C'est le grand yo-yo des cours internationaux des matières premières agricoles et le secteur agroalimentaire local est au centre de ce ballotage. De relatives incertitudes sont en effet provoquées par les dernières actualisations de la FAO et les impacts attendus sur l'activité des principaux acteurs du secteur agroalimentaire. L'organisme international vient en effet d'annoncer le relèvement de l'indice mensuel FAO des prix des produits alimentaires de 6% en juillet. Dans le détail, le sucre est l'une des principales valeurs à instabilité. L'indice FAO des prix de cette matière alimentaire avoisinait 324 points en juillet, soit une majoration de 34 points (12%) par rapport à juin, mettant fin à la baisse ininterrompue constatée depuis mars. Cette reprise des cours tient aux pluies intempestives au Brésil, principal fournisseur du royaume et premier exportateur mondial de sucre, qui ont entravé la récolte de canne à sucre en juillet. Cosumar est le principal concerné sur le marché local. Le groupe a des perspectives exceptionnelles d'importation de sucre brut, pour combler le déficit de la production locale, dû aux aléas climatiques de la dernière campagne agricole. Ces perspectives seraient de l'ordre de 10 à 11% de variation pour 2012. Les retombées de ce corollaire entre hausse attendue des importations et celle des cours sur le marché international, ne semblent pourtant pas alarmer les responsables de la société. «Il ne devrait pas y avoir de répercussions immédiates. Nous disposons actuellement de stocks de sécurité constitués à des niveaux satisfaisants, ainsi que d'un système de planification de nos achats sur le moyen terme, qui nous permet d'anticiper ces flambées conjoncturelles», nous expliquait un responsable du groupe. Ce dernier a toutefois manqué de préciser l'effet de la subvention publique du sucre brut (à hauteur de 4.700 DH), un excellent parachute qui permet d'atténuer l'impact de la hausse des cours. Lait et huiles, à surveiller sur le feu Le lait est l'autre principale matière première à surveiller dans cette flambée. L'indice FAO des prix des produits laitiers s'est établi en moyenne à 173 points en juillet, après cinq mois de fléchissement. Pris dans le global depuis le début de l'année, les prix des produits laitiers ont tout de même affiché une baisse de 16%. En détail, l'indice de prix à l'international du lait entier en poudre, par exemple, a gagné 2,7% par rapport au mois de juin. Cette denrée est un intrant stratégique pour la production du groupe, pouvant aller jusqu'à 60% des dépenses de production de la société. La hausse des cours à l'international devrait donc a priori se ressentir sur ses charges d'exploitation. Il faut en effet savoir que tout juste sur le mois précédent, la société affichait une économie de charge d'environ 130 MDH à fin juin dernier, à la veille de cette dernière reprise de tension sur les cours du lait en poudre. La société fait donc face à une fluctuation d'un mois à l'autre, très peu saisissable. Sur le marché casablancais, cette situation devrait relativement peser sur les performances de la société, puisque les analystes tablent sur une croissance de 5,4 et de 5,3% des chiffres d'affaire 2012 et 2013 de la société (Voir Les Echos quotidien du 09/08/2012). La troisième grande inconnue de la problématique de la dernière fluctuation en date des prix agricoles, concerne le secteur des oléagineux. L'incertitude prévaut également sur les activités de Lesieur Cristal Maroc, filiale du groupe français Sofiproteol. L'indice FAO des prix des huiles/matières grasses s'est ainsi établi à 226 points en juillet, soit 5 points (ou 2%) de plus qu'en juin. Après deux mois de contraction, l'indice se maintient au-dessus de la moyenne historique, mais reste inférieur aux pics enregistrés en 2008 et 2011. Ce redressement est tiré principalement par l'huile de soja, traduisant les perspectives tendues de l'offre et de la demande de fèves de soja, dont les prix ont atteint des niveaux records. Il faut savoir que l'huile de soja peut contribuer jusqu'à 75% aux achats de la société. L'enseigne devrait relativement resentir cet enchérissement ponctuel, grâce notamment à des prévisions d'amélioration de ses ventes à une variation de près de 7%.