Aujourd'hui, on célèbre la journée nationale des Marocains résidant à l'étranger (MRE). Et à journée spéciale, thématique spéciale. Pour cette huitième édition, le thème de la protection des droits des MRE en temps de crise semble tout approprié. Actualité oblige. Nos concitoyens à l'étranger sont les premiers à faire les frais de la crise économique. Etat et ONG se mobilisent, chacun de son côté, pour limiter les effets de cette crise sur les MRE. La rencontre internationale organisée ce mardi par le ministère de tutelle sera ainsi l'occasion de faire le point et de développer une vision globale et concertée des stratégies et des mécanismes nécessaires pour une meilleure garantie des droits de cette population. Cette journée promet d'être riche en réflexions sur les droits des migrants et leur application. De gros calibres feront le déplacement à Rabat pour aborder le thème de la protection internationale des travailleurs migrants pour ne citer que Abdelhamid El Jamri, président du comité ONU-CMW, Philippe Boncour de l'Organisation internationale pour les migrations, et Christiane Kuptsch, du Bureau international du travail, ainsi que plusieurs représentants de départements ministériels, notamment le département de l'Emploi. Il sera question des conventions conclues par le Maroc et leur mise en œuvre, ainsi que l'application des droits des migrants aux MRE. Sans oublier les ONG actives dans la protection des droits des MRE. Ces dernières font office d'avant-garde sur des fronts tels les droits civiques, sociaux et culturels ou l'emploi, thématiques évoquées lors de cet événement. Renforcer le plaidoyer Pour Abdelfattah Ezzine, coordinateur du Réseau euro-marocain migration et développement, «il n'y a pas de réel partenariat entre l'Etat et la société civile». Le message est donc lancé au renforcement du partenariat entre les acteurs principaux de ce dossier. Il faut avouer qu'au 1e Forum mondial migration et développement (FMMD), organisé à Bruxelles en 2007, le Maroc avait d'ores et déjà tracé sa voie. Valoriser les immigrés et leur garantir leurs droits est aussi le rôle de la mère patrie. Néanmoins, ce débat libre et citoyen se doit aussi d'être cacheté par force d'imposition. Pour l'heure, c'est une opportunité de taille que le Maroc ait été désigné comme pays organisateur du FMMD de 2012, qui s'avère actuellement (et malheureusement) le dernier de la série. «Notre pays doit écouter la société civile avec toute ses composantes, et les traduire». En effet, la bonne volonté étatique est là, l'écoute, l'accompagnement aussi... mais cela s'avère encore insuffisant et il faut aller au fond des choses. En attendant, le climat est brumeux. En quête d'intégration Parmi les constats dévoilés, le 27 juillet dernier, par l'enquête de l'Institut BVA, réalisée auprès de 2.610 jeunes MRE ou d'origine marocaine d'Europe, le sentiment majoritaire de discrimination pèse chez 53% des sondés. Lors d'une table ronde au thème similaire organisée à Larache à propos des «migrants sur fond de crise», les intervenants avaient fait allusion aux effets socioéconomiques néfastes accompagnant la crise (chômage, régression des opportunités d'emploi et politiques de retour déguisées) entre autres, multipliés par le resserrement de la vis juridique. Le quotidien des immigrés titube depuis la crise, dans certains Etats européens, entre racisme et islamophobie, car considérés comme une cause de cette crise et non comme ses victimes. Le recul enregistré dans l'application des lois pour la protection des immigrés est visible à l'œil nu. Un panorama, doit-on le dire, brumeux face auquel le Maroc a sorti la grosse artillerie. Une mobilisation venue par la mise en place d'un secrétariat d'Etat en charge des MRE, d'abord, puis par l'instauration d'un Conseil consultatif des marocains à l'étranger. Une stratégie dédiée est aussi sur les rails sans oublier une panoplie de conventions et de partenariat signés pour faciliter la vie à nos marocains d'ailleurs.