Les réalisations semestrielles sont en baisse, certes, mais demeurent bénéficiaires. C'est ainsi qu'après la publication d'un «profit warning» la semaine dernière, le groupe Sonasid a tenu à clarifier sa situation au terme des six premiers mois de cette année. L'évolution de l'activité du sidérurgiste a été essentiellement affectée par deux principaux éléments. Le premier facteur, d'ordre plutôt conjoncturel, fait que le marché marocain est aujourd'hui la cible de certains opérateurs européens en tant que débouché privilégié. En 2012, les importations de fil machine et de rond à béton ont évolué de manière alarmante du fait de l'ouverture complète et surtout asymétrique du marché marocain, avec le démantèlement des droits de douanes. Depuis 2012, c'est un taux de 0% qui est imposé avec l'Union Européenne, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie. De plus, les droits de douanes avec la Turquie s'avèrent quasi-nuls sachant que ce dernier pays reste parmi les premiers exportateurs mondiaux d'acier. Cela dit, une concurrence ardue émane essentiellement du vieux continent. Sur fond de crise, la sidérurgie européenne se voit en surcapacité de production. Ce qui implique une forte montée des importations plus spécialement en provenance du sud de l'Europe. La capacité de production en rond-à-béton espagnol est 4 fois supérieure à celle du marché marocain. Quant au Portugal, le pays s'est récemment détourné de ses marchés traditionnels : Espagne, Angola, Cap Vert... pour s'orienter vers les pays d'Afrique du Nord. Ainsi, le Maroc est le 3e pays en volume d'exportations de fil machine pour ce pays. En chiffres, le niveau des importations à fin mai 2012, soit 91.000T, a presque déjà atteint le niveau enregistré sur l'ensemble de l'année 2011, soit 112.000T. Le fil machine et le rond à béton affichent donc des hausses insolantes respectivement de 192 et de 498% entre janvier et avril 2012, en comparaison à la même période de 2011 (contre +30% entre 2010 et 2011 pour le premier et de 131% pour le second). Dans ces conditions, l'impact sur la balance commerciale 2012 est estimé à près de 1,8 MMDH. La part de marché croissante des importations tend aujourd'hui vers les 20%, contre seulement 6,5% il y a une année. Conséquences : une perte de volume pour la sidérurgie nationale et surtout une pression à la baisse sur les prix entraînant un effondrement des marges. Parallèlement à la forte croissance des importations, le marché national connaît également une tension sur les liquidités et des difficultés de recouvrement. La situation financière fragile de certains acteurs conduit à une montée de l'informel, ce qui perturbe davantage les prix dans un marché en surcapacité qui n'a évolué que de 44% avec une part significative des importations. D'autre part, ce sont les résultats financiers de la filiale Longométal Armatures qui font également défaut au terme du premier semestre. Qualifié comme accident de parcours par le management de Sonasid, ce dernier a dû diligenter un audit de sa filiale, lequel s'est traduit par des changements managériaux, ainsi que la mise en place d'un plan de redressement de l'activité. Ainsi, outre la mise en place d'un nouveau management, l'usine de Berrechid connaît actuellement une réorganisation, afin de tripler sa capacité à investissement minime: efficacité opérationnelle essentiellement. C'est dans ce sens que la filiale se met à l'heure de la rationalisation de son implantation industrielle, notamment via le transfert de l'activité d'Aïn Sebaâ à Berrechid. Concernant l'activité marketing et commerciale, une certaine reprise s'est fait ressentir début 2012, avec l'identification de projets à hauteur de 200.000 tonnes. Le redressement de la société sera finalisé pour 2013, avec comme priorités au second semestre de cette année, la sécurité, l'exploitation et le recouvrement. À plus long terme, en s'appuyant sur l'expérience de ses principaux actionnaires, Longométal Armatures pourrait prendre la place de leader du marché. Une forte ambition que le management se fixe sachant que la société évolue dans un marché en pleine croissance. La pénétration du marché en Europe est 3 à 4 fois supérieure à celle du Maroc, ce qui implique une forte croissance future des armatures industrielles. On citera également les chantiers de travaux publics actifs et relais de croissance dans le bâtiment ou encore la concurrence raisonnable du fait de barrières élevées à l'entrée, liées au savoir faire. Cela dit, sur le marché du rond à béton, la part de marché du groupe Sonasid reste inchangée à 50%. Un maintien du leadership national dû essentiellement à l'approche commerciale du groupe qui s'appuie essentiellement sur les gros distributeurs de la place. La donne risque de changer puisque le management de Sonasid annonce d'emblée sa volonté de positionner et de développer une approche de réseau de petits et moyens distributeurs.