L'entrée de Othman Benjelloun à l'auditorium où se déroulait la présentation des résultats du groupe BMCE Bank était, pour le moins qu'on puisse dire, fracassante. Même s'il n'a pas pu assister à l'allocution de ses bras droits qui présentaient les faits marquants du premier semestre, en raison de son retour d'un voyage à l'étranger, le doyen des financiers a, néanmoins, offert à l'assistance une fin de réunion digne d'un «Sir». De plus, pour taire tout de suite les mauvaises langues il lance «la conquête du continent africain et la réalisation de Casablanca Finance City sont là deux projets ambitieux, mais réalistes, qui nécessiteront encore dix bonnes années de labeur de ma vie», lance-t-il d'emblée. C'est dire que le parrain des banquiers n'est pas encore aux portes de la retraite. Cela a au moins le mérite d'être clair. Du moins, il affiche une ambition très ferme pour mener, himself, ces deux grands chantiers à bon port. Dans ce sens, Othman Benjelloun a déjà lancé ses pistes. Lors de son allocution, il a, en effet, affirmé que son ambition africaine était plus importante que ce que l'on croyait, car au-delà du secteur bancaire, le groupe Financecom compte également se positionner en temps que pionnier continental des secteurs des télécoms et des assurances. Aussi, à ce jour, seule BMCE Bank a traduit l'aventure africaine d'Othman Benjelloun. D'ailleurs, le 31 août dernier, son établissement bancaire a renforcé ses participations dans le groupe Bank Of Africa. En franchissant la barre de 55 % du capital, BMCE Bank est devenue l'actionnaire majoritaire du groupe bancaire présent dans une vingtaine de pays. Et, c'est loin d'être fini! : «Pour les 10 à 15 prochaines années, nous nous fixons comme objectif de couvrir l'ensemble du continent», ajoute le président de Financecom. Cependant, la récente transaction conclue avec la CDG et France Telecom, n'a fait que renforcer l'ambition africaine du groupe financier. D'autant plus que la présence élargie de France Telecom en Afrique laisse entrevoir un effet de synergie et un partage de technologies à même de faciliter l'implantation de l'opérateur marocain dans d'autres pays du continent. Pour l'heure, rien ne filtre encore sur les délais que devrait nécessiter l'internationalisation de Méditel en Afrique, mais l'ambition du groupe est claire. Même constat pour ce qui est du secteur des assurances. Armée de RMA Watanya, le groupe compte bien tirer profit du potentiel qu'offre le marché africain avec son faible taux de couverture. Pour ce faire, Othman Benjelloun n'a rien lâché sur sa stratégie à ce niveau, il n'est pas pour autant exclu que la présence de BOA, et partant, celle de BMCE Bank, dans plusieurs pays soit un stimulateur de cette intrusion dans le marché africain des assurances. Le hub financier à cœur Sur un autre registre, le patron du groupe bancaire est également un acteur-clé dans le projet de la place financière internationale de Casablanca. Il participe, en effet, depuis plus de deux ans au comité ad hoc présidé par le gouverneur de la Banque centrale. Au-delà de simples réunions, «je consacre plusieurs de mes déplacements à l'étranger à ce projet», insiste Othman Benjelloun. Ce dernier a, semble-t-il, joué un rôle important dans la mise en contact entre Saïd Ibrahimi, chargé du chantier casablancais, et les autorités de la place financière de Singapour. Ce déplacement a été l'occasion d'un partage d'expériences avec les initiateurs de l'une des plus grandes places financières internationales du monde et qui devraient certainement donner des idées pour la concrétisation du hub de Casablanca. En attendant, «je compte y contribuer par la mobilisation des compétences de notre groupe», souligne le patron de BMCE Bank.