Allier solidarité et innovation dans un projet palpable, tel est le défi relevé par l'association Tamounte, au douar Zaouit Sidi Ahmed à Ouarzazate. L'association vient de mener un microprojet pionnier au service du développement socioéconomique. Il s'agit d'une ferme aquacole destinée à cultiver de la spiruline, une algue aux multiples vertus thérapeutiques. Le budget global de la ferme gérée par la société Atlaspiruline est d'environ 400.000 DH. Elle s'étale sur une superficie inférieure à un hectare et adhère en même temps à la coopérative agricole El Morrabitine du village. «Nous avons ainsi mutualisé nos efforts, et nous utilisons certaines installations communes tels que les puits pour satisfaire les besoins de notre projet», déclare Hassan Aït Lahaj, responsable du projet. En effet, la ferme a été lancée en juin 2009, et la production a commencé progressivement au printemps 2010, pour une phase de tests, après une formation pour le responsable du site. Actuellement, la ferme produit plus de 5 kg de spiruline sèche, à la suite de l'installation d'autres bassins. L'objectif, désormais, des initiateurs du projet est d'atteindre 5 gr par mètre carré, surtout avec la mise en place de 4 bassins supplémentaires de 108 m2 en hiver. «Faire pousser de la spiruline est une démarche très technique. Elle a nécessité un long apprentissage avec des professionnels, puisque les réglages de la production sont complexes et nombreux», explique le responsable de la ferme aquacole. Un grand bassin de 160 m2 a été installé dernièrement et vient de s'ajouter à deux autres petits bassins déjà installés de 25 m2 chacun. De surcroît, la ferme dispose d'un laboratoire pour la spiruline, avec un séchoir de 5 m2 et un appentis de stockage de la nourriture pour la spiruline. Côté emploi, le projet a généré trois postes directs et deux indirects. S'agissant de la commercialisation, le marché que la société cible essentiellement est celui des sportifs. La spiruline représente une alternative, puisque c'est un produit naturel consommé sous forme de poudre/paillettes à ingérer avec le repas ou avec un verre d'eau, de thé, ou en gélules. «La spiruline possède un taux exceptionnel de protéines (70%), et le risque de surdosage est quasi absent, puisqu'elle est considérée comme produit non dopant par les fédérations. Elle nous permet de récupérer le fer détruit par le thé et de garder la fraîcheur physique de nos muscles», témoigne Abdelah laqtib, l'un des athlètes consommant la spiruline. S'agissant des mesures prises pour garantir la qualité du produit, la société a mis en place des normes, telles qu'elles sont imposées en Europe, pour garantir un produit de qualité fini et déshydraté. «Notre eau est filtrée grâce à un système complet. Il est constitué de 4 filtres à mailles, d'un filtre UV et d'un traitement régulier. Quant aux règles de travail dans les bassins et au laboratoire, elles sont conditionnées par l'utilisation de gants et de masques», explique le responsable. La spiruline est mise sous emballage dans le laboratoire juste après avoir été déshydratée à 50°, et elle est soumise à des contrôles deux fois par jour dans les bassins, afin de vérifier sa qualité (test de Ph et degré de salinité, etc.) «Nous serons rentables avec 400 m2 de bassins installés pour l'été prochain. Nous entamerons des travaux supplémentaires cet automne, après la fin de la grosse saison de récolte», ajoute le gérant. Par ailleurs, la ferme compte faire en parallèle de son activité du business social. «Nous vendrons de la spiruline pour faire vivre notre entreprise et le village où elle est implantée. Nous allons donc, dès l'automne, travailler en parallèle au Burkina- Faso afin d'offrir de la spiruline à des enfants dans des centres de renutrition, pour lutter contre la malnutrition dans les pays pauvres».