A première vue, le grand portail du parc zoologique de Témara, ou ce qu'il en reste, ne paye pas de mine et les pluies annoncées pour le week-end ajoutent à la morosité des lieux. Un homme, la trentaine, s'avance. Il tend un ticket et demande à être payé en retour. Détail frappant, le ticket qui coûte 5 DH porte la mention «souk hebdomadaire» en langue arabe. Réaménagement oblige, le parking du zoo – et le gardien de voitures- a été improvisé entre deux grands eucalyptus, face au groupement du Makhzen mobile, une grande caserne des Forces auxiliaires. Et le lancement des travaux du nouveau jardin zoologique national, une centaine de mètres plus loin, donne une impression de laisser-aller chez le visiteur du parc actuel. Dès les premiers pas dans les allées, on peut déjà «admirer» l'état de défiguration que vit désormais ce lieu, vieux d'une quarantaine d'années. Déboisement, espaces réduits, cages vides,...et puis, une longue clôture en zinc qui sillonne l'aile nord du parc, là où crèchent les grands éléphants d'Afrique. «La partie du terrain de l'ancien zoo, cédée au groupe immobilier Addoha, a concerné des parcelles non occupées par des animaux, tels le grand parking de voitures et certains espaces vides», explique Said Hajib, le directeur du parc. Mais, heureusement, l'évacuation de l'assiette foncière du zoo qui abrite les animaux ne sera opérée qu'après achèvement des travaux de construction et d'aménagement du nouveau jardin zoologique à la fin de l'année prochaine et le transfert de tous les animaux. En fait, l'actuel parc zoologique de Rabat, créé en 1969, recèle un patrimoine faunistique très riche et varié comportant près de 1.800 animaux appartenant à plus de 200 espèces. Cependant, le parc connaît depuis un certain temps un vieillissement de ses infrastructures et ses équipements ne reflètent pas l'image d'un parc zoologique moderne. « La présentation de la collection animale ne répond plus aux exigences des zoos modernes telles que définies par l'association mondiale des zoos et aquariums (WAZA)», précise le directeur du zoo. Il n'hésite d'ailleurs pas à ajouter que l'emplacement actuel du zoo, dans un milieu très urbanisé, est source de dérangement pour les animaux. Au niveau du Haut-commissariat aux eaux et forêts (en charge des parcs nationaux), on nous explique que la société «Jardin zoologique national S.A. (JZN), en charge du zoo depuis 2007, a «pris toutes les dispositions techniques nécessaires au bien-être et à la préservation de la collection animale de l'actuel parc zoologique». Pourtant, «la faune carcérale» des lieux vit l'enfer depuis le lancement des travaux du projet immobilier mitoyen. Une image de désolation créée par les immenses grues et le bruit incessant des engins de construction. L'année dernière, la seule girafe du parc est morte. Certains suspectent « un cas de suicide » provoqué par l'exiguïté et les nuisances sonores. Le directeur du parc, lui, explique cette mort subite comme étant simplement biologique: « Comme dans tous les zoos du monde, le parc de Rabat enregistre des naissances et de la mortalité, et la mort de la girafe en janvier 2008 était biologiquement normale. Cet animal avait déjà plus de 20 ans, alors que ces animaux ont une longévité ne dépassant guère 15 ans dans la nature et 20 à 25 ans en captivité». Voilà pour la mise au point! Un parc aux standards internationaux De l'autre côté de la RN1, l'ancienne route de Casa, face au complexe sportif Moulay Abdellah, les travaux d'aménagement du nouveau zoo de Rabat vont bon train. Le projet est en phase de construction des infrastructures d'accueil des visiteurs et les bâtiments administratifs du nouveau jardin zoologique sont à un stade avancé. La livraison du produit fini est prévue pour fin 2010. Le design et l'aménagement de ce nouveau zoo sont fondés sur un concept ouvert, présentant d'une manière interactive les animaux dans un cadre naturel similaire à leur habitat d'origine. Ce choix, très prisé dans les zoos de Singapour ou de Londres, permet d'immerger le visiteur dans une découverte de proximité de la vie animale. Le futur établissement sera orienté pour devenir, selon les responsables du Haut-commissariat, « un véritable centre de conservation en contribuant à la sauvegarde et la multiplication des espèces les plus menacées de la planète ». En fait, l'originalité de ce zoo est qu'il est spécialisé dans la présentation de la faune marocaine, saharienne