Certains assimilent faussement le Hip hop au Rap. Ce fait relève plus de l'ignorance de cet art qui mérite, pourtant, d'être connu. C'est la mission que se sont assignés quatre jeunes américains issus de la ville de Chicago. Ces jeunes artistes ont décidé de faire une tournée de deux semaines au Maroc, au cours desquelles ils ont partagé leurs expériences sur l'art Hip hop. Asad Jafri est DJ et directeur des arts et culture à Chicago de «Inner-City Muslim», une organisation communautaire qui travaille pour la justice et développe l'art dans la vie sociale dans les commnautés urbaines aux Etats-Unis. Accompagné du duo de rap «The ReMINDers» et du breakdancer, chorégraphe et directeur du groupe «Stick and Move», Jonathan St. Clair, Asad a silloné le Maroc, du 8 au 19 juillet, d'El Jadida à Safi, de Casablanca à Meknès et à Fès, pour enfin boucler sa tournée à Casablanca. Le Hip hop, un style de vie Durant leur tournée, ils ont enseigné aux jeunes marocains la culture Hip hop, depuis ses origines jusqu'à nos jours. Ils ont pu partager leurs expériences avec quelques artistes hip hop marocains, tels que Casacrew, DJ Maw ou Wax, Oum, et bien d'autres, grâce aux différents ateliers organisés en marge de la tournée. C'était l'occasion idéal de répondre à la question : Le Hip hop est-il véritablement un art ? À en juger par l'enthousiasme des jeunes présents aux ateliers, aux réactions positives des artistes marocains participant aux «Masters classes» et à la satisfaction des quatre envoyés américains pour la culture, la réponse est, évidemment, oui ! Comment en douter lorsqu'on sait que le Hip hop est un mouvement culturel et artistique qui regroupe le Graffiti, le Deejaying, le Beatmaking, le Human beatbox, le Hip hop soul et le Rap. Ce grand mouvement culturel qui «s'inscrit, à la fois, dans la continuité et la rupture avec la musique noire américaine, est né dans le Bronx, dans les années 1970». Tout un programme socio-culturel À ceux qui ne font toujours pas la différence entre Hip hop et Rap, il est important de savoir que «sans la culture Hip hop, le Rap n'existerait pas, car elle le contient et non l'inverse». Le Rap est simplement le plus exposé des disciplines de la culture Hip hop. Nos quatre ambassadeurs de la culture Hip hop ont plus d'un tour dans leurs sacs. En effet, leur tournée n'est pas que musicale. Leur action s'inscrit également dans un vaste programme socio-culturel qui a pour objectif premier d'apporter des solutions aux problèmes sociaux par le biais des arts. En dehors du Deejaying (ce que fait un DJ), Asad Jafri enseigne aussi, aux jeunes, les principes réligieux et la vie en communauté. Il essaie d'inculquer à ces adolescents les valeurs de la vie à travers l'Islam. Ce sont, donc, des purs moments de partage que les Marocains des villes visitées, ont pu vivre avec ses ambassadeurs du Hip hop dans ce qu'il a de pur (The roots). Contrairement à ceux qui ont choisi de faire du Hip hop leur fonds de commerce, ces jeunes prouvent que grâce à l'art on peut très bien enseigner à la jeunesse les vertus de ce monde. Ces principales vertus demeurent, sans doute, la persevérance et la détermination. C'est en tout cas ce qu'ont affirmé, à l'unanimité, et presque en chœur, nos quatre ambassadeurs de la culture Hip hop, lors du tour de table le 19 juillet dernier, au Complexe culturel de Sidi Belyout. La Culture Hip hop vue du Maroc Interrogée lors du tour de table clôturant la tournée culturelle, la jeune artiste Soultanat (Youssra Oukaf, de son vrai nom), membre de l'ex-groupe Tigress Flow, gagnant du prix Génération Mawazine en 2008, a regretté le fait que les autorités culturelles marocaines ne donnent pas aux jeunes la possibilité d'exprimer leur art. Il est vrai que la plupart des groupes s'en sortent par eux-mêmes, obligés d'appliquer le système D, et n'ont aucun soutien de la part de l'Etat. Mis à part quelques groupes qui ont déjà fait leur preuve, comme Casa Crew, qui a également une association qui vient en aide aux jeunes en leur enseignant les règles de base du Hip hop, les petits calibres ne s'en sortent pas. Pourtant, Hicham Abkari, directeur artistique du Festival de musique de Casablanca et fervent partisan des arts de la scène, n'est pas de cet avis. Ayant également pris part à cette table ronde et en fin connaisseur du milieu culturel marocain, il a tenu à souligner que «le Hip hop au Maroc a considérablement évolué, aujourd'hui, comparativement à quelques années plus tôt». Les nombreux festivals organisés un peu partout dans le Royaume en sont la parfaite illustration. S'il est vrai que les organisateurs n'ont pas tous les mêmes ambitions, il n'en demeure pas moins que quelques uns veulent avant tout promouvoir le Hip hop en tant qu'art. Mais aussi, permettre à la jeunesse de s'exprimer en montant sur la même scène que des icônes de la musique mondiale. En outre, même si le Hip hop marocain n'est pas considéré comme un art, à part entière, par les autorités, les efforts déployés pour le porter au niveau international sont à encourager. On espère que le message des ambassadeurs américains de la culture Hip hop est bien passé.