La réduction de leur marge de manoeuvre financière se confirme. Les patrons marocains ont perdu le soutien des banques et recourent de plus en plus aux fonds propres pour financer leur activité. Un constat qui en confirme un autre, celui du déficit de liquidité dans l'économie marocaine. C'est en tout cas une des conclusions de la dernière enquête de conjoncture opérée par Bank Al-Maghrib auprès du secteur privé, portant sur l'évolution de leurs activités ainsi que sur le climat global des affaires, au terme du deuxième trimestre 2012. «L'accès au financement bancaire a été jugé globalement difficile au cours du deuxième trimestre 2012, avec un solde d'opinion de 24%», constatent les experts de la Banque centrale. Ces derniers précisent que ces difficultés d'accès au financement bancaire ont été particulièrement importantes pour les industries chimiques et parachimiques. Les entreprises enquêtées indiquent parallèlement qu'au cours de la même période, «le coût des crédits a connu une augmentation dans l'ensemble des branches». Là aussi, ce sont essentiellement les industries chimiques et parachimiques qui en pâtissent le plus. Cette configuration financière peu favorable à la croissance de l'activité globale, a produit comme premier effet direct, le fait que l'autofinancement continue d'être le moyen le plus utilisé par le privé marocain dans la structure de financement de ses investissements. «L'autofinancement vient effectivement en première place avec 72% du montant investi», révèle l'enquête de la BAM. Le crédit bancaire vient en seconde position avec seulement 19% du montant, suivi du crédit-bail avec 6%. Quant à l'augmentation de capital, elle vient en dernière place des moyens de financement des efforts d'investissement du privé, avec un taux de 2%. ...Mais on investit plus La contradiction traduite à travers l'enquête de la BAM voudrait toutefois que le niveau d'investissement soit bien en hausse chez les patrons marocains. L'enquête de la Banque centrale note en effet que «les dépenses d'investissement réalisées au cours du deuxième trimestre 2012 ont marqué une hausse de 10% par rapport au trimestre précédent dans l'ensemble des branches». Seules les industries mécaniques et métallurgiques n'ont pas connu le même enthousiasme par rapport à leurs perspectives d'investissements. «À très court terme, les industriels anticipent globalement la poursuite de cette évolution avec un solde de 21%», projettent les opérateurs à travers les résultats de la BAM. Un optimisme, qui, il est certain, rompt parfaitement d'avec l'attitude frileuse des apports bancaires comme source de financement de l'activité. Juste ce qu'il faut Les trésoreries des entreprises demeurent tout de même globalement stables. «La situation au cours du deuxième trimestre 2012 était normale pour 61% des entreprises, inférieure à la normale pour 38% et supérieure à la normale pour 2%, soit un solde d'opinion négatif de 36%», montre le résultat de l'enquête conjoncturelle. Cette situation a surtout concerné l'ensemble des secteurs d'activité, principalement les industries mécaniques et métallurgiques. «La situation de trésorerie a été affectée essentiellement par les difficultés de recouvrement et par les charges non financières», justifie-t-on auprès de l'institution bancaire centrale. Au niveau sectoriel, les difficultés de recouvrement ont pesé sur la trésorerie des industries chimiques et parachimiques et les industries mécaniques et métallurgiques, tandis que les charges non financières ont constitué le principal facteur qui a affecté la trésorerie dans les autres branches.