Présenté comme un succès incontestable sous toutes ses facettes, le ministre des Finances a mis en exergue les différents points qui ont fait que le Maroc a pu tirer profit de sa dynamique économique et aussi des évolutions de la situation internationale pour décrocher son emprunt à l'international. «C'est la première fois que nous arrivons à toucher des investisseurs particuliers comme les Suisses, qui ont contracté 8% de cet emprunt», explique Salaheddine Mezouar. Dans un grand jour, l'argentier du Royaume a étalé, dans les détails, la stratégie suivie ainsi que les tenants et les aboutissants de cette sortie sur le marché international. Une notation désormais gravée En cette conjoncture internationale difficile, où les choix des investisseurs répondent à de plus en plus de prudence, la quasi-majorité des investisseurs dans l'obligataire souverain ne prêtent qu'aux pays notés investmet grade. Elevé à ce rang, le Maroc fait désormais partie des 70 pays avec cette notation avantageuse, ce qui lui a permis de clore cette opération en un temps record. «Nous avons fait l'annonce internationale le 27 septembre dernier. Le 28 septembre, à 15h30, nous avons arrêté les offres», raconte le ministre. L'opération a été plus que fructueuse, l'offre ayant atteint les 2,3 milliards d'euros. Passée cette étape, l'équipe du ministre, accompagnée par les banques d'affaires internationales HSBC, Barclays Capital et Natixis ont procédé au closing de l'opération. À une maturité de 10 ans, l'emprunt d'un milliard d'euros a été contracté à un taux de 4,5%, avec un spread de 200 points de base. La physionomie des investisseurs qui y ont contracté est assez différente de celle des emprunts de 2003 et 2007. Ainsi, les Européens, prêteurs majoritaires du Maroc lors de l'emprunt de 2007, n'ont contribué à celui-ci qu'à hauteur de 47%, suivis de la zone MENA dont la part s'établit à 19%. Plus surprenant encore, la montée en flèche des fonds offshore américains qui, eux, ont contracté 20% de cette levée de fonds. Que feront-ils de cette levée ? Ce n'est pour autant qu'on en saura plus que ce que Mezouar voudra déclarer. Le ministre et ses directeurs sont, en effet, restés muets quant aux détails concrets de l'usage que le gouvernement fera de cette levée de fonds. Selon eux, cet emprunt allègera le stress des liquidités dont souffre le système financier marocain, en faveur de la demande. En outre, il renforcera le soutien de l'investissement public mené par le gouvernement. Par ailleurs, en attendant la charte nationale d'investissement, qui prévoit diverses incitations pour l'investissement privé, la levée de fonds constituera une bouffée d'air frais aux créateurs de PME. «L'arbitrage des liquidités disponibles ne doit pas être en défaveur des PME/PMI, il leur faut du financement. Pour y parvenir, le système bancaire soutiendra l'investissement, puisque les liquidités disponibles amélioreront l'efficacité du système bancaire», explique Mezouar. Pour les retombées immédiates de cet emprunt, toutes les institutions marocaines et les champions nationaux qui recourront au financement du marché international, comme c'est le cas de la BCP, actuellement en négociation avec une banque d'affaires française, contracteront leurs emprunts au même taux que la dette souveraine.