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Exclusif. Les Echos quotidien dans les coulisses du centre de coopération policière maroco-espagnol
Publié dans Les ECO le 02 - 08 - 2012

Chaque matin, le commissaire Al Amin Al Alam se dirige vers son lieu de travail, situé au terminal passagers du port d'Algésiras. À l'entrée du bureau, une plaque ornée des drapeaux marocain et espagnol et rédigée en castillan et en arabe annonce la couleur : bienvenue au centre de coopération policière (CCP) maroco-espagnol. Depuis le 28 mai, date d'inauguration du CCP, Al Amin Al Alam et Juan Antonio Lozano, le coordinateur du centre, traquent la délinquance frontalière sur les écrans de leurs ordinateurs. Né de la volonté des deux pays de rapprocher davantage leurs efforts en matière de lutte contre le crime organisé, le CCP est une expérience inédite en matière de collaboration sécuritaire entre les deux pays voisins. Dans cet espace sobrement aménagé, une brochette d'agents maroco-espagnols, triés sur le volet, s'active pour débusquer les délinquants de tout genre : crime organisé, traite des êtres humains, falsification de documents officiels... Ils passent au peigne fin toute information susceptible de mettre derrière les barreaux quelque malfrat notoire ou de déjouer un forfait. Formée d'une équipe de dix agents de chaque pays, la partie marocaine comprend des policiers de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et de la Gendarmerie royale. De sa part, le team espagnol regroupe le corps de la Police nationale et de la Guardia Civil. Dans ce lieu équipé principalement d'ordinateurs, le tandem est sur le pied de guerre de 9h à 21h, soit douze heures d'affilée. Armés de leurs bases de données respectives, ils échangent des informations qui valent leur pesant d'or, en temps réel. Depuis qu'il est opérationnel, le CCP est sollicité de toutes parts. Outre les départements de sécurité ibérique, il répond aux requêtes formulées par les services de police de différents pays européens. Sur place, une ambiance bon enfant règne, sous le regard bienveillant des deux souverains, marocain et espagnol, dont les portraits trônent sur le mur. Dans un souci d'équité, l'espace est partagé, à parts égales, entre les représentants des deux royaumes. Les responsables espagnols ne se font pas prier pour rendre agréable le séjour de leurs collègues marocains. «Nous veillons à ce qu'ils se sentent comme chez eux», assure l'inspecteur Juan Antonio Lozano. À dire vrai, les Marocains sont entre de bonnes mains car, il faut le reconnaître, l'Espagne a une longueur d'avance dans des expériences du genre. Le modèle hispano-marocain est calqué sur des pratiques qui ont fait leurs preuves sous d'autres latitudes européennes. Des formules similaires de coopération frontalière existent entre le voisin ibérique et ses deux principaux pays limitrophes, à savoir la France et le Portugal.
«La mission du CCP Algésiras se rapproche de celle menée par les centres que nous gérons de concert avec la France et le Portugal. Ces entités ont le mérite de pouvoir effectuer des échanges de données en un temps record, ce qui nous permet de gagner en efficacité dans notre mission», explique Juan Antonio Lozano. Avant la mise en œuvre de cette expérience, la procédure souffrait de la lenteur de la machine administrative et devait transiter par les services d'Interpol. De leur part, les Marocains sont conscients qu'ils sont les protagonistes d'une mission pionnière en matière de collaboration bilatérale. D'ailleurs, le Maroc a tenu à envoyer ses meilleurs éléments pour le représenter. Mais avant d'atterrir en Espagne, les heureux élus ont reçu une formation, après la phase de présélection. Le critère de la maîtrise de la langue espagnole était parmi les points déterminants à l'heure de la sélection. D'autres ont été choisis pour avoir fréquenté les bancs des écoles de police espagnoles, lors des formations qu'ils ont reçues dans des académies ibériques. C'est de la sorte d'ailleurs que le commissaire El Amin El Alam a rencontré pour la première fois, l'Inspecteur Juan Antonio Lozano, celui qui deviendra par la suite son coéquipier au CCP Algésiras. Encore faut-il souligner que les agents du Centre ne sont pas des hommes du terrain. Les policiers et gendarmes marocains ne portent pas d'arme, tout comme d'ailleurs leurs collègues espagnols basés à Tanger-Med, où est situé le deuxième CCP. Mais ils ne déméritent pas pour autant. À peine quelques mois après son inauguration, le CCP a déjà inscrit quelques exploits à son tableau de chasse. Grâce au labeur de ses agents, une cargaison de 5.000 kilos de cannabis a été interceptée au Maroc à bord d'un camion, pour ne citer que cet exemple. «C'est une expérience pilote dans le cadre de la coopération entre le Maroc et l'Espagne. Elle contribue à davantage de rapprochement entre les départements ministériels des deux pays et devrait nous mener, dans le futur, à approfondir notre coopération», juge El Amin El Alam, non sans un brin de fierté. Côté financement, les salaires des agents sont versés par leurs pays respectifs et quand aux dépenses liées aux entités, chaque partenaire subventionne le centre qu'il accueille sur son sol. Déterminés à faire de cette expérience un cas d'école, les coéquipiers maroco-espagnols ne se laissent pas influencer par les états d'âme qui caractérisent les relations diplomatiques. Ils encensent, en connaissance de cause, le degré de complicité entre les deux pays dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le crime organisé, tout comme ils ne se lassent pas de répéter que le dossier de la sécurité est le seul qui reflète réellement l'exemplarité des liens bilatéraux, tant louée par les hauts responsables. Pourvu que les hommes politiques des deux pays en prennent de la graine.
