L'entrée du groupe français BPCE, regroupant les réseaux mutualistes Banques populaires et Caisses d'épargne, dans le capital de la Banque Centrale Populaire, n'était pas vraiment une surprise pour le marché. En fait, quelques semaines auparavant, à l'occasion de la présentation des résultats annuels 2011 du Crédit immobilier et hôtelier (CIH), Ahmed Rahhou, président de cet ex-OFS, avait en fait vendu la mèche. Il a affirmé que le Maroc serait de nouveau dans la ligne de mire du groupe français. Les pronostics allaient donc bon train et tous les chemin smenaient vers la Banque Centrale Populaire, vu ce que les analystes appellent des similitudes, notamment en terme d'ambitions de croissance entre les deux parties. La BPCE manifeste aujourd'hui un intérêt de plus en plus marqué pour l'Afrique et la banque du cheval ne cache pas non plus ses ambitions pour le potentiel continental. D'ailleur, lors de ses dernières sorties, le patron de la BCP, Mohamed Benchaaboune avait particulièrement insisté sur ce volet. Il est à noter par ailleurs qu'il y a quelques jours, le groupe français, a alloué une enveloppe d'environ un milliard d'euros pour son développement à l'international, sachant qu'il a réalisé en 2011 un bénéfice net en baisse de 26%, à 2,6 milliards d'euros. Il est clair que outre le retour dans la banque de détail au Maroc et la coopération sur le marché des migrants, ce rapprochement répond à des ambitions de croissance des deux groupes bancaires sur le continent africain. En effet, la banque du cheval, fortement concentrée sur le marché domestique, est plus que jamais intéressée par une extension plus importante sur le marché africain. La stratégie d'internationalisation des banques concurrentes, notamment Attijariwafa bank et BMCE bank, a montré qu'elle permettait de diversifier les sources de revenu et de réduire l'exposition à un marché devenu mature. Aujourd'hui, les filiales spécialisées de ce groupe bancaire, présent en Guinée, en Centrafrique et en Mauritanie en alliance avec Attijariwafa bank, ne constituent pas une pondération importante dans la formation du résultat net consolidé. Contribution des filiales africaines en hausse Cela, à un moment où les deux autres banques concurrentes affichent des contributions en hausse des filiales africaines, témoignant ainsi de la pertinence de leurs choix stratégiques quant à leur déploiement sur ce continent. Une nouvelle donne, qui dans un contexte de crise économique internationale, excite les convoitises des groupes économiques et financiers les plus puissants. Le français BPCE (Banque populaire - Caisse d'épargne) n'est pas en reste. Présent depuis plusieurs années au Cameroun, au Congo-Brazzaville, à l'Île Maurice et en Tunisie, il accélère la cadence de son expansion sur le continent. À Madagascar, il a racheté les parts de BNP Paribas (75%) dans la Banque malgache de l'océan Indien (BMOI), tandis que, au Mali, il a repris 19,4% du capital de la Banque nationale de développement agricole. En revanche, en Côte-d'Ivoire, les négociations entamées en juillet 2011 avec la banque Atlantique n'ont pas encore abouti. Il s'est avéré que Bernand Koné Dossongui, le patron fondateur de cette banque pesant plus de 300 millions de dollars et qui est présente dans huit pays africains, a changé son fusil d'épaule. Le mois de mars dernier, il a entamé des discussions avec deux prétendants marocains, BMCE bank détenant 59,4% de Bank of Africa, et la BCP qui dit oui. Tout ceci, pour la cession de 35% de capital de la banque qui intéresse une dizaine d'investisseurs. S'agit-il alors d'une pure coïncidence ? Une chose est sûre : la BCP veut s'internationaliser en s'appuyant sur l'expertise d'un partenaire de taille. L'aboutissement des pourparlers avec le groupe Atlantique serait un premier jalon dans une stratégie d'internationalisation plus prononcée.