Les dépositaires du gaz au Maroc lancent un nouveau défi au gouvernement. Le conseil de leur association se réunira ce week-end pour décider des mesures à prendre. Le but étant de faire face aux «pertes que le secteur accuse». «Pour le moment aucune décision n'a été prise, aucun distributeur n'a procédé à l'augmentation des prix et la distribution des bouteilles de gaz n'est pas interrompue», assure Mohamed Benjelloun, président de l'Association interprofessionnelle des dépositaires du gaz au Maroc. Aujourd'hui, à l'approche du ramadan, les bruits qui courent font état d'un éventuel arrêt de la distribution des bonbonnes de gaz. Une mesure qui n'est pas à exclure selon un professionnel du secteur. Ce qui constituerait en quelque sorte un moyen de pression sur le gouvernement pour procéder à la révision des marges des distributeurs. «Nous avons déjà saisi le département de Boulif et nous attendons ses réponses à nos doléances», souligne le président de l'association. Les distributeurs demandent une augmentation de leur marge bénéficiaire, qui n'a pas bougé depuis 1998. D'ailleurs, ils ont réalisé des études dont les conclusions font ressortir un grand déficit pour les entreprises du secteur. Ainsi, à titre d'exemple, «l'analyse de la situation d'exploitation d'un grand dépositaire permet de constater un déficit important de 312.000 DH par an», révèle l'un des études. Au regard de ce résultat, l'étude recommande une révision urgente de la marge, autrement «la plupart des dépositaires seront obligés de cesser leur activité». S'agissant des propositions des professionnels, il faut savoir que l'étude se base sur une augmentation de marge (HT) pour le grand dépositaire de plus de 0,50 DH pour une recharge de 3kg, de 1DH pour une recharge de 6kg et de 2 DH pour une recharge de 12kg. Ainsi, la marge prévisionnelle est de 1,85 DH pour la bonbonne de 3kg, de 3DH pour celle de 6kg, de 6,64DH pour celle de 12kg. Cela étant, l'étude révèle aussi que la marge globale actuelle a augmenté de 165.888 DH pour la bonbonne de 3kg ; de 460.080 DH pour celle de 6kg et de 483.840 pour celle de 12kg, soit une croissance de la marge globale de 869.760 DH. «Cette nouvelle marge permettra au grand dépositaire de réaliser un bénéfice annuel de 557.746,78 DH, ce qui reste très minime pour le chiffre d'affaires et les charges», souligne l'étude. Par ailleurs l'étude a également évalué les pertes des petits et moyens dépositaires qui se situeraient aux alentours de 100.000 à 300.000 DH. «Ceci sans oublier les charges de fonctionnement dont le SMIC, qui ont augmenté et les délais de paiement qui sont de plus en plus longs», ajoute un opérateur. Pour rappel, (wwww.leeschos.ma) l'Association interprofessionnelle des dépositaires du gaz au Maroc avait déjà saisi le gouvernement en 2005 pour l'avertir de la situation du secteur. Ce dernier se compose de près de 450 entreprises qui emploient plus de 40.000 salariés. Les dépositaires ne sont pas les seuls à se plaindre. Les centres emplisseurs, même si pour le moment ils n'ont formulé aucune doléance auprès du nouveau gouvernement, estiment à leur tour que leurs marges n'ont pas changé depuis plus de 15 ans. Entre-temps, les charges ont augmenté, notamment celles relatives à l'approvisionnement primaire, à cause notamment de l'inflation et de la hausse des tarifs du transport. Ceci sans que les emplisseurs n'aient procédé à la répercussion de ces hausses sur leur clients. À ce niveau, il faut rappeler (www.lesechos.ma) que le secteur distribue plus de 2 millions de tonnes de GPL conditionné (Butane et propane) dont 93% de butane qui est un produit subventionné. Sur ce point, il est à souligner que ces produits subventionnés comme c'était le cas pour la farine, sont parfois détournés au profit de certains industriels et agriculteurs qui utilisent le gaz butane à la place du gasoil et de l'électricité. Ce n'est pas tout puisqu'il arrive aussi que des distributeurs achètent le gaz subventionné pour des régions lointaines à des prix avantageux mais le revendent à Casablanca ou dans des régions toutes proches de la métropole (www.lesechos.ma).