Sans tomber dans l'exubérance, la décoration et le luxueux, Amina Benbouchta adopte comme principe d'exprimer juste ce qu'il faut. Après une éclipse qui a duré de 1997 jusqu'à 2004, elle retrouve le chemin des galeries en exposant ses derniers travaux à Matisse Art Gallery de Casablanca. Des installations artistiques suggèrent «dans leur épure un univers touffu de liens et de lianes qui occupent l'espace, en le laissant encore respirer». Il faut dire que l'artiste est devenue une référence en minimalisme expressif et ascétisme chromatique. Paradoxalement, Benbouchta atteint le maximum d'effets avec un minimum de moyens. Son monde reste toujours inaccessible, même si vous en possédez les clés. Elle n'exprime pas forcément un message, mais se porte plus vers l'universel. La perfection a cédé le pas à la spontanéité Epaulée par Miloud Labied et Fouad Bellamine, l'artiste peintre livre des créations d'une densité nouvelle en donnant une profondeur accrue à la peinture par des teintes sombres. Elle parle à qui sait voir, à qui sait prendre. Certaines de ses œuvres sont spontanées, d'autres reflètent un travail de recherche intransigeant. Malgré les revirements et les éclipses récurrents de Benbouchta, son œuvre n'est pas restée sans changement. L'artiste a poursuivi le cheminement d'une création en phase avec la recherche contemporaine. La perfection du trait et l'élégance de la ligne ont vite cédé le pas à la spontanéité et l'urgence du geste. Un parcours honorable En 1991, c'est la première exposition personnelle de l'artiste à la galerie Les Arcanes, à Rabat. Un triomphe. Elle oppose le dépouillement et invite au sobre et à l'élégant. Le noir et le gris. Et depuis, les participations montrent une œuvre évolutive au fil des expositions. En 2007, Amina Benbouchta participe à «27 artistes pour un projet», passerelle artistique organisée avec la Source du lion. Elle se penche ensuite sur son exposition personnelle «Espaces et miroirs», organisée à la galerie Rê de Marrakech. Par un passage académique à la science de l'anthropologie, Amina Benbouchta ne trouve goût qu'à la peinture, malgré une pression exercée par ses proches pour poursuivre des études. Elle mène un parcours scandé de rupture apparente, mais d'attachement ininterrompu pour la peinture. Auditeur libre à l'Ecole nationale des beaux-arts de Paris de 1988 à 1990, elle a dirigé de 1992 à 1994 la revue de culture et de mode «Les Alignés».