En dépit de l'ouverture de plusieurs établissements touristiques dans la zone Founty à Agadir, un certain nombre d'autres sont toujours à la traîne. C'est le cas de l'hôtel Kempinski Royal Palace, appartenant au groupe saoudien Nesco et dont la gestion devait être assurée par le groupe allemand Kempinski. Le chantier qui s'étale sur une superficie de 5 hectares et qui devait normalement renforcer la capacité de la destination d'Agadir d'environ 520 lits, et créer 500 emplois directs est en stand by depuis des années. En cause, une affaire juridique entre l'architecte installé à Casablanca, la Société générale des travaux du Maroc (SGTM) et le promoteur du projet, le groupe Saoudien Nesco. Actuellement, le litige est toujours entre les mains de la justice. En vertu des articles 20 du code de commerce et 148 du code civil, le tribunal de commerce d'Agadir a prononcé en octobre 2011 une procédure de saisie conservatoire sur les biens mobiliers de la structure d'hébergement touristique. Le procès intervient à la demande de la société chargée d'effectuer les lots des gros œuvres. Elle a réclamé selon des sources proches du dossier plus de 50 millions de DH sous forme de créances. Ce montant correspond aux prestations non réglées dans le cadre de la construction de l'établissement touristique. Les travaux des gros œuvres et la maçonnerie ont été déjà réalisés à hauteur de 90 % et le chantier en était aux travaux de finition. Quant aux aménagements extérieurs, ils n'ont pas été lancés. Le tribunal du commerce a désigné trois experts pour la description détaillée du projet, notamment l'état d'avancement du chantier, sa superficie, sa situation actuelle, les infrastructures installées et sa localisation, située à la baie des palmiers (numéros des parcelles B4 et B5 à la zone founty) portant le titre foncier 09/90665. À l'issue du recueil de ces informations, les experts désignés ont déterminé le prix de la vente, en vue de faire payer le créancier sur les biens du débiteur. Toutefois, la procédure de la vente n'a pas abouti, en attendant une issue favorable à ce litige qui date de plus de 3 ans. À l'encontre de l'hôtel Kempinski, d'autres projets n'arrivent pas à sortir de terre à Founty. En effet, plusieurs lots n'ont pas été valorisés et la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT), partenaire des promoteurs de la zone, incite les attributaires à la valorisation. Diverses relances ont été effectuées dans ce sens. Le 1er semestre 2011 a été marqué par l'ouverture de plusieurs projets, dont l'hôtel Riad Villa Blanche et de la résidence touristique BO Hôtel. L'effort d'incitation à la valorisation entrepris par la société en direction des bénéficiaires des lots non construits en zone hôtelière continue depuis des années, appuyé par une série d'actions juridiques, par le biais de l'avocat conseil, vis-à-vis des cas reconnus en situation de manquement à leurs obligations contractuelles. Cet effort a eu des effets notables sur la relance de quelques dossiers bloqués. À cet égard, après l'envoi de plusieurs notifications de mise en demeure avec un délai d'un mois en faveur des attributaires, la SMIT a obtenu six jugements en référé en sa faveur et deux jugements de fond en termes de cas litigieux. Aujourd'hui, certains projets sont bloqués pour des litiges avec l'entreprise chargée des travaux de construction ou à cause des problèmes financiers. Face à ce genre de contrainte, le cahier des charges de la Sonaba (actuelle SMIT) prévoit la reprise des terrains non construits, mais pas de ceux qui ont débuté leurs travaux. Actuellement, la ville fait jouer ses prérogatives et taxe les promoteurs privés ou publics qui ne réalisent pas leurs projets. Rachida Kalil, Directrice administrative de Nesco Maroc. «Nous avons obtenu un jugement en notre faveur mais nos malheurs ne sont pas finis» Les Echos quotidien : Le projet «Kempinski royal palace» est en stand-by depuis des années, quelles sont les facteurs de blocage du chantier ? Rachida Kalil : Permettez-moi tout d'abord de vous rappeler le chemin que nous avons dû parcourir pour faire aboutir un tel projet. Nous avions dû étudier une centaine d'offres de collaboration pour en choisir quelques-unes, celles qui répondaient aux conditions nécessaires. Ensuite, il fallait passer des mois à négocier pour convaincre les futurs partenaires de signer les contrats. Une longue phase de conception du projet a été entamée par la suite et pour laquelle nous avons organisé des dizaines de réunions afin d'arriver à un accord sur l'architecture finale de l'ouvrage. Sur cette base nous devions alors convaincre la prestigieuse chaîne allemande Kempinski pour la signature du contrat de gestion. C'est un contrat spécial qui comporte un accompagnement du début jusqu'à l'ouverture de l'hôtel, ce qui permet au gestionnaire de veiller à la qualité du produit fini. Le contrat précise également les délais et la date d'ouverture qui était prévue pour septembre 2010. Depuis le début du projet, le financement a entièrement été assuré par les fonds propres des propriétaires, ce qui a permis la création de la société, Nesco Maroc, la signature des contrats, l'élaboration des plans architecturaux, le recrutement du personnel, et l'exécution des constructions à près de 90%. Nesco a alors décidé d'avoir recours à un crédit bancaire qui est incontournable pour l'exécution d'un ouvrage aussi important. Deux années de discussions, de réunions, de constitution de dossiers, avec différentes banques marocaines, ont permis finalement d'obtenir l'accord favorable d'une banque qui s'est engagée à participer au projet avec un apport de 50% de sa valeur globale. Actuellement, l'affaire est renvoyée devant le tribunal, quel panorama dressez-vous de la situation et quel est l'état d'avancement actuel du litige ? Nous avons été surpris de découvrir que le terrain avait été frappé de saisie conservatoire à la suite d'une plainte d'un architecte. Cet architecte avait été consulté par Nesco Maroc au début du projet. Une avance lui a été octroyée par transfert bancaire et correspond au travail qu'il avait fourni à Nesco Maroc. Les prestations de cet architecte ont été jugées insuffisantes et Nesco Maroc a décidé de se passer de cet architecte et de faire appel à un professionnel expérimenté dans la construction des hôtels. L'architecte «mécontent» de notre attitude a porté plainte contre Nesco Maroc, en demandant une saisie sur le terrain et en réclamant un montant de 22 MDH. Quel est l'état d'avancement actuel du litige ? Après deux années de procédures judiciaires, le tribunal a jugé en faveur de Nesco une main levée de cette saisie conservatoire contre une garantie bancaire que Nesco a déposée au tribunal d'Agadir et qui correspond au jugement provisoire de l'architecte. Nos malheurs ne sont pas finis puisque la grande surprise qui nous attendait provient du conservateur principal de Rabat et d'Agadir qui ont décidé de ne pas octroyer la main levée sur cette saisie.