et africaine, ce qui offre à cet établissement zoologique une opportunité de se démarquer de la concurrence et de mettre en valeur les spécificités du continent africain. Et c'est dans ce sens d'ailleurs que la société JZN prévoit l'acquisition de nouvelles espèces pour enrichir la collection animale actuelle. Les investigations sont déjà lancées auprès des établissements zoologiques au niveau international pour l'acquisition de ces nouveaux animaux. Le choix de l'emplacement du nouveau zoo n'est pas fortuit. Bâti sur une parcelle de 50 hectares, le parc est situé à l'intérieur d'une ceinture verte, située à l'extrémité ouest de la capitale du pays et reste très accessible du fait d'une double desserte autoroutière et ferroviaire. A la fin de l'année prochaine, si bien sûr l'échéancier des travaux est maintenu, le parc zoologique national aura un autre visage : une montagne de l'Atlas (reproduction d'une montagne de 15 mètres abritant des mouflons à manchettes, singe magot et d'autres espèces marocaines vivant dans les régions montagneuses marocaines), une savane, des zones de marécages,... Les écolos et autres défenseurs des animaux ne sont pas oubliés dans ce nouveau concept : les stimulations des différents écosystèmes, inclus dans les enclos, permettraient aux animaux d'user de « leurs répertoires comportementaux » ! Un safari de nuit sur 10 ha Le plan directeur d'aménagement du futur zoo prévoit la mise en place d'un jardin zoologique du jour sur 20 ha qui abritera diverses espèces animales africaines, sahariennes et marocaines. Il est conçu sur la base de techniques d'immersion, de vues séquentielles, de paysages simulés et d'expositions multi-espèces. Et, grosse nouveauté : le nouveau parc zoologique de Rabat sera doté d'un Safari de nuit sur 10 ha permettant d'augmenter la durée de visite du zoo et présentant des animaux à activité nocturne. Le parc sera également doté d'un centre d'accueil et d'animation, pour une gestion active des événements, de shows en rapport avec les missions du zoo et d'un lieu de restauration principalement pour capter une clientèle ciblée. L'idée étant de maximiser la rentabilité du parc. « Les travaux sont à un stade avancé »:Hajib Said, Directeur du parc zoologique de Témara Les Echos : On a l'impression que le parc zoologique de Témara est presque abandonné... Said Hajib : En fait non, le zoo n'est pas abandonné, mais il est en train d'être revalorisé selon un concept moderne. Le fait est que la présentation de sa collection animale ne répond plus aux exigences des zoos modernes telles que définies par l'association mondiale des zoos et aquariums (WAZA). Et puis, il faut dire aussi que l'emplacement actuel de ce dernier dans un milieu très urbanisé est source de dérangement pour les animaux. Où en sont aujourd'hui les travaux du nouveau parc? L'échéancier des travaux est-il respecté ? Le projet de construction et d'aménagement du nouveau zoo de Rabat a été lancé officiellement le 15 octobre 2008. Toutes les études architecturales et techniques sont achevées. Au stade actuel du chantier, les travaux de sécurisation et d'infrastructures de base, notamment l'installation de la clôture périmètrale, les fossés de sécurité et les travaux d'assainissement sont terminés. De plus, les travaux de construction des infrastructures d'accueil des visiteurs et les bâtiments administratifs du nouveau jardin zoologique sont à un stade avancé. Pour l'échéancier, nous prévoyons la livraison de ce nouveau concept vers la fin de 2010. Le projet immobilier qui fait désormais partie du décor va-t-il poursuivre l'invasion de l'espace du parc ? La partie du terrain de l'ancien zoo cédée au groupe immobilier Addoha a concerné des parcelles non occupées par des animaux, comme le grand parking de voiture, par exemple. L'évacuation de l'assiette du zoo qui abrite les animaux ne sera opérée qu'après achèvement des travaux de construction et d'aménagement du nouveau jardin zoologique et le transfert de tous les animaux. L'image d'animaux entourés de blocs d'immeubles n'est pas rassurante. On a même parlé d'un cas de «suicide» d'une girafe. Est-ce vrai ? Comme tous les zoos du monde, le zoo de Rabat enregistre des naissances et de la mortalité. La mort de la girafe en janvier 2008 était biologiquement normale. Cet animal avait déjà plus de 20 ans, alors que ces animaux ont une longévité ne dépassant guère 15 ans dans la nature et 20 à 25 ans en captivité.