Les programmes de téléréalité arabes percent de plus en plus dans le paysage audiovisuel mondial. C'est ce que l'on retiendra du dernier rapport d'études publié par l'Arab Advisor Group, sur les «realityshow» dans le monde arabe. L'analyse, menée entre janvier 2011 et février 2012 par le cabinet spécialiste auprès de plusieurs chaînes de télévision de la région, démontre ainsi que «le nombre de spectacles qui ont été produits localement par les chaînes est supérieur aux formats basés sur des concepts déjà existants». Si le succès des émissions de téléréalité n'est plus à démontrer, aujourd'hui, c'est celui qui sera le plus original et le plus proche des téléspectateurs, qui remportera la bataille des chaînes arabes. Une bataille qui n'a d'objectif que l'audience. Course à l'audience Stimulées par la libéralisation du paysage audiovisuel et par l'essor de l'offre télévisuelle dans la région, notamment à travers l'effervescence des chaînes satellitaires, les télévisions locales ont commencé à développer leurs propres concepts pour rattraper un audimat qui a tendance à émigrer. Une «recette» locale qui s'inspire parfois de concepts internationaux bien rodés et que les chaînes adaptent aux particularités du pays. Au Maroc, c'est notamment le cas de l'émission musicale Studio 2M, inspirée de la Nouvelle Star (M6) ou encore d'Enigma qui mixe la course Pékin Express avec la Chasse au trésor. Résultat à l'écran, «sur 17 programmes de téléréalité diffusés en 2011, 13 émissions étaient des spectacles originaux plutôt que des formats rachetés par des entreprises mondiales», affirme Yasmine El Gharaibeh, analyste auprès d'AAG et auteur de ce rapport. Au Maroc, l'arrivée saisonnière de ce type d'émissions sur les grilles de programmes n'est pas sans conséquences sur l'audience des télévisions nationales. En témoignent les dernières statistiques de Marocmétrie, relatives au mois de mars. Sur le top 10 de la chaîne historique, Al Oula, le numéro 2 du mois est l'émission qui met en compétition de jeunes humoristes, «Comedia show». Avec une part d'audience de plus de 41%, le programme entre en force dans le classement de ce mois et fait baisser la cote d'autres émissions (plus régulière dans l'année), telles que Moudawala qui perd une place et arrive troisième avec 34,5% de part d'audience. 2M n'échappe pas à la règle et voit au cours de la même période, l'entrée dans le top 10 de trois de ses programmes de téléréalité lancés en mars dernier. Certes, la série turc «Ma Tansanich» reste indécrochable du haut du podium, mais la 3e et 4e place ont accueilli respectivement le jeu d'aventure Manado Express (2e édition de Dakar-Fès Express) avec une part d'audience de près de 43% et la compétition Studio 2M avec plus de 50% de part d'audience. Plus bas, en 7e place, ont constate l'arrivée du nouveau né en termes de «reality show made by 2M», à savoir le concours de talent «Bghrit ndouz f 2M» (Je veux passer à 2M). Le programme, qui en est à sa toute première tentative, parvient à décrocher une part d'audience de plus de 38%, pour plus de 3,6 millions de téléspectateurs. Ces résultats confortent ainsi le positionnement de ces programmes de divertissement, auprès des annonceurs en maintenant d'une édition à l'autre un cap d'audience important. Un show moins cher Il y a une autre raison pour laquelle les chaînes arabes se penchent de plus en plus sur ce type de divertissements, le coût. En effet selon le rapport, l'attraction à la téléréalité dans cette région du monde est également dû aux faibles coûts de production de ces programmes. Comparativement aux «grands formats» habituels, la production d'une émission de téléréalité revient moins chère selon les observations de l'Arab Advisor Group, étant donné que «les participants sont essentiellement des gens ordinaires et non des stars de la télévision», explique le rapport. Un coût de revient moins important donc mais également un concept participatif qui implique les téléspectateurs et contribue, une fois de plus, a étoffer l'audience de ces programmes. À ce titre, El Gharaibeh ajoute aussi que, «les médias sociaux sont de plus en plus employés comme outils de promotion et d'interactivité avec le public» par les chaînes de la région. Lorsque le public n'est pas sur le plateau, ils sont sur leur clavier. À l'image des grosses machines de realityshow internationales, les chaînes de télévisions arabes ont su surfer sur la vague des médias sociaux pour drainer de nouveaux adeptes. Décidemment, la téléréalité arabe a encore de beaux jours devant elle.