«Motivation, dynamisme et ambition», voilà le triptyque des critères de recrutement désormais facteurs décisifs d'embauche pour les chefs d'entreprise. Un récent sondage mené par le site Bayt.com dans les principaux pays de la région MENA, dont le Maroc, démontre que les employeurs se fixent de nouveaux objectifs dans la manière de recruter leurs collaborateurs. Cependant, il faut aussi garder à l'esprit que bien que cet étude ait auditionné le Maroc parmi ses échantillons, certains pays comme l'Egypte ou encore le Liban ne présentent pas tout à fait la même culture d'entreprise qui prévaut au Maroc. Ce point de détail étant fait, le sondage relève que 28, 8% des patrons de la région privilégient la motivation du postulant, suivie de près par les facteurs salariaux, avec 22,7%. Cette nouvelle tendance reclasse le critère «bilan de carrière» en dernière position. Plus concrètement, la plupart des employeurs, à savoir 67,2% envisagent l'embauche d'un candidat sur la base de compétences pertinentes adaptées aux attentes et à l'activité de l'entreprise. En d'autres termes, le candidat doit présenter une valeur ajoutée sûre pour la société qu'il prétend intégrer. Ce critère pourrait dans la même lignée se détacher du critère «expérience professionnelle», qui jusque là prévalait dans les recrutements. La manière d'envisager l'embauche serait-t-elle entrain de changer ? Il semblerait bien que oui. L'étude menée par Bayt.com va jusqu'à déceler une nouvelle tendance, qui démontre que 59,6% des chefs d'entreprise sont prêts à embaucher un subordonné plus âgé qu'eux et 74,6% se disent même capables de recruter une ressource plus qualifiée qu'eux mêmes. Des patrons plus exigeants Les employeurs interrogés semblent être plus intransigeants quant au degré de professionnalisme des candidats qui se présentent à eux en entretien. Aussi, la première preuve de cette qualité réside dans la manière même de préparer le tête-à-tête avec le chef d'entreprise. Ces derniers déplorent ce manquement trop récurrent des postulants qui se présentent souvent très mal préparés aux entretiens d'embauche. Ainsi, 20% des employeurs considèrent que cette mauvaise préparation peut être lun facteur éliminatoire chez les employés potentiels. De même, ils sont 17,5% à estimer que la malhonnêteté est le pire trait de la personne interrogée, suivie de près par le candidat arrivant en retard ou qui poserait des questions inappropriées. Pire encore, nombre de chefs d'entreprise ayant répondu au questionnaire de l'étude se disent souvent déçus par le niveau d'expression et de rédaction des prétendants. Les résultats de l'enquête montrent en effet que l'orthographe et la grammaire sont souvent déplorables chez les candidats qu'ils auditionnent. Il faut ajouter à cela le faible niveau de langues que 21,3% des employeurs regrettent. Ce point est même jugé comme étant «la plus grande faiblesse que les demandeurs d'emploi puissent présenter» lors d'un entretien. Toutes ces considérations faites, elles ne sont pas sans démontrer donc le haut niveau des attentes des «nouveaux employeurs», qui peinent à trouver ces pépinières pouvant démontrer de très bonnes capacités à faire évoluer l'entreprise par des compétences certaines, un niveau et une maîtrise de langue élevés. Mais pour faire valoir tous ces atouts, la manière doit donc aussi être mise à contribution. Postulants, sachez vous valoriser ! Une simple page de présentation est révélatrice à la fois de la personnalité, de la rigueur, du degré de professionnalisme et de la motivation d'un candidat à l'embauche. Non, ce n'est pas exhaustif pour les chefs d'entreprise de la région, notamment les patrons nationaux. D'ailleurs, la mauvaise qualité de présentation et du contenu du CV (vitrine du candidat) restent une des erreurs rédhibitoires aujourd'hui pour ces derniers. Ils sont 19,7% à déplorer la mauvaise présentation de ce document, première interface entre le postulant et l'employeur. Plus concrètement, il faut que le CV soit presque irréprochable et surtout personnalisé pour leur rôle, afin d'espérer passer à l'étape suivante, à savoir l'entretien d'embauche. Dans le détail, 16,4% des patrons sondés estiment que la plupart des CV qu'ils reçoivent présentent des exagérations claires et 14,8% soulignent la mauvaise présentation de ce document clé, qui révèle dans de nombreux cas un véritable manque de concentration dans son élaboration ou encore des omissions importantes. «Les résultats de notre enquête suggèrent que les candidats seraient plus efficaces s'ils prenaient le temps d'examiner attentivement leur curriculum vitae avant de le soumettre à un employeur potentiel», explique Amer Zureikat, responsable de Bayt.com pour la région MENA. Le manque de motivation pour le rôle et les compétences interpersonnelles viennent en quatrième position des critères sur la liste des plus grands motifs de rejet (12,5%), suivi de près par la tenue vestimentaire que 7,5% des patrons estiment inappropriée et enfin le trop plein d'agressivité que 2,5% des chefs d'entreprise estiment rédhibitoires. Tous ces élements font également que l'entretien d'embauche reste une véritable épreuve à ne surtout pas rater. Un long processus ... parfois périlleux Si l'entretien est souvent perçu comme une épreuve difficile, il pourrait se révéler d'autant plus dangereux lorsqu'il s'éternise. Aujourd'hui, dans la nouvelle configuration du processus d'embauche, la plupart des employés potentiels sont susceptibles d'être interviewés par une ou deux personnes (27,3% et 28,8%, respectivement). Dans ce sens, 22,7% des patrons interrogés affirment que les candidats sont susceptibles de passer par au moins trois paliers de tests. Toutefois, peu importe à combien de personnes le candidat répond, la grande majorité des employeurs (70%) estiment que la première entrevue reste décisive. De plus, près de 61% des employeurs considèrent les pratiques d'embauche dans leur entreprise plus sophistiquées, avec 58,1% affirmant que leur organisation offre une formation aux responsables RH sur les techniques d'entrevue. En conclusion, la technique d'embauche ne serait plus la même que celle qui prévalait il y a quelques années, elle se modernise et devient plus sélective. Jamal Belahrach, Président de la commission emploi de la CGEM Nous sommes aujourd'hui confrontés à un contexte démographique mondial et une rareté des compétences telle, que nous privilégions davantage les talents que l'expertise. Par talent, j'entends une combinaison de trois critères : le savoir-faire académique, le savoir être lié à la communication en société et enfin le savoir-faire résultant de l'expérience professionnelle. Aujourd'hui, nous sommes définitivement entrés dans une ère de talent et de la recherche du capital humain, désormais nécessaire aux entreprises. Au Maroc, la difficulté de trouver ce genre de profils est d'autant plus ressentie par les chefs d'entreprise que des personnes compétentes mais aussi ayant une personnalité qui leur permet un bon développement au sein de la structure sont une denrée rare. Quant à la motivation, je pense que c'est un critère important, mais il convient tout de même de noter qu'il est difficile de le déceler lors d'une simple entrevue, puisque ce dernier se ressent a posteriori, à savoir une fois que le candidat a intégré l'entreprise.