Le Maroc part à l'assaut des investisseurs italiens. La crise à laquelle est confronté la péninsule ne semble en effet pas décourager les officiels marocains, représentés par Abdelkader Aâmara et des délégués de l'Agence marocaine pour le développement des investissements (AMDI), lors d'une conférence sur l'économie marocaine et les opportunités d'investissement au Maroc qui s'est tenue mardi à Rome, en collaboration avec l'organisation patronale italienne «Confindustria» (Confédération générale de l'industrie italienne). Si, durant le mandat de l'ancien gouvernement, plusieurs rencontres du genre s'étaient tenues en vue de renforcer les échanges commerciaux entre les deux parties, la nouveauté cette fois-ci concerne surtout le volet de l'investissement. En effet, la délégation marocaine cherchait avant tout lors de cette manifestation à conquérir les entrepreneurs italiens, afin de les inciter à investir dans le royaume. C'est du moins le volet sur lequel a insisté Paolo Zegna, président du comité international de l'organisation patronale italienne. Selon ce dernier, l'objectif de la rencontre était de renforcer les relations économiques et commerciales entre l'Italie et le Maroc et d'augmenter le nombre de petites et moyennes entreprises italiennes dans le royaume, à partir de 2013. Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle. Dans un pays comme l'Italie, où la crise économique européenne fait des ravages, quoi de plus logique pour les investisseurs que de chercher de nouvelles niches, quitte même à ce que cela se fasse à l'extérieur du pays? C'est sur ce point que comptent se focaliser Aâmara et ses équipes dans leur mission de séduction. D'ailleurs, lors de la rencontre de mardi, le Maroc n'a eu de cesse de rappeler les opportunités d'investissements qu'il recèle, notamment en marge des différentes stratégies sectorielles lancées et qui devraient connaître un coup d'accélérateur sous le mandat du gouvernement actuel. Notons qu'à ce jour, ce sont quelques 300 entreprises italiennes qui opèrent directement au Maroc, tandis que l'Italie est le troisième pays partenaire commercial avec des échanges d'une valeur de 2 milliards d'euros en 2011, selon Zegna. Au-delà des échanges commerciaux, il faut dire qu'en matière d'investissement, l'Italie, pourtant pays proche historiquement vu le nombre de MRE qu'il accueille depuis plusieurs décennies, n'est que huitième dans le royaume. Cette situation devrait donc changer, si l'on en croit les efforts déployés pour promouvoir le Maroc auprès des Italiens. Pour ce faire, le Maroc vient même de se doter d'un bureau de représentation à Rome de l'AMDI. «Ce bureau devrait permettre au royaume de mettre en place une relation directe avec les entrepreneurs italiens qui souhaitent investir au Maroc», explique Adil Chikhi, directeur du département de développement de l'Agence. Au-delà des aspects liés au développement économique et aux stratégies sectorielles, force est de constater que c'est surtout au niveau du climat des affaires que le Maroc aura à convaincre. En effet, les représentants du Maroc à cette conférence auront eu beau vendre les atouts du Maroc, l'intervention de Giuseppe De Beni d'Italcementi, maison mère de Ciments du Maroc, aura été forte en sens. Ce dernier n'a en effet pas hésité à demander aux représentants marocains le soutien «pour garantir des réponses rapides» aux futurs investisseurs, mais également aux entreprises qui opèrent déjà dans le pays. Ce signal fort interpelle donc aujourd'hui plus que jamais les pouvoirs publics afin d'accélérer la réforme du climat des affaires, laquelle assurerait certainement moins de lenteur dans les procédures pour les investisseurs. La diplomatie s'en mêle «La Méditerranée est et restera au centre de l'intérêt du gouvernement italien». C'est là une déclaration du ministre des Affaires étrangères italien, Marco del Panta, au lendemain de la conférence de Abdelkader Aâmara en Italie et qui en dit long sur ce que représentent le Maroc, l'Algérie et les autres pays de l'Afrique du nord pour le pays. D'ailleurs, le ministre italien a même appelé à inclure le Maroc dans le programme ENPI CBC MED de l'Union européenne, visant à renforcer la coopération entre les régions de l'Union européenne et celles des pays partenaires situés le long des côtes méditerranéennes.