Centre de santé d'Al Hank à Casablanca. Ce matin du mercredi 9 décembre, l'établissement hospitalier va vivre une situation inhabituelle. C'est le premier jour de la campagne de vaccination contre la grippe A, lancée par le ministère de la Santé dans le Grand Casablanca. Il est à peine 8h30 quand les premiers patients se présentent à l'accueil. Les infirmières les attendent de pied ferme. «Les patients viennent munis d'un certificat médical prouvant leur appartenance à la population ciblée par l'opération», explique une des infirmières du centre. En fait, la population prioritaire visée par la campagne concernera, dans un premier temps, les personnes asthmatiques, celles souffrant de pneumopathie chronique, et les diabétiques. «Les personnes concernées dans la seconde phase de vaccination seront certainement les enfants et les femmes enceintes», avance le Dr Fouad Jettou, directeur délégué du ministère de la Santé pour la Région du Grand Casablanca. Dans la salle d'attente, une vingtaine de patients a déjà pris place sur les bancs. Heure matinale ou crainte des effets secondaires supposés du vaccin ? Les patients, visiblement non sensibilisés à la question, répondent en grande majorité : «on nous a dit qu'en tant que diabétiques, on pourrait se faire vacciner contre la grippe A, on est venu. Mais, on n'a jamais entendu parler des effets secondaires». 7.200 médecins et 21.000 infirmiers mobilisés Au bout d'une heure d'attente, le vaccin finit par arriver. L'organisation apparente de ce premier jour de vaccination sera soudain balayée d'un coup, lorsque tous les patients s'agglutinent devant la porte du médecin, réclamant chacun son droit de passer le premier. Une fois le retour au calme, le médecin fait entrer son premier patient et commence aussitôt à lui poser les questions nécessaires pour identifier les contre-indications éventuelles à la vaccination. Cette première consultation semble cependant avoir été opérée à la va-vite : le médecin n'a pas vérifié à nouveau le consentement de la personne, en lui apportant toutes les informations nécessaires en rapport avec le vaccin. Quelques secondes plus tard, le premier vacciné, un homme d'une cinquantaine d'années, nous avouera : «J'ai eu très peur, mais je suis content de l'avoir fait». Lancée hier dans la région du Grand Casablanca, la campagne de vaccination s'étendra à partir d'aujourd'hui aux autres régions du royaume. Pour ce qui est de la durée de la campagne, le Dr Fouad Jettou rassure : «La campagne de vaccination durera le temps qu'il faudra. Nous n'avons pas fixé de date limite. Toute la population concernée peut être rassurée, chaque personne souhaitant se faire vacciner le sera». Alors, où se rendre pour se faire vacciner ? «Chaque personne souhaitant se faire vacciner doit se rendre dans le centre de santé dépendant de sa circonscription», explique le Dr Fouad Jettou. Si le communiqué du ministère de la Santé avait fait référence à la publication de la liste des centres sur son site internet, il n'en est rien dans les faits. Le numéro économique réservé à la foire aux questions en rapport avec la grippe reste quant à lui injoignable. Le Dr Jettou annonce par ailleurs que «7.200 médecins et 21.000 infirmiers ont été mobilisés» et affectés dans tous les centres de santé concernés par la vaccination. Pour ce qui est du degré de succès du vaccin, seule la poursuite de la campagne dans les autres régions du Royaume saura le situer. L'ABC du vaccin Selon le ministère de la Santé et l'OMS, le vaccin contre la grippe A n'entraînerait pas d'effets secondaires sur le long terme. Ses effets devraient se limiter à ceux rencontrés pour les vaccins contre la grippe saisonnière, des symptômes mineurs (douleur, rougeur, gonflement) au point d'injection ou une fièvre modérée de moins de 48 heures. Les vaccins contre la grippe A ne protègent pas contre la grippe saisonnière, car ils sont fabriqués à partir de virus différents. À l'inverse, le vaccin contre la grippe saisonnière ne devrait, théoriquement, pas offrir de protection efficace contre la grippe A. La vaccination est fondée sur une démarche libre et volontaire, mais aussi sur l'examen par les professionnels de santé des conditions requises, et notamment des antécédents médicaux de chaque citoyen marocain. Pour les femmes enceintes, l'allaitement peut-être poursuivi après la vaccination. Il n'y a pas de risque avéré pour le nourrisson.