A Bruxelles, où siège l'Union européenne, l'adieu réservé au Royaume Uni était spécial. Sur la célèbre Grand-Place de Bruxelles , les couleurs de l'Union Jack habillaient l'espace sur fond de sons reproduisant les chansons de John Lennon et David Bowie. Cet événement que la ville a appelé «Brussels Calling» (l'appel de Bruxelles) était un témoignage de la capitale européenne de sa longue amitié (47 ans) avec les Britanniques. A quelques encablures de cet endroit emblématique du plat pays, quelques jeunes ont fait résonner leurs cornemuses et instruments traditionnels sur des airs celtiques. Un décor londonien était planté non loin de là comme pour tempérer le climat d'émotion qui s'emparait des uns et des autres. Cabine téléphonique rouge, figurants déguisés en Sherlock Holmes et Watson et même un taxi londonien garé dans la cour de l'hôtel de ville étaient de la partie, alors que le Manneken-Pis arborait le costume de John Bull, qui lui avait été offert le 24 avril 1972. Quelques jours auparavant, le Parlement européen avait voté, dans une pareille ambiance, l'accord scellant la sortie du Royaume uni de l'Union européenne. Le vote, intervenu mercredi dernier et dont le résultat était sans appel (621 voix pour, 49 contre et 13 abstentions), s'était clôturé sur les airs nostalgiques du chant écossais "Auld Lang Syne" (Ce n'est qu'un au revoir), entonné en chœurs par une assemblée très émue et en larmes, les mains attachées en signe d'unité et surtout plein d'espoir pour l'avenir, tandis que des élus du Parti national écossais jouaient de la cornemuse. Cet ultime vote des eurodéputés intervenait après l'achèvement d'une procédure de ratification plus complexe outre-Manche, avec le feu vert du Parlement britannique au Brexit et l'assentiment de la reine Elizabeth II, la semaine dernière. Le texte ayant été rejeté à plusieurs reprises à la Chambre des communes, entraînant plusieurs reports du Brexit (29 mars, 12 avril et 31 octobre 2019), fruit de plus de trois ans de négociations difficiles avec Bruxelles. L'accord du Brexit permet d'assurer un retrait ordonné du Royaume-Uni de l'Union européenne. Il porte sur les droits des citoyens, le règlement financier, une période de transition, les protocoles sur l'Irlande et l'Irlande du Nord, Chypre et Gibraltar, la gouvernance et d'autres questions relatives à la séparation. Au cours de la période de transition post-Brexit de 11 mois (jusqu'au 31 décembre 2020), Londres et Bruxelles devront définir les termes de leur partenariat futur. Cette période pendant laquelle le Royaume-Uni sera toujours considéré comme membre du marché intérieur de l'UE et de l'union douanière et continuera d'appliquer les règles européennes sans pour autant siéger dans les organes institutionnels de l'Union, sera charnière pour permettre aux deux parties de trouver un accord sur leurs relations futures.