Miloud Chaâbi qui se lance dans la sidérurgie; Maghreb Steel qui tente l'aventure dans l'export , Univers Acier qui vient de lancer un nouveau laminoir et Somasteel, nouveau-né sur le marché marocain... Décidémment, les grandes manœuvres s'enclenchent dans le secteur de l'acier. En effet, comme nous vous le rapportions dans notre édition d'hier, Ynna Holding inaugure, ce mardi, un nouveau complexe industriel, Ynna Steel, à Berrechid. Il devrait s'étendre sur 14 hectares et devrait produire 400.000 tonnes d'aciers par an. De son côté, Maghreeb Steel vient d'annoncer la réalisation de sa première transaction à l'export de bobines laminées à chaud, notamment sur les marchés allemand et espagnol. Ce revirement stratégique de l'opérateur vers l'export vient suite au démarrage de son complexe de laminage à chaud qui permet à «Maghreb Steel de répondre aux besoins nationaux en bobines laminées et d'exporter l'excèdent», note-t-on auprès du sidérurgiste. C'est à croire que le secteur offre un potentiel indéniable pour les opérateurs encourageant ainsi une politique d'investissement agressive et poussant les opérateurs vers une concurrence exacerbée. Une année 2009 à oublier Pourtant, les sidérurgistes viennent de passer par une année 2009 assez délicate. En effet, «fortement influencé par la crise internationale qui aura entraîné une baisse de 8% de la production mondiale de l'acier et une baisse drastique de 15% des prix internationaux, le secteur a connu une année 2009 difficile» confirment les analystes de CFG Group. À cela s'ajoute l'impact du renforcement de la concurrence, avec l'apparition de nouveaux opérateurs. Selon les estimations des analystes, cet acharnement aurait, à lui seul, provoqué une baisse de 30% des prix. Cette baisse a provoqué une importante dévalorisation des stocks des opérateurs et a poussé les sidérurgistes à recourir à un stockage massif pour éviter justement de vendre à perte, dans un premier temps, avant de devoir entreprendre, dans une deuxième phase, un déstockage tardif et massif accompagné de fermetures d'usines ou de baisses de capacités de production, comme cela a été le cas pour Sonasid. Ce déstockage a également coïncidé avec le déversement d'une offre de produits étrangers à des prix bas sur le marché. «En 2009, près de 96.000 tonnes de produits étrangers ont été importés, soit près de 6% de l'offre globale» rapporte la même source. Dans ce contexte, les ventes des sidérurgistes au niveau national ont connu une croissance limitée et bien inférieure à celle attendue par le marché. Du côté des premiers indicateurs de l'année 2010, aucun signe probant de reprise du secteur n'a été souligné par les opérateurs au terme des trois premiers mois. Cependant, la hausse du taux d'utilisation des capacités de production à 72% vers fin décembre 2009 présage qu'ils anticipent tout de même un mouvement de reprise graduelle de la chaîne industrielle. «Nous estimons que ce taux devrait continuer à s'accroître sur les 12 prochains mois, sans pour autant atteindre le niveau d'utilisation d'avant crise, soit 91% en juin 2008», rapportent les analystes de CFG Group. Néanmoins, il est à signaler que cette hausse de la production devrait se traduire par la prédominance d'une situation de surcapacité tout au long des mois restant de 2010. Dans ce contexte, la rentabilité des sidérurgistes risque d'être fortement pénalisée. Nouveau système de fixation des prix des minerais de fer «Au niveau international, le fait marquant du premier trimestre et probablement de toute l'année 2010 est le passage d'un système de fixation annuelle à un système de fixation trimestrielle des prix du minerai de fer». L'entente trouvée par les trois grands groupes BHP Billiton, Rio Tinto et Vale fait suite au besoin de définir une structure de prix reflétant, à un instant donné, l'état du marché, soit à travers un marché spot soit à travers des contrats à court terme. «Le passage à un système de contrats court terme devrait entraîner une plus forte volatilité et une faible visibilité des coûts d'achat des sidérurgistes» prévoient les analystes. Cela devrait se traduire par une hausse probable de près de 100$/T d'acier conduisant, par effet d'entraînement, à une hausse des coûts d'achats consommés de matières première des sidérurgistes et à une hausse des prix de vente en gros et en détail. Cela risque aussi d'enrayer la politique de production au meilleur coût de sidérurgistes et ainsi limiter la reprise de la profitabilité, malgré l'impact de la relance de l'habitat social et du dynamisme du secteur des BTP sur le plan national. Les opérateurs du secteur sidérurgique tablent en effet sur une reprise à compter du début du semestre en cours, grâce notamment à cette relance de l'habitat social et au maintien des projets d'infrastructures, le tout combiné au redressement des cours à l'échelle internationale. Par ailleurs, selon les associations industrielles internationales, les prix de l'acier vont continuer à rester élevés cette année, avec de légères fluctuations, à la suite de la hausse des coûts des matières premières et une pénurie du minerai de fer. C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer la nouvelle stratégie de Maghreb Steel orientée vers l'export. La situation des marchés internationaux souffle donc le chaud et le froid sur les sidérurgistes nationaux. Reste maintenant à savoir qui des opérateurs tirera le mieux profit alors que le contexte devient de plus en plus concurentiel.