L'industrie du textile au Maroc s'en tire, jusque là, plutôt bien. C'est le constat dressé par le think thank britanique Oxford Business Group (OBG) dans sa dernière livraison. «L'industrie marocaine du textile se remet doucement des effets de la récession mondiale, en stimulant les exportations globales et en relançant la croissance» peut-on lire dans la note d'analyse du cabinet. Néanmoins, le fléchissement de la demande européenne pourrait encore peser sur les perspectives du secteur, prévoient ces analystes. Le principal marché des opérateurs nationaux est en effet plongé dans une conjoncture incertaine qui laisse planer d'importantes inquiétudes sur l'économie marocaine où le textile est en première ligne. «L'année 2012 sera certainement marquée par un climat d'incertitude en raison de la baisse de la consommation en Europe, où la demande de vêtements devrait chuter de 3% en 2012», confirme OBG. À cette situation, s'ajoute la baisse de compétitivité des exportations marocaines, face à la montée en puissance des opérateurs asiatiques. Selon les données de l'Eurostat, l'organisme chargé des statistiques dans l'union européenne, le Maroc voit sa part de marché dans les importations européennes passer de 4% à 3,2% entre 2008 et 2011. Consécutivement à la progression qualifiée de «très rapide» du Bangladesh, qui gagne près de 4 points en quatre ans, les prix de vente adoptés par le Maroc ne seraient pas étrangers à cette baisse de régime des exportations marocaines. Selon le même organisme, les prix au kilo des vêtements produits au Maroc atteignent 21,5 euros. Or, seules la Turquie et la Tunisie vendent plus cher que le Maroc, tandis que les prix appliqués par les asiatiques sont à peine supérieurs à la moitié de ceux appliqués par le royaume. Certes, la qualité des produits peut ne pas être la même. Néanmoins, le facteur prix dans un contexte de crise économique tel que celui que vit actuellement l'Europe devient un atout de taille pour les asiatiques. OBG insiste donc sur ce volet en précisant que le Maroc subit la concurrence de ces exportateurs asiatiques. En dépit de ce contexte, «l'industrie marocaine du textile et de l'habillement a progressé de 4.4 % en 2011, et exporté pour 29,5 MMDH (2,6 milliards d'euros)», rapporte-t-on. Sur un autre registre et afin de renforcer la compétitivité des exportations marocaines de textile, OBG dresse le constat selon lequel de plus en plus de sociétés constituent des consortiums d'exportation. Ceux-ci permettent de partager les ressources et partant de stimuler la productivité, pour bénéficier d'une meilleure représentation sur le plan international. C'est pourquoi, tous les consortiums de l'industrie textile bénéficient aujourd'hui du soutien de l'initiative «Consortiums d'exportation», lancée par le ministère de tutelle, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et le gouvernement italien. «Cependant, pour accroître les exportations, le segment du textile doit également stimuler la production et revoir à la hausse le nombre d'employés fabriquant les produits destinés à l'exportation», soulignent les analystes d'OBG. Rappelons à ce titre que selon les dernières estimations de l'AMITH (l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement), le secteur aurait besoin de 20.000 ouvriers supplémentaires à court terme pour pouvoir répondre à la demande et maintenir ses parts de marché face à la montée des concurrents.