La régionalisation fait ses premiers pas dans le secteur des énergies renouvelables. C'est ce que vient de révéler une étude tout fraîchement réalisée par l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE), menée en étroite collaboration avec la Deutsche gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et l'Institut pour le développement, l'environnement et l'énergie (IDE-E). «Le projet porte de fait sur l'analyse des marges de manœuvre des autorités locales, quant au développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique», explique à ce titre Caroline Huwiler, directrice de l'IDE-E. «À travers un diagnostic dans trois régions - Meknès-Tafilalet, Souss Massa Drâa et Oriental – nous avons cherché à éclaircir les facteurs qui favorisent ou contraignent la capacité des autorités locales à assumer leurs rôles», poursuit la responsable. Dans le détail, il faut savoir que la planification régionale en matière d'énergie a déjà été instaurée par l'ADEREE, dans le cadre de son approche territoriale. Cette politique s'est concrétisée à travers la signature de six conventions régionales, avec Meknès-Tafilalet, Souss Massa Drâa, Oriental, Rabat-Salé, Tadla-Azilal et Marrakech-Tensift-Al Haouz. Ces partenariats scellés entre la structure publique et les collectivités locales visent d'abord l'évaluation des ressources disponibles au niveau de chaque région. Il s'agit ensuite de passer à l'identification d'un portefeuille de projets susceptibles d'attirer l'investissement, tout en soutenant la mise en œuvre de projets de démonstration dans le secteur des énergies renouvelables. Le troisième objectif de ces conventions porte sur le renforcement de la capacité des acteurs locaux à promouvoir les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique. Concret Ces conventions se sont transformées en plans d'actions, auxquels un budget prévisionnel a été affecté. Le degré d'avancement du processus de mise en œuvre varie entre régions, en fonction notamment des paramètres suivants. «La mobilisation des fonds et le démarrage des premières actions ont été relativement rapides à Meknès, par exemple, où le Conseil régional, signataire de la convention, a créé aussitôt une commission dédiée au secteur», déclare la directrice de l'IDE-E. Cette commission est chargée de superviser le processus de mise en œuvre des projets lancés dans le cadre de cette convention. «Une telle interface régionale manque à l'Oriental, par exemple, où les signataires relèvent exclusivement du niveau central de l'administration». Par ailleurs, ces conventions régionales n'étant en vigueur que depuis 2009/10, certaines initiatives locales ont été prises de façon spontanée et indépendante de la coopération avec l'ADEREE, par divers organismes. La Technopole d'Oujda, la stratégie «Meknès-Tafilalet pour un investissement durable», l'initiative Progrès d'Agadir, sont autant de projets concrets lancés à l'échelle locale. «Certaines de ces initiatives demeurent en-dehors du cadre établi par les conventions de l'Aderee, alors que leur intégration permettrait d'enrichir les plans d'actions, favoriserait la création de synergies au sein d'une région et permettrait à ces initiatives actuellement isolées de bénéficier d'un cadre d'appui régional», précise-t-on dans le même document. Lacunes dans l'approche territoriale À l'exception de quelques initiatives ponctuelles dont les objectifs ont été chiffrés, aucune des régions examinées n'a, jusqu'à présent, quantifié les objectifs du plan d'actions, en y associant des indicateurs de performance. Il n'existe aucune projections relative à l'énergie produite ou économisée, ni aux émissions de CO2 évitées. Par ailleurs, le succès du plan d'actions énergétique dépend en grande partie de la mesure dans laquelle il s'aligne et s'intègre aux stratégies de développement territorial. «Trop souvent, le développement énergétique a été envisagé de façon isolée, comme un agrément au développement sectoriel ou territorial, au lieu d'être considéré de façon systématique et transversale», commente-t-on dans le texte de l'étude. Parmi les recommandations, l'IDE-E préconise le partenariat public-privé, comme l'une des meilleures voies de mise en œuvre d'une politique de régionalisation dans le secteur des énergies renouvelables. «L'arrangement intermédiaire entre le marché public et l'investissement privé, constitue le montage institutionnel privilégié en matière d'investissement énergétique durable, de par sa capacité de dynamiser de nouveaux marchés sectoriels et filières», conclut-on dans le même document.