur intérieur et leur package d'entretien ou garantie (7 ans pour Kia, 5 ans Triple Care pour Hyundai). Ce sont là les vraies raisons du succès de la voiture coréenne en Europe. Il n'est d'ailleurs pas surprenant d'apprendre que même en Afrique et au Moyen-Orient, les exportations de véhicules coréens ont augmenté respectivement de 34,4 % et 8,1% en 2012.