Tout le monde reconnaît à travers tout le monde qu'il y a deux catégories de fonctionnaires : les bons et les mauvais. Et dans les mauvais, il y a encore deux catégories : les pourris et les incompétents. Je vais peut-être vous étonner, mais si je dois choisir entre les pourris et les incompétents, je choisirais, sans hésiter, les pourris. Parce que les pourris, eux, on peut toujours espérer les coincer un jour. Par contre, les incompétents se cachent toujours derrière la loi, les procédures, les circulaires et «les instructions». En fait, si on approfondit encore plus le rayon des incompétents, on va trouver que là aussi, il y a deux catégories : les incompétents congénitaux et les incompétents attardés. Les premiers, les pauvres, sont irresponsables. Ils sont nés comme ça, incompétents, comme on peut naître borgne, bossu ou pied-bot. Mais, les seconds, «les attardés», sont vraiment les pires. Ils sont irrécupérables ! Je suis sûr que vous avez eu affaire un jour à cette espèce qui n'est pas, hélas, en voie de disparition. Ils sont hyper dangereux, dans la mesure où, conscients ou pas, ils nous ramènent plusieurs années en arrière. Ce serait un peu dommage car, après tout, nous devons reconnaître qu'il y a des gens, ici, de plus en plus nombreux, qui veulent faire avancer le schmilblick. C'est pour ça que je préconise qu'on mette, le plus tôt possible, ces «attardés», dehors car on ne pourra jamais les mettre à niveau, car ils n'ont aucun niveau. Ils sont dangereux pour le pays ! Oui, Mesdames et messieurs : pour le pays ! Tenez, pas plus tard que ce lundi, mon ami l'écrivain Jaouad Benaissi a reçu de La Poste un «avis d'arrivée de colis». Muni de la notification en question, il se présente au comptoir pour retirer la bien nommée «Amana». Il s'agissait d'un colis contenant une cinquantaine d'exemplaires de son délicieux roman «Zizouna», dont j'ai eu le plaisir de faire l'éloge, ici même, il n'y a pas si longtemps. L'inspecteur de douane qui le reçoit se contente de jeter un coup d'œil sur le papier jaune, le lui rend aussitôt, lui marmonne un laconique : «On ne peut pas vous remettre ce colis. On a des instructions» – Tiens, tiens ! – et lui tourne le dos. Aucune explication et aucune justification. Rien ! Jaouad, en général, doux comme un agneau, rouspète, vocifère et ne se laisse pas faire. Rien n'y fait ! Alors, il rentre chez lui et poste un petit texte sur son compte Facebook pour raconter sa mésaventure. En quelques minutes, des messages de soutien et de solidarité ont commencé à affluer de partout. Je n'exagère pas, mais il se peut qu'à l'heure qu'il est, même le Quai d'Orsay soit au courant. C'est ça la force d'Internet, que ces attardés n'ont pas encore pigée. Le problème c'est que, peut-être, c'est juste une question de formalités que ce douanier trop zélé n'a pas daigné expliquer à un citoyen qui se trouve être un écrivain et donc, quelqu'un capable d'écrire pour protester. Et après, on va se plaindre que le Maroc est mal-aimé, que les Marocains n'aiment pas leur pays et tutti quanti. Jusqu'à quand ? Bon week-end quand même.