Pressions sociales, obligations réglementaires... l'environnement occupe désormais une place importante dans la stratégie de bon nombre d'entreprises marocaines. Seulement, en l'absence d'une réelle maîtrise des questions techniques et procédés liés au sujet, l'accompagnement devient essentiel pour franchir le pas. Que ce soit pour réduire sa facture énergétique, gérer ses déchets, se certifier ou tout simplement pour obtenir un label, frapper à la bonne porte permet d'éviter bien de mauvaises surprises et surtout garantit l'atteinte des objectifs environnementaux dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions. Audit nécessaire Se positionner comme acteur écologique passe avant tout par une réduction des dépenses énergétiques. En ce qui concerne l'efficacité énergétique, une multitude de prestataires existent au Maroc. Ils proposent d'accompagner les entreprises dans leurs projets de réduction de la consommation énergétique. Cet accompagnement commence bien évidemment par un audit. Celui-ci sert à connaître l'état de la consommation énergétique dans une entreprise. C'est le début d'une véritable chasse au gaspillage. Une fois les «défaillances» soulignées, vient alors l'étape du plan d'action. À ce stade, le cabinet accompagnateur dresse une liste de «recommandations» qui, une fois appliquées, permettront de réduire la facture énergétique de l'entreprise. Malheureusement, c'est là que s'arrête le travail des cabinets d'accompagnement en efficacité énergétique. Ce modèle d'accompagnement limite donc les actions des entreprises qui sont livrées à leur propre arbitre concernant la question d'appliquer ou non les recommandations découlant de ces plans d'action. «90% des plans d'action que nous avons remis ont été rangés dans des tiroirs pour ne plus jamais en ressortir», explique un professionnel de la place. Cette tendance est due tout simplement au fait que des organismes d'accompagnement en la matière se limitent à établir les plans d'action sans proposer d'en assurer l'application. Mais la situation serait sur le point de changer. Car, depuis que l'Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) a pris les choses en main, des réflexions sont menées sérieusement autour de la question. L'idée serait de pousser les cabinets d'accompagnement à s'impliquer davantage, en assurant l'application et le suivi des plans d'action liés à l'efficacité énergétique, histoire pour ces cabinets de prouver l'efficacité des actions qu'ils avancent dans leurs recommandations. De plus, cela permettrait à plus grande échelle de réduire la facture énergétique dont les entreprises sont responsables, une des missions prioritaires de l'ADEREE. D'ailleurs, l'Agence a décidé de lancer un projet pilote d'une cinquantaine de missions d'audit au profit d'industriels. Quelque 60 organismes d'accompagnement et bureaux d'études se seraient déjà enregistrés pour proposer leurs services. Ces missions seront financées à hauteur de 70% et donneront lieu à d'autres initiatives. On parle déjà de 400 audits, l'année prochaine. Le programme de coopération allemande GTZ, partenaire de ce projet «envisage de lancer des programmes d'accompagnement similaires à destination de différents secteurs d'activités», souligne-t-on auprès du GTZ. Certains le font déjà Assurer l'application des plans d'action est un service que proposent, depuis un moment déjà, des cabinets d'accompagnement qui ont compris la réelle portée de ce marché. «Nous ne nous contentons pas de proposer des actions à nos clients, nous les mettons également en œuvre pour eux», affirme Julien Broyer, associé Reduce Invent Optimize (RIO). Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un contrat à travers lequel l'accompagnateur s'engage à réduire la consommation énergétique d'une entreprise en appliquant les recommandations qu'il a formulées. Ainsi, l'offre reste homogène, complète et permet d'atteindre les objectifs fixés au départ. Mieux encore, l'entreprise accompagnée ne paye que si les objectifs sont atteints. «Le client n'entreprend aucun investissement au départ. Ce n'est qu'une fois que nous avons atteint les objectifs qu'il nous rémunère», explique Julien Broyer. En gros, c'est l'organisme accompagnateur qui investit dans le matériel nécessaire pour l'installer chez l'entreprise. De plus, cette rémunération est calculée sur la base des économies réalisées. «Quand, à titre d'exemple, nous économisons 20% de la consommation énergétique d'une entreprise, nous percevons une partie des sommes économisées», partage Broyer. La formule ne peine pas à séduire. D'ailleurs, en l'espace de deux ans seulement, la start-up a su intéresser une cinquantaine de clients et a conduit près de 150 projets en efficacité énergétique. Si de telles démarches n'ont pour effet que la rationalisation de la consommation énergétique, d'autres, ont en plus pour finalité l'obtention d'un label. Le label Clé verte dédié à l'hôtellerie en est un exemple. Sur ce créneau, seuls deux cabinets d'accompagnement proposeraient leurs services aujourd'hui au Maroc. Le nombre très réduit de bureaux d'accompagnement est également un élément qui empêche le développement rapide de telles démarches. C'est le cas du marché de l'accompagnement pour la certification de la démarche environnementale ISO 14001, qui est en pleine croissance. «Le secteur compte 25 cabinets d'accompagnement et de conseil en management environnemental», lance Younès Laâyouni, consultant-manager de Global quality consulting. Mais cette multitude de prestataires a aussi le désavantage de créer la confusion dans l'esprit des dirigeants. Selon Réda Idir, directeur général d'Eagle Engineering, seule une poignée de ces bureaux proposerait réellement des services d'accompagnement ISO 14001. Cela viendrait du fait que même les professionnels qui ont misé sur ce créneau confondent encore écologie et environnement et s'enregistrent par conséquent comme prestataires en la matière. «Aujourd'hui, une trentaine d'entreprises marocaines sont certifiées ISO 14001 au Maroc. S'agissant de la démarche environnementale en elle-même, un délai moyen de deux mois est nécessaire et son coût varie selon la taille, le nombre de sites et d'employés», ajoute Idir. Selon lui, il faudrait compter, un budget de 250.000 DH en moyenne, lequel est financé à 60% par l'ANPME. «À cela, s'ajoutent les investissements en matériel et produits dans le cadre de cette démarche. La facture démarre à une centaine de milliers de DH et peut atteindre rapidement quelque dizaine de millions de DH», précise la même source. En attendant de trouver le bon prestataire ou de décider si la réglementation actuelle convient à une certification ISO 14001, une alternative s'offre au entreprises. La gestion environnementale profitable (GEP) proposée par la GTZ. Cette démarche couplée à une offre d'accompagnement GTZ permet de maîtriser les coûts et les risques liés à l'environnement. «Elle constitue une excellente base pour les entreprises qui veulent s'initier à l'environnement», explique Younès Laâyouni. Cependant, bien qu'assez mature comme démarche, la GEP n'est pas aussi médiatisée que l'ISO 14001. Par conséquent, elle n'est pas encore aussi «valorisante».