La PME marocaine a un nouveau visage. La fourchette incluant les entités pouvant être considérées comme petites et moyennes entreprises a été élargie à celles réalisant un chiffre d'affaires compris entre 3 et 175 millions de dirhams. Pour en arriver là, il a fallu plusieurs mois de tractations entre le ministère de l'Industrie et du commerce et celui des Finances. Pour justifier ce changement de cap, le département de Chami a fourni une explication fortement accrocheuse. Lors de la signature de la convention entre l'ANPME et l'ordre des experts-comptables visant à promouvoir les programmes Moussanada et Imtiaz, le ministre de l'Industrie avait expliqué aux chefs d'entreprise que son département travaille d'arrache-pied avec celui de Mezouar pour aboutir à la nouvelle définition de la PME. C'est une démarche importante, avait alors indiqué Chami, car permettant de mieux coller la PME à la réalité économique du pays. Mais cela n'est que la partie visible de l'Iceberg. Echihabi lâcherait-elle du lest ? «La réalité est que cette redéfinition de la PME, c'est avant tout le fruit d'un lobbying intense des patrons des grosses PME, celles qui ont un chiffre d'affaires important», a confié un patron qui connaît bien les dessous de l'affaire. La raison est simple: étant exclues du fait de leur taille de la plupart des programmes de l'Etat, dont ceux de l'ANPME, les grosses PME ont décidé de réagir en proposant l'élargissement de la fourchette de chiffre d'affaires applicable à la catégorie. Ce qui du coup leur ouvre l'accès aux aides de l'Etat. Du côté de l'ANPME, cette attitude n'a pas été mal sentie, bien au contraire. Elle offre la possibilité à Latifa Echihabi de se sauver d'une situation qui tend à devenir angoissante : le manque d'intérêts qu'affichent les entreprises cibles vis-à-vis de ses programmes. Depuis le lancement de Imtiaz et Moussanada, malgré les sorties de Chami et les actions de communication de l'ANPME, l'objectif de 500 entreprises à accompagner (quoique modeste) n'a pu être atteint et seuls 40% du budget alloué ont été consommés. Interrogée à propos de la nouvelle définition de la PME, la patronne de l'ANPME n'a pas caché le fait que pour elle c'est une vraie bouffée d'oxygène. «L'élargissement de la fourchette de la PME est une bonne chose, car cela nous permet d'avoir un champ d'action plus grand», a-t-elle souligné. Mais pour les lobbyistes, les choses ne s'arrêtent pas là. La première victoire à peine obtenue qu'ils ouvrent déjà un nouveau front. Ils réclament désormais l'augmentation du montant d'aide octroyée par l'ANPME en l'indexant sur le chiffre d'affaires que réalise l'entreprise candidate. Echihabi semble lâcher du lest, une fois de plus, sa réponse a été : «Nous allons y réfléchir». Sans doute une manière de dire, «je tâcherai de convaincre mon ministre». Faisant partie des acteurs du lobby des grosses PME, Salwa Karkri Belkeziz a expliqué leur position en ces termes : « Le montant de l'appui doit augmenter, car octroyer 400.000 dirhams à une PME qui réalise plus de 100 millions de chiffres d'affaires, c'est trop peu pour réaliser un projet intéressant». S.S.M