Le ministère de la Santé, qui a élaboré une stratégie de dépistage des cas de Covid-19 pour détecter les cas asymptomatiques, vient de demander à ses délégations régionales d'élaborer des plans régionaux pour la mise en œuvre de ladite stratégie. «Les mesures prises par le Maroc pour faire face à la pandémie du coronavirus, dont le confinement et la distanciation sociale, ont permis de la contrôler et d'en réduire la létalité. Toutefois, une partie de la population est toujours active, ce qui engendre un risque de propagation de l'infection et l'apparition de clusters de tailles variables, voire même de propagation communautaire de l'épidémie», souligne Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, dans un courrier adressé aux directeurs régionaux de son département. Dans ce courrier, le ministre demande à ces directeurs des plans régionaux pour la mise en œuvre de la stratégie de dépistage du Covid-19 qui a été élaborée afin de détecter les cas asymptomatiques. Ces plans doivent être mis en place dans les plus brefs délais. «Bien entendu, l'objectif de cette stratégie est de permettre un diagnostic rapide et précoce d'un maximum de personnes infectées par le virus via un dépistage des formes asymptomatiques et un autre, précoce, des formes pauci-symptomatiques. Il s'agit de rendre plus sensible la définition du cas et de prendre en considération les données tomodensitométriques dans le diagnostic des cas de Covid-19», précise Aït Taleb dans son courrier. Cela dit, la stratégie de dépistage doit être ciblée et adaptée au contexte de chacune des régions. Selon la lettre d'Aït Taleb, cette opération doit durer de mai à juillet (période présumée de fin de l'épidémie). La technique utilisée est celle du diagnostic moléculaire. Il est également possible de recourir aux tests de diagnostic après obtention de l'aval du sous-comité des laboratoires. Selon le ministère de la Santé, l'objectif est de réaliser 125.000 tests de diagnostic précoce et 1.790.000 tests de dépistage. Le total étant de 1.915.000 tests. Renforcement des contrôles Par ailleurs, le ministère de la Santé rappelle qu'en dépit de l'absence de preuves tangibles sur le persistance de l'immunité après l'infection, des études encouragent la détection précoce parallèlement au confinement. L'objectif étant de réduire la période de transmission du virus. Ceci doit se faire par l'identification rapide des formes pauci-symptomatiques (diagnostic précoce) et des porteurs asymptomatiques (dépistage). Cela permet d'éviter l'apparition de clusters, l'allongement de la période de l'épidémie et l'augmentation du risque de propagation communautaire. Toutefois, il faut rappeler «que durant une phase de transmission communautaire d'une épidémie de pathologie connue, la confirmation systématique des cas, le dépistage chez les personnes asymptomatiques et le suivi des contacts ne sont pas indiqués. Au contraire, une définition clinique, de sensibilité et de spécificité plus équilibrées doit être préconisée. Le renforcement des mesures de riposte et l'investigation rapide des clusters représentent les actions phares», précise le ministère de la Santé. Ce dernier rappelle que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les centres de contrôle et de prévention des maladies (Etats-Unis) ne recommandent pas de dépistage chez les asymptomatiques. Pour les tests du coronavirus, les centres de contrôle et de prévention des maladies donnent la priorité à 4 catégories. Il s'agit des malades hospitalisés avec des symptômes, des professionnels de la santé et des personnes travaillant dans des collectivités fermées. Les prisons sont également concernées, de même que les résidents des établissements de soin de longue durée et, enfin, les contacts. Après ces catégories, il y a les personnes avec des symptômes d'infection potentielle et celles n'ayant pas de symptômes et qui sont prioritaires par les services de santé. Pour rappel, la situation épidémiologique au Maroc se caractérise par une grande disparité inter et intra-régionale. Mais selon le ministère de la Santé, elle se caractérise globalement par une évolution temporelle en vagues successives dont la plus importante a été enregistrée entre le 16 et le 17 avril dernier. Le ministère a également enregistré un ralentissement de la vitesse de propagation de l'infection, une prédominance des formes bénignes avec une baisse importante de la létalité et un rajeunissement considérable des cas confirmés.