Une année de turbulences marquée par une augmentation des conflits de travail. L'année qui s'est achevée a été particulièrement mouvementée sur le marché de l'emploi selon le Centre marocain de conjoncture (CMC). Dans sa lettre mensuelle consacrée cette fois à l'emploi, le CMC est revenu sur les indicateurs marquants qui affectent le secteur au plan national et international. Selon l'étude, le marché marocain de l'emploi subit actuellement «les vicissitudes d'un faisceau de retournements de différente nature». En effet, en plus de l'impact des programmes d'ajustements structurels qui ont par le passé pesé lourdement sur les conditions d'emploi et des revenus, particulièrement pour les catégories d'actifs les moins protégés, l'analyse du Centre souligne qu'actuellement, «le marché du travail est directement touché par la transition démographique». L'espérance de vie a en effet dépassé les 75 ans en 2011 au Maroc, impulsant «un taux de croissance annuel moyen de la population active de 2,4%, nettement supérieur à l'accroissement naturel de la population qui est de l'ordre de 1,6%». Pour le CMC, cela a pour conséquence «de distendre le volume de la population en âge d'activité, qui s'accroît désormais au rythme de quelques 190.000 personnes par an». Dans ce contexte, recommandent les équipes d'El Habib El Malki, «le besoin de croissance est plus que jamais recherché, dans une situation marquée par un renouvellement économique, qui s'inscrit dans une mouvance démocratique, dépourvue de rentiers et en quête d'une plus large participation des acteurs aux centres de décision, avec l'arrière plan d'une répartition plus équilibrée des richesses nationales». Conflits du travail en hausse La lettre du CMC s'est également penchée sur «la conflictualité sur le marché du travail». «Celle-ci a fortement augmenté en 2011, à en juger par l'évolution des indicateurs ayant trait aussi bien aux conflits collectifs qu'à ceux à caractère individuel» note le document. La progression des grèves évitées a certes baissé comparée au niveau observé en 2010, mais «le nombre de grèves déclenchées s'inscrit dans une véritable logique de rupture faisant de 2011 une année particulière». Selon le CMC, la même remarque vaut pour les conflits individuels du fait que même si leur nombre est en légère baisse, les autres indicateurs sont en aggravation. Par ailleurs, l'autre secteur sur lequel se sont penchés les analyses du CMC, a trit au pouvoir d'achat de la classe moyenne. Ce dernier a été influencé négativement par la crise économique, note la lettre mensuelle qui met en exergue les manifestations sociales et la sécheresse. Plaidant pour la nécessité de préserver à tout prix le pouvoir d'achat des citoyens, le CMC a listé certaines mesures qu'il juge adaptées à la situation. Le CMC est revenu, par la même occasion, sur la dynamique de croissance de l'économie marocaine avec un constat sans concession sur le fait que «l'amélioration du revenu moyen résultant du développement de l'activité ne bénéficie pas forcément de la même manière aux différentes catégories de population», en vertu de quelques mécanismes d'atténuation mis en place par les autorités.