L'émotion a rapidement laissé place à la rigueur dans le premier discours de Miriem Bensalah en tant que présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Juste après l'annonce du vote qui l'a portée à la tête du patronat, avec un score de 3.317 voix «pour» sur les 3.427 votes, Bensalah n'a pas tardé à camper sa position de dame de fer. Les messages adressés à cette occasion ont été on ne peut plus clairs, d'abord pour le gouvernement. À l'équipe de Benkirane, donc, «nous demanderons de nous écouter au lieu seulement de nous entendre», a-t-elle précisé. Certes, la nouvelle patronne des patrons n'a à aucun moment remis en cause «le patriotisme économique» de la CGEM, en insistant même sur le caractère dynamique et participatif qu'aura à jouer le patronat. Cependant, madame la présidente semble également vouloir faire entendre la voix de la Confédération en ce qui concerne les chantiers clés pour l'économie nationale. Pour ce faire, la présidente souligne la nécessité de disposer d'un secteur privé fort et efficace. «Ce partenariat économique avec l'Etat, nous le voulons gagnant-gagnant», a-t-elle déclaré d'un ton ferme. Un ton qui séduit Faut-il y voir un signal pour le gouvernement qui devra, aujourd'hui plus que jamais, compter avec le patronat dans la prise de décisions stratégiques pour l'économie du pays ? Sont-ce les signes d'une CGEM qui joue aujourd'hui son rôle de contrepoids économique de l'Etat ? Ce qui est sûr, c'est que le ton adopté par Bensalah en parlant de la relation qu'elle conçoit entre le privé et le public, a séduit les membres de la CGEM, comme en témoigne l'ovation qui a suivi son discours. Il en était d'ailleurs de même lorsque la présidente de la CGEM a abordé la question du dialogue social. «Aux syndicats, nous proposerons la paix des braves», ajoute-t-elle. Une façon de dire que l'approche de concertation avec les syndicats, initiée par le bureau sortant, ne sera pas remise en cause. La poursuite de cette stratégie aura néanmoins des règles qui semblent tenir à cœur le nouveau bureau. Le dialogue social, version Bensalah, devra en effet être renouvelé, direct et franc. «Que les syndicats cessent de croire qu'il y a de la ruse dans nos postures», insiste Bensalah, vraisemblablement pour contrecarrer la méfiance dont a prévenu Mohamed Horani, dans son discours de passation de pouvoir. Pour faire entendre sa voix auprès des syndicats, notamment ceux présents à l'investiture de la présidente de la CGEM, cette dernière n'a pas manqué de souligner l'importance de venir à bout à la fois de la délinquance syndicale, mais aussi patronale, reconnaissant de fait, l'existence de patrons ne respectant pas leurs obligations sociales et fiscales et contre lesquels, il faudra également lutter. «Bien entendu, il y aura des compromis, mais jamais je ne me prêterai à la compromission», rassure-t-elle. Autant dire que Meriem Bensalah marque son territoire dès les premiers instants qui ont suivi son son élection à la CGEM, ressuscitant ainsi les espoirs de renouveau, au sein d'un patronat qui entame une nouvelle ère avec de nouvelles prérogatives.