Les premières perspectives pour la récolte du blé de l'hiver 2012, ainsi que celles des céréales secondaires, qui seront récoltées à partir de mai, restent encore floues en Afrique du Nord. Tel est le constat de la FAO. «Au Maroc, la préparation des terres et les semis ont été affectés par des pluies inférieures à la normale en novembre et décembre. La régularité des pluies en temps opportun sera cruciale, au cours des prochains mois, pour éviter une potentielle perte de rendement», lit-on dans son dernier bulletin. La FAO se veut donc plus optimiste que le gouvernement, qui s'attend déjà à une mauvaise récolte. Au département de l'Agriculture, les projections les plus optimismes tablent sur une production inférieure à 30 millions de quintaux (Mqx), dans le meilleur des cas, alors que la FAO estime la production à près de 40 Mqx en 2012, en raison, notamment, de l'apport des cultures irriguées. Seule certitude donc, les importations céréalières augmenteront cette année pour couvrir le déficit national. En attendant la détente Une prudence que confirment les conclusions de la FAO : «Les besoins d'importations pour la campagne de commercialisation 2011/12, qui commence à partir du mois de juin ou juillet devraient rester élevés dans les régions de l'Afrique du Nord». La demande sera, à peu près, de l'ordre de 23 millions de tonnes de blé, bien au-dessus de la moyenne des 5 années précédentes. La facture pour les pays de la région, qui reste «fortement tributaire des importations de blé en provenance du marché international, pour couvrir leurs besoins de consommations», sera salée pour les prochains mois. La FAO indique que la production de blé sera inférieure cette année de 1,4 ; à peu près de 10 millions de tonnes, au record de l'an dernier, tout en restant nettement supérieure à la moyenne des cinq dernières années. Pour les prochains mois, les semis ont augmenté ou sont appelés à augmenter. Les experts s'attendent à un retour à des rendements normaux dans les zones qui ont enregistré des niveaux records, l'an dernier. Toutefois, «il est cependant trop tôt pour estimer la production céréalière totale de 2012». Ces incertitudes qui font suite à une campagne des plus mitigées pour le début de la saison. Selon les chiffres arrêtés à fin février par l'ONICL, depuis le début de la campagne, les importations de céréales ont atteint 36 Mqx. Soit une baisse de 10% par rapport à la campagne précédente. Les perspectives de bonnes récoltes, sur les principaux marchés fournisseurs contribueront ainsi à alléger la facture céréalière nationale, même si elle restera à un niveau élevé. Les prix à l'international ne cessent, en effet, de culminer à leurs plus hauts niveaux. Le plus pressant est d'assurer l'approvisionnement normal du marché, afin de limiter l'impact de la spéculation au niveau interne. De quoi espérer que les importations, notamment du blé, qui ont coûté à l'Etat près de 10 MMDH, en 2011, n'explosent pas durant les prochains mois. La FAO s'attend à une détente des prix à partir de la fin de ce mois de mars, même si le Maroc a déjà passé l'essentiel de sa commande à court terme. La prolongation de la suspension du droit de douane, pour favoriser les importations, court jusqu'au mois d'avril pour le blé tendre et jusqu'à fin mai pour le blé dur. À partir de là, il sera alors question de protéger la commercialisation de la production nationale.