Dès l'annonce du quota attribué à l'industrie de la conserve de poisson (voir notre édition datée du 17 avril), la polémique a été déclenchée. Les Chambres des pêches maritimes du Maroc et la Confédération nationale de la pêche côtière, ainsi que les associations professionnelles de la pélagique sont montées au créneau pour dénoncer l'accord dernièrement conclu à Rabat, entre le département de la Pêche maritime et l'Union nationale de l'industrie de la conserve de poisson (Unicop). Dans un communiqué rendu public en milieu de semaine, les professionnels déplorent la non-concertation au sujet de la convention portant sur l'attribution de 100.000 tonnes de poissons pélagiques aux industriels de la conserve. Par consensus, les trois entités ont émis plusieurs réserves à l'égard de cet accord. Et ce, à la suite à la réunion tenue le 20 avril dernier au siège de la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique-Centre à Agadir. Etude d'impact approfondie Après une étude approfondie des répercussions socioéconomiques de cette convention, les professionnels du segment côtier ont ainsi réclamé que le quota attribué à l'Unicop doit être exclusivement pêché par les bateaux côtiers nationaux. «Les navires étrangers doivent être totalement exclus de l'accès à la pêche des petits pélagiques et l'Unicop doit impérativement s'engager à l'achat de la totalité des apports de la flotte sardinière nationale, destinée essentiellement à l'industrie de la conserve. Dans le cas contraire, ce quota additionnel sera systématiquement annulé», précise-t-on auprès des professionnels. «Même si la convention avait pour objectif de pallier les difficultés afférentes à l'approvisionnement des industries de la conserve, la pratique nous a montré que, trop souvent, les usines travaillent en fonction des quantités, et que le problème se posera au moment où la production sera abondante», souligne Abderrahmane Sarroud, président de ladite Chambre. D'où l'appel des professionnels à l'élaboration d'une commission de veille composée de professionnels et de l'administration concernée, pour faire respecter les bonnes pratiques et empêcher une quelconque influence de la convention en question, sur le marché intérieur et sur celui à l'export. Toutefois et compte tenu de la conjoncture actuelle et de l'augmentation permanente des charges d'exploitation, les professionnels du segment côtier ont insisté sur la revalorisation immédiate du prix de vente de la sardine au niveau des ports du Sud. Il s'agit d'augmenter les prix au kilo aux ports d'Agadir (4 DH), de Tan-Tan (3,5 DH), de Laâyoune (3 DH) et de Dakhla (2,5 DH). Cela, sans oublier la revalorisation des prix au niveau des autres ports, à savoir Sidi Ifni, Essaouira et Safi. «Si l'Unicop ne parvient pas à assumer l'achat des quantités prédéfinies, on demandera au ministère de tutelle de mettre fin à ce quota additionnel», ajoute Abderrahmane Sarroud. Par ailleurs, les professionnels ont appelé le ministère à initier dans l'urgence un débat sérieux, afin de bâtir une stratégie d'exploitation de la ressource pélagique, qui tienne compte de tous les paramètres socioéconomiques de cette pêche. Le chiffre d'affaires à l'export en baisse Les débarquements totaux de poissons de la pêche côtière et artisanale ont enregistré, à fin mars 2012, un accroissement de 13% à 188.442 tonnes comparativement à la même période de l'année dernière. Selon l'Office national des pêches (ONP), cette performance s'explique essentiellement par une progression de 20% du poisson pélagique à 161.492 tonnes et une bonification de 7% des crustacés à 2.791 tonnes. Par contre, les captures de céphalopodes et de poissons blancs ont flanché de respectivement 34% à 7.471 tonnes et de 10% à 16.256 tonnes. En valeur, le chiffre d'affaires à l'export a régressé de 6% à 1,18 MMDH, par rapport au 1er trimestre 2011. Cette variation recouvre principalement une appréciation de 14% du chiffre d'affaires du poisson pélagique à 354,4 MDH, un raffermissement de 5% des ventes de poissons blancs à 307,3 MDH et une légère hausse de 3% du chiffre d'affaires des crustacés à 69,6 MDH. Quant aux ventes de céphalopodes, elles se sont repliées de 23% à 576,9 MDH. Par port d'embarquement, c'est Dakhla (Stock C) qui contribue à hauteur de 25% du total des captures avec 47.032 tonnes (contre 46.124 tonnes à fin mars 2011), suivi de Dakhla avec 21,7% à 40.878 tonnes au lieu de 34.449 tonnes au 1er trimestre 2011). S'agissant de la destination des produits de la pêche, c'est surtout la consommation qui absorbe le gros des captures (47,18%), talonnée par la congélation (29,98%), la conserve (12,33%) et l'industrie de farines et d'huiles de poissons (9,98%). Reste à noter que les unités de conserves de poissons se situent principalement dans le sud. Laâyoune concentre, à elle seule, 58,03% de la production totale destinée à la conserve, contre 18,37% pour Agadir et 13,63% pour Tan-Tan. Concernant le volume orienté à la consommation, c'est la ville de Dakhla qui s'accapare 45,84% du total, suivi par la ville d'Agadir avec 12,04%, alors que Casablanca n'a reçu que 4,49% du volume à fin mars 2012, établi à 88.900 tonnes.