Concevoir, mettre en place et organiser de véritables filières économiques autour de la valorisation et du recyclage des déchets industriels, c'est le projet d'envergure qui devrait bientôt prendre forme, auprès du département de l'Environnement. Cependant, la tutelle ne sera pas la seule à y mettre la main. En fait, la stratégie en gestation devrait se concrétiser à travers le partenariat public-privé (PPP). L'Etat s'est finalement rendu compte qu'il ne pouvait pas lutter en solo pour juguler la problématique de la prise en charge des déchets industriels. Le privé, qui est d'ailleurs le principal producteur de ce type de rejets (1,6 million de tonnes par an de déchets industriels, dont plus de 256.000 tonnes sont dangereux), devra davantage s'engager dans cette prise en charge. Sur le volet opérationnel, toute cette vision fera ainsi l'objet d'une étude de faisabilité qui sera bientôt lancée par la tutelle, et dont l'un des premiers objectifs sera de contribuer à la mise en application de la loi N°28-00, relative à la gestion des déchets et à leur élimination. «Ces quantités de déchets qui augmentent au fur et à mesure que le pays s'industrialise, nécessitent des mesures appropriées pour appliquer les principes énoncés par cette loi», justifie-t-on auprès des autorités administratives. Ces principes, touchent effectivement à trois grands axes d'intervention, allant de la réduction du volume des rejets industriels, à leur traitement, en passant par l'option de la valorisation. Cette dernière, en l'occurrence, doit ni plus ni moins, redonner un nouveau cycle d'activité aux déchets, soit à travers des procédés de recyclage, soit en les commercialisant à d'autres industries, comme source d'énergie ou même parfois comme intrants de production. Business «propre» Pour ce faire, il s'agira de développer des mécanismes de partenariat dans le domaine de la valorisation de ce type de déchets, appropriés au contexte national. L'investissement y aura donc un rôle prépondérant à y jouer, aussi bien dans le financement de plateformes industrielles dédiées, que pour la recherche et l'éco-innovation. À terme, c'est donc toute une palette de nouveaux types d'emplois et de nouvelles activités créatrices de revenus, qui devrait en ressortir. Sur un volet beaucoup plus technique, le but de cette étude sera également de préparer le processus d'agrément des différents opérateurs intervenant dans les filières de valorisation et de recyclage des déchets industriels (société de collecte, de transport, laboratoire...). Il s'agira également de faciliter l'accès à l'information sur ce futur marché de valorisation et de recyclage des déchets industriels, à travers un répertoire et une base de données en la matière, selon les spécificités de chaque région du Maroc. Il faut savoir, sur ce dernier registre, que plus de la moitié de ces déchets est produite sur l'axe Casablanca-Mohammedia. Présentement, une grosse partie de ces rejets est stockée sur les sites industriels ou dans des décharges sauvages, avec tous les risques environnementaux et sanitaires que cela suppose. Des risques qui pourraient pourtant constituer de réels viviers de business.