À quoi sert la justice ? Venant de la part du Premier ministre britannique -en public SVP !-, il faut avouer que c'est une question assez osée. C'est comme pour dire que la justice est menacée au Royaume-Uni. Inquiétant ! Dans un pays où la démocratie est bien ancrée, cette interpellation a eu l'effet d'une bombe. Mais il faut bien secouer le cocotier. Un tel exercice est fort louable en démocratie. Chez nous, le problème de la justice a toujours été soulevé avec beaucoup de doigté. Peut-être par manque de courage politique. Oui... il est vrai que la réforme de la justice est un chantier sensible et trop compliqué. Mohamed Naciri en est conscient et ne prend aucun risque dans ses sorties publiques (et elles sont très rares !). Osées ou pas, les méthodes du ministre de la Justice ne font pas l'unanimité. Pis, elles sont contestées au sein même du corps de la justice. D'où ces mouvements de grève qui plombent la machine judiciaire. Même des magistrats montent au créneau. Tout cela était prévisible, mais le défi, le vrai, n'est pas de tenter une refonte mais d'aller jusqu'au bout, et ce quel que soit le prix à payer. Encore faut-il avoir le courage de l'exprimer et de le faire admettre une bonne fois pour toutes car les enjeux sont de taille. Et là, contrairement au ministre britannique, Naciri, lui, connaît la réponse. La justice au Maroc est un moteur de croissance sans lequel toutes les stratégies de développement économique ne peuvent atteindre leurs objectifs. Et c'est cela la priorité.