Une équipe internationale de paléontologues a découvert, récemment dans le sud-est du Maroc, les restes du premier dinosaure aquatique connu au monde, le « Spinosaurus aegyptiacus », qui aurait vécu durant la période du Crétacé, il y a quelque 100 millions d'années. Les nouveaux fossiles du Spinosaure marocain, découverts dans le site de Zrigat à une trentaine de kilomètres de la ville d'Erfoud, « fournissent les preuves les plus convaincantes à ce jour à propos d'un dinosaure en mesure de vivre et de chasser dans un environnement aquatique », a déclaré le professeur Samir Zouhri, du département de géologie à la Faculté des sciences d'Ain Chock à Casablanca. L'équipe de recherche a, par là même, opéré la première découverte de restes crâniens et post-crâniens associés de dinosaure après près de 70 ans de travail paléontologique dans la région, a-t-il fait remarquer. Les chercheurs sont issus de l'Université Hassan II de Casablanca (Maroc), de l'Université de Mercy (USA), de l'Université de Portsmouth (Angleterre) et du Musée des Sciences naturelles de Milan (Italie). « Ce dinosaure très particulier, Spinosaurus aegyptiacus, avait une longue queue de forme inattendue et unique composée d'épines neurales extrêmement hautes et de chevrons allongés formant un grand organe flexible en forme de nageoire capable de grande ondulation latérale », a précisé le professeur Zouhri. Les résultats de cette découverte sensationnelle ont été publiés le 29 avril dernier dans la prestigieuse revue scientifique « Nature » et font l'objet d'un documentaire sur le site web de National Geographic Society. Les premiers ossements connus du Spinosaure marocain ont été découverts par un mateur de fossiles et offerts au « Muséum de Milano » par un marchand de Fossiles. Ce précieux patrimoine paléontologique marocain a été rapatrié grâce à la démarche déontologique et éthique de l'institution italienne, en la personne du Dr Cristiano Dal Sasso, paléontologue spécialiste des dinosaures et co-auteur de cette recherche. Les fossiles du Spinosaure ainsi récoltés dans le gisement de Zrigat ont fait l'objet d'un minutieux travail de consolidation et de restauration, outre une étude multidisciplinaire. Le travail de restauration consiste à corriger les déformations post-mortem et diagénétiques et à relier les différents éléments du squelette entre eux en fonction de leur interprétation morpho-fonctionnelle. La restauration exige des connaissances précises de l'anatomie du squelette des dinosaures et, tout particulièrement, les proportions corporelles du « Spinosaurus aegyptiacus », dont sa queue inhabituelle. Une fois restaurés, les éléments squelettiques les plus intéressants pour l'étude ont fait l'objet de la photogrammétrie pour obtenir des modèles 3D de ces ossements. Ces résultats constituent la première preuve non ambiguë d'une structure de propulsion aquatique chez un dinosaure, le théropode géant Spinosaurus aegyptiacus, confirmant la série d'adaptations pour un mode de vie aquatique et un régime piscivore du Spinosaurus, relevées auparavant par l'équipe. Ces adaptations au milieu aquatique, bien qu'amplement moins bien développées, se retrouvent également chez d'autres spinosauridés, un groupe de dinosaures avec une distribution quasi mondiale et une répartition stratigraphique de plus de 50 millions d'années, documentent une occupation importante des environnements aquatiques par les dinosaures ; ce qui a été longtemps réfuté par la plupart des spécialistes de dinosaures.