Les Echos quotidien : Qu'est ce qui explique ce dynamisme soudain d'Amal Entreprises ? Abdealziz Alazrak : Un groupe d'entrepreneurs affiliés à plusieurs associations professionnelles a décidé après le 25 novembre 2011 de jouer un rôle important dans la vie économique, au lieu de rester à l'écart. Pour cela, il devait soit adhérer à une association déjà existante, soit en créer une. Finalement ce groupe a décidé d'intégrer Amal Entreprises, qui dispose déjà d'une notoriété et d'un réseau, aussi bien au Maroc qu'à l'étranger, tout en essayant de donner à cette association un nouveau souffle et une nouvelle vision, plus dynamiques. Bien évidemment, il s'agit pour les nouveaux adhérents de bénéficier de l'expérience et de l'expertise de l'association. Est-ce que cela suppose que vous allez couper les liens avec la CGEM ? Absolument pas. La CGEM a fait et continue de faire du bon travail pour les entreprises. Nous n'avons pas l'intention de faire doublon avec la Confédération ni de la concurrencer. Il s'agit seulement d'une nouvelle vision qui est complémentaire à celle de la CGEM. En plus clair, nous avons les mêmes objectifs, mais avec des approches différentes. Cela étant, la CGEM est une association professionnelle historique qui comprend «les grandes générations» avec tout leur savoir-faire et leur sagesse, qui bien sûr seront d'un grand apport à la nouvelle génération que représente Amal Entreprise, issue d'une génération qui a reçu une formation différente. Sur ce point, je dois préciser que la formation en management de la plupart des adhérents de notre association, qui sont de jeunes entrepreneurs, est basée sur le modèle anglo-saxon, qui diffère du management pratiqué aujourd'hui au Maroc, mais qui commence à bien se positionner dans la culture entrepreneuriale marocaine. Comment expliquez-vous le fait que depuis la création de l'antenne casablancaise, vous ayez reçu plusieurs demandes d'adhésion à votre association ? Je pense que cela provient du nouveau souffle qu'apporte l'association. Mais je le répète, nous nous activons en totale complémentarité avec la CGEM. Il ne faut surtout pas interpréter nos actions comme une scission au sein de la confédération des patrons. Par ailleurs, il faut aussi préciser que notre association est ouverte à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Certes, nous avons des PME, mais nous avons aussi des entreprises de grandes taille. Concrètement, comment se décline votre stratégie ? Trois mois après la création de l'antenne casablancaise d'Amal Entreprises (www.lesechos.ma), nous avons procédé à la mise en place des commissions, dont celle juridique, économique et financière, qui devra d'ici fin juillet remettre ses propositions sur la loi de finances de l'année prochaine. Il s'agit aussi de trouver une solution au problème des délais de paiement, qui se situent aujourd'hui entre 150 et 180 jours. L'Association s'est également engagée dans un programme devant permettre aux entreprises opérant dans le secteur informel d'intégrer le tissu économique légal. Nous comptons mettre en relation le gouvernement et les entreprises informelles, dans une démarche de débat qui serait le point de départ dans le traitement de ce genre de problématique, qui prend de plus en plus d'ampleur. À titre d'exemple, le nombre d'entreprises de plasturgie s'activant à Casablanca et dans sa région est estimé à 250. C'est l'un des grands défis de l'association, qui sera confié à une sous-commission. L'association compte également donner une grande importance au problème de communication entre le gouvernement et les entreprises. Il existe effectivement une grande déperdition de l'information, due à l'interruption de la chaîne de communication entre les différents programmes de soutien initiés par le gouvernement et les entreprises. Ceci freine considérablement la création de nouvelles entreprises et le développement des investissements. C'est ainsi que Amal Entreprises compte jouer un rôle de relais entre les entreprises et le gouvernement, en impliquant d'avantage ce dernier dans la dynamique industrielle et en faisant bénéficier les opérateurs des diverses missions diplomatiques à l'étranger. Aujourd'hui, dans leur déplacement à l'étranger, les ministres turcs et chinois sont toujours accompagnés par une délégation de chefs d'entreprise. Il s'agit là d'une bonne démarche économique et commerciale, que le gouvernement marocain devrait initier. D'ailleurs, nous comptons bien l'inciter à l'adopter. On a l'impression que votre association est plus tournée vers le modèle turc. Comment expliquez-vous cela ? Aujourd'hui, les modèles les plus performants sont le modèle chinois et turc. Le premier étant difficilement assimilable pour les entreprises marocaines, nous pensons que ces dernières peuvent facilement s'inspirer du modèle turc, qui est plus proche de notre culture. Je vous rappelle que ces dernières années, les entreprises turques ont pu bien se positionner sur des marchés difficiles comme le marché européen. Bien évidemment, les autres modèles, aussi bien américains qu'européens, sont toujours valables. Commissions Le 6 juin dernier, soit trois mois après la création de l'antenne casablancaise, Amal Entreprise s'est mise en ordre de bataille, en mettant en place des commissions. Ainsi, la commission juridique, économique et financière devra se pencher sur le volet réglementaire, financier et fiscal, relatif aux entreprises, en s'appuyant sur une cellule de veille. La formation n'est pas oubliée, puisqu'une commission dédiée à été créée. Celle-ci devrait proposer un projet de GIAC, devant constituer une alternative à la formation continue des salariés, qui est freinée par le blocage du système des contrats spéciaux de formation. Pour le développement des investissements et des partenariats, aussi bien au niveau national qu'international, Amal Entreprises s'appuiera sur une commission «think-thank». Il ya aussi la commission communication, qui se changera de la promotion de l'association via notamment, l'actualisation de son portail, l'organisation de débats, de séminaires... «Nous comptons à cet égard organiser un grand salon international, qui sera une vitrine pour tous les membres de l'association. Toutefois, la date de l'événement, baptisé Amal Expo, n' a pas encore été fixée», souligne Abdeaziz Alazrak, président de l'antenne casablancaise d'Amal Entreprises.