Suite à la nouvelle stratégie adoptée par l'alliance dont il est membre, le constructeur Nissan va redimensionner sa capacité de production en Europe. À l'aune de cette restructuration, le groupe nippon annonce la fermeture de son usine espagnole de Barcelone. Explications… Face à la crise de l'industrie automobile entrainée par le coronavirus, l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a adopté un nouveau business-model visant à améliorer sa compétitivité et sa rentabilité plutôt qu'une course aux volumes de production et de ventes. Les trois partenaires vont s'appuyer sur un schéma dit «leader-follower», selon lequel «chaque membre deviendra référent dans les régions où il possède les meilleurs atouts stratégiques et y agira comme facilitateur et soutien de la compétitivité des autres», lit-on sur un communiqué de l'Alliance. En vertu de ce principe, Renault deviendra le référent (ou leader) en Europe, en Russie, en Amérique du Sud et en Afrique du Nord, tandis que Mitsubishi Motors le sera pour l'Océanie et la zone de l'ASEAN (marchés d'Asie du Sud-Est). Quant à Nissan, il sera référent en Chine, en Amérique du Nord et au Japon. Dès lors, Nissan prépare un vaste plan de restructuration à travers lequel, son activité industrielle sera recentrée sur ses marchés de prédilection. Même si l'Europe reste une zone importante pour la marque japonaise, celle-ci a l'intention de fermer l'usine de Barcelone, filiale officiellement appelée Nissan Motor Iberica SA (NMISA). Il s'agit en fait d'un vaste complexe industriel (517.000 m2), créé en 1954 et dans lequel Nissan avait pris une première participation en 1979 (36%), puis une seconde en 1981 (55%) avant de prendre tout le contrôle en 1987. Outre le fourgon électrique eNV-200, l'usine de Barcelone produit surtout le pick-up Navara et ses deux clones techniques à savoir, les Renault Alaskan et Mercedes Classe X. Malgré une capacité de production de 155.000 véhicules, l'usine n'a jamais atteint ce seuil, son volume record ayant été réalisé en 2008 avec 132.149 unités produites. Pire encore, la production espagnole de Nissan n'a guère dépassé la barre des 55.000 véhicules durant l'exercice 2019 ! Avec des coûts fixes énormes, l'usine a contribué à plomber la rentabilité de Nissan qui a formulé son intention de la fermer. Dès cette annonce, le gouvernement espagnol est monté au créneau. Par la voix de son secrétaire général, Raül Blanco, le ministère de l'Industrie ibérique a prévenu Nissan que «cette fermeture lui couterait 1 milliard d'euros» et uniquement en ce qui concerne le plan social, l'usine employant plus de 3.000 personnes. Pour mettre fin à sa présence en Espagne, Nissan devra aussi restituer des aides publiques touchées par le passé et remettre dans un état environnemental sain les surfaces sur lesquelles l'usine a été bâtie. Le tout, sans compter «les coûts de réputation et d'image».