Manuel Rodriguez,
Responsable du département de coordination internationale au sein de la police nationale espagnole.
«La coopération bilatérale est au meilleur de sa forme»
Les Echos quotidien : Dans quel contexte le projet mixte a-t-il vu le jour ?
Manuel Rodriguez : En 2008, lors d'une conversation entre les ministres de l'Intérieur d'alors, les deux pays avaient évoqué pour la première fois le projet de créer des centres de coopération policière, à l'image des expériences menées entre l'Espagne et la France ou l'Espagne et le Portugal. L'idée a commencé à prendre forme avec la signature de l'accord en novembre 2010. Au début, le projet portait le nom de commissariats mixtes, car il était question que seuls des membres de la DGSN et de la Policia Nacional gèrent ce centre. Après réflexion, les deux partenaires ont décidé d'associer à ce projet des éléments de la Gendarmerie royale et de la Guardia Civil. Avec ce changement, les entités portent désormais le nom de Centre de coopération policière (CCP) Maroc-Espagne. Il a été décidé que l'on procède à la mise en place de deux centres, l'un à Algesiras, l'autre à Tanger-Med, parce que, contrairement aux précédentes expériences menées en collaboration avec la France et le Portugal, le Maroc et l'Espagne ne partagent pas des frontières terrestres. C'est de la sorte que les deux pays se sont mis d'accord sur la mise en œuvre de deux entités, chacune dans un pays. Seulement et à cause de quelques frictions diplomatiques couplées à la crise économique que traverse l'Espagne, la concrétisation du projet a pris du retard. L'arrivée de l'actuel ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a permis de donner forme au projet et lors de sa première visite au Maroc, une date a été fixée entre les deux homologues pour l'inauguration de ces centres, ce qui est chose faite depuis le 28 mai dernier.
Quel premier bilan faites-vous de cette expérience ?
Il est encore trop tôt pour dresser un bilan. Il est plus judicieux d'attendre encore quelques mois pour avoir une idée claire sur le fonctionnement, vu que les premiers mois ont servi à mettre en place les protocoles et les procédures de travail. Par la suite, nous procéderons à une évaluation de fond et de forme des tâches accomplies. Cependant, j'estime que c'est un projet de grande importance et bénéfique pour les deux pays. Il participe au rapprochement entre les ministères des deux pays et de plus contribue, d'une manière déterminante, à la lutte contre le crime organisé. Sans nul doute, le CCP est une plateforme de dialogue de grande importance et à ce propos, il faut souligner que les services rendus par ce centre bénéficient non seulement à l'Espagne et au Maroc mais bel et bien à d'autres pays européens qui font appel aux services du CCP pour toute assistance relevant de son ressort.
Quel sera le prochain pas dans le dossier de la sécurité des frontières entre le Maroc et l'Espagne ?
Notre principal objectif est de consolider et d'asseoir les bases de ce projet. Dans un futur proche, nous aspirons à l'ouverture de nouvelles entités et à approfondir cette coopération à travers la mise en place de patrouilles mixtes, à l'instar du modèle que nous avons adopté avec nos voisins français et portugais. Cette brigade de surveillance mixte existe déjà au large des côtes d'Almeria, où des agents de la Guardia Civil et de la Gendarmerie royale effectuent des rondes mixtes. Notre prochain pari est de mettre en place des patrouilles mixtes efficaces capables de ratisser des zones frontalières prédéterminées pour barrer la route au crime organisé.
Quels sont les zones d'ombre qui planent toujours sur le dossier des frontières ?
Nous devons améliorer davantage les infrastructures au niveau des frontières, et perfectionner les conditions d'accès, spécialement des deux points de passage frontaliers à Sebta et à Mélilia. Il faut s'asseoir autour d'une table et évoquer tous les points et l'expérience a démontré que quand le dialogue est fluide, on peut concrétiser des actions de grande envergure. Et les CCP vont favoriser davantage ce rapprochement de points de vue entre le Maroc et l'Espagne. À ce stade, je peux vous assurer que la coopération en matière de sécurité entre le Maroc et l'Espagne était et est, au meilleur de sa forme, malgré les quelques nuages qui ont assombri, jadis, le ciel des relations bilatérales. La coopération sécuritaire n'a jamais souffert des aléas des relations diplomatiques et même quand la crise a atteint son paroxysme, les liens ne se sont jamais défaits.


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