«Les émissions de téléréalité arabe sont bien vivantes», titre le dernier rapport d'étude du cabinet de recherche Arab Advisors Group, spécialisé dans les médias et la communication. Le document publié en début de semaine révèle que «le nombre de programmes produits par les chaînes arabes est plus élevé que celui des émissions de téléréalité dont les licences sont achetées à l'étranger». Il semble, en effet, que la libéralisation du paysage audiovisuel dans plusieurs pays de la région ait encouragé les opérateurs à investir dans le reality show. Et pourtant, il y a quatre ans, ces mêmes émissions étaient source de polémiques et de débats dans ces mêmes pays. À Bahreïn, le 28 février 2004, des manifestants avaient défilé dans les rues de la capitale pour exiger l'interdiction d'une des premières émissions dans la région, «Al Raïs» (le «Loft Story» arabe). À l'époque, MBC avait accepté sans broncher : «Nous ne serons jamais la cause d'une discorde interarabe», avait expliqué le porte-parole de la chaîne. Une première gifle qui aura fait comprendre aux producteurs qu'on ne greffe pas un concept télévisé sans l'adapter au marché. Aujourd'hui, le reality show a fait bien du chemin et compte parmi les incontournables des grilles télévisées. Après les déclinaisons de la Star Academy Orient et Maghreb, chaque chaîne veut sa propre émission de téléréalité. Au Maroc, les premiers ratages (rappelez-vous de «Casting star») seront vite rattrapés par des concepts plus étudiés et surtout plus adaptés au public. «15 ans, 15 talents» sera la première pierre d'un édifice «téléréalitesque» désormais bien construit. Et les chiffres le confirment. En 2009, le succès de la deuxième édition de «Comédia», sur Al Oula n'a d'égal que celui de son prédécesseur «Studio 2M» diffusé sur la chaîne concurrente. Les parts d'audience de la première allaient jusqu'à 40%, en mai, Comédia était classée troisième et septième au top 10 des émissions de la chaîne. La Star'Ac à la marocaine, elle, était numéro trois du classement et enregistrait en juillet 2009 un taux d'audience de 36%. Leur secret : un concept de tremplin de carrière artistique, ouvert à des jeunes Marocains de tout le Royaume. Pour les chaînes, le succès est également partagé, mais la raison est différente. Selon le rapport d'Arab Advisor Group, «les coûts de production plus faibles» seraient un argument de taille, car les participants sont généralement des personnes ordinaires et non des artistes qui engagent des frais plus importants. Néanmoins, il est important de souligner que pour les producteurs marocains «il est pratiquement impossible de vivre uniquement de grosses productions», comme l'expliquait Othmane Benabdeljalil, producteur d'émissions de téléréalité (Lalla Laâroussa et Al Kadam Addahabi), lors d'une précédente interview accordée à «Les Echos quotidien».