Le Festival des contes a, cette année, huit ans, et c'est à Agadir que se sont tenues ses quatre premières éditions avant de ramper vers Rabat, plus exactement à Témara. Le patrimoine oral marocain recentré, contourné et dit lors des premières éditions, les temps présents permettent que l'on s'attèle sur l'expérience des autres. La parole sera donnée au grand Maghreb pour que «l'unicité des cultures fasse l'unité des peuples !». Du 30 août au 5 septembre, le festival du conte promet sept jours et sept nuits de rêve...comme dans les contes. Souvent, dans les événements qui consacrent ce patrimoine oral, un micro ouvert où des amateurs peuvent présenter leurs contes est dressé, sinon un concours des meilleurs conteurs est organisé. Pour l'association Conte'Act, l'intérêt premier réside dans le récit de mille et une ruses, racontées par ses conteurs nationaux. Lundi 30 août, le démarrage de la parade d'ouverture du Centre de protection de l'enfance de Témara entraînera dans sa trame des conteurs et troupes maghrébins, des troupes locales, des personnages fantastiques, des associations locales mais surtout le grand public. Des instants si intenses de complicité entre celui qui raconte et celui qui écoute, des temps forts où les imaginaires se rencontrent pour entrer dans un monde magique, par la porte de la Casbah des contes à la place Moulay Rachid. Lieu mythique et site principal du festival, cette Casbah est l'une des composantes pour que le conteur nous fasse rêver, grâce à sa technique rigoureuse puisée dans la fragilité de l'instant. Contes et légendes Le premier jour passé, c'est tout le Maghreb qui est convié à partager ses «Hajjayates» (contes) dans les tentes patrimoniales des pays maghrébins, dressées dans la Casbah. Le programme contient des lectures de récits, des ateliers pour enfants et des animations artistiques destinées notamment aux enfants du Centre social Aïn Atiq, à la Maison des jeunes de Skhirate, au Centre de protection de l'enfance de Témara, à la Maison des jeunes de Aïn Aouda, à la Maison des jeunes de Sidi Yahia. Pourvu que le plaisir de découvrir des histoires favorise le passage des jeunes à la lecture. En effet, à compter du mercredi 1e septembre, chaque soirée sera dédiée à un pays entre les murs de la Casbah de la place Moulay Rachid afin de suivre des pas de danses populaires locales, de goûter à sa tradition culinaire et de faire connaissance avec ses héros imaginaires, dans l'ordre : Mauritanie, Lybie, Algérie, Tunisie et Maroc. Ces contes maghrébins feront la part belle au patrimoine marocain dans toutes ses composantes, avec une trentaine de conteurs pour le Hassani, une autre trentaine pour la halqaa de Jamaâ Lfna, et une troisième trentaine qui se penchera sur les contes de l'oriental se confondant souvent avec les légendes kabyles. Pas moins de 30 conteurs viendront raconter le Nord et ses mystères quand une centaine d'autres viendront défricher le patrimoine amazigh, de Nador, de Tiznit ou encore du Moyen atlas. Une unicité des peuples occasionnée par le conte. Le festival prévoit également une table ronde, le 2 septembre, à la bibliothèque nationale de Rabat pour débattre du rôle de la culture dans le rapprochement des peuples. Le Festival des contes est un grand moment de persévérance, de mise en scène d'un patrimoine laissé en désuétude mais surtout de rassemblement de ceux qui semblent le porter à bras le corps des quatre coins du pays. C'est tout le travail de l'association Conte'Act, créée en 2000 suite à un regroupement de chercheurs universitaires (1992) en patrimoine oral qui a pris conscience de l'enjeu culturel et patrimonial combien riche au Maroc, et dans le grand Maghreb. Outre des soirées fréquentes de lecture de contes à la Villa des arts (Casablanca-Rabat), ou encore des productions télévisuelles, l'équipe Conte'Act continue d'enregistrer des capsules-télé par les bons soins de ses équipes. Pour que l'oralité devienne bien une réalité ! Mahacine Mokdad