Va-t-on assister au retour du «business as usual» à Wall Street ? Après deux ans quasiment à l'arrêt, le marché du travail reprend des couleurs à l'endroit même qui a vu naître la crise financière mondiale. Alors que le chômage touche toujours 9,5% de la population active américaine, quelque 4.100 emplois ont été créés entre la fin mars et la fin juin dans le secteur financier new-yorkais. Le chiffre peut sembler modeste, mais il s'agit de la plus forte hausse trimestrielle depuis l'été 2008. Avec un total de 429.100 postes au 30 juin, la ville reste encore loin du pic de 473 800 emplois que comptait cette activité en août 2007. Mais la tendance est bien là. «L'ambiance générale à Wall Street est significativement meilleure que l'année dernière», a indiqué à l'agence Bloomberg Richard Lipstein, directeur du chasseur de têtes Boyden Global Executive Search. Les grandes banques américaines (Goldman Sachs, Morgan Stanley ou JPMorgan) ne sont pas seules à recommencer à embaucher. L'allemande Deutsche Bank, par exemple, a recruté plus de 400 personnes à New York depuis le début de l'année. Au même moment, et en dépit des appels à la modération lancés par le G20, la place financière new-yorkaise semble renouer avec la pratique des bonus géants. Dans le New York Times du 10 juillet, le patron de la société de recrutement Global Sage, Richard Stein, raconte avoir vu, ces dernières semaines, une douzaine de traders se voir proposer des rémunérations annuelles dépassant le million de dollars. Déjà, selon le Bureau of Economic Analysis, le salaire moyen annuel à Wall Street s'élève à 392.000 dollars (304 000 euros) contre une moyenne de 63.875 dollars (49.500 euros) pour le reste de la population active de la ville. De quoi alimenter la réputation sulfureuse du sanctuaire de la finance mondiale. Mais pour la plupart des économistes, la bonne santé de Wall Street pousse d'abord à l'optimisme. Si les banques se remettent à embaucher malgré les incertitudes sur la croissance, c'est qu'elles croient bien, elles, à la reprise de l'économie. Clinton au Pakistan pour parler aide La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton est arrivée dimanche au Pakistan avec l'ambition de consolider encore un partenariat que Washington juge crucial dans la lutte contre les talibans implantés de part et d'autre de la frontière avec l'Afghanistan. Au cours de sa visite de deux jours, Clinton doit rencontrer de hauts responsables militaires et civils et devrait renouveler les promesses d'aide économique afin de convaincre une opinion sceptique de la fiabilité des Etats-Unis en tant qu'allié. Des sondages montrent que la population pakistanaise doute de l'engagement à long terme des Etats-Unis. De son côté, Washington observe de près le rôle d'Islamabad en Afghanistan et estime que les Pakistanais doivent s'engager plus avant dans la lutte contre les talibans implantés sur leur territoire. Richard Holbrooke, émissaire spécial de Barack Obama dans la région, dit avoir noté une «accélération spectaculaire» de la coopération entre les deux gouvernements, mais reconnaît que l'opinion publique demeure difficile à convaincre. «Ce changement est d'une importance stratégique, parce qu'il nous permet de mettre en œuvre nos efforts supplémentaires dans le contre-terrorisme», a-t-il dit. Les entretiens de Clinton avec le président Asif Ali Zardari et le chef de l'armée, le général Ashfaq Kayani, seront fondés sur les discussions tenues à Washington en mars dernier, afin d'accélérer le flux d'informations militaires et de milliards de dollars d'aide. Les Etats-Unis comptent sur une aide massive et très large – de l'eau à l'électricité en passant par les droits des femmes – pour s'attirer les faveurs de l'opinion. À ce jour, seul un Pakistanais sur cinq a un avis positif sur les Etats-Unis, malgré le triplement de l'aide civile pour la porter à 7,5 milliards de dollars dans les cinq ans à venir. La présence de Clinton, qui n'a jamais caché un attachement profond à ce pays et devrait se rendre à de nombreuses réunions publiques, pourrait favoriser cette entreprise de séduction. Moody's abaisse la note de l'Irlande L'agence de notation Moody's a annoncé lundi l'abaissement de la note souveraine de l'Irlande, en soulignant la lente sortie de crise du pays et le coût croissant du sauvetage de son secteur bancaire. La note a été abaissée d'un cran, à Aa2 avec une perspective stable, ce qui la met au même niveau que la notation AA de Standard & Poor's, mais elle reste en revanche un cran supérieure à celle de Fitch.Moody's a fait cette annonce à la veille de la mise sur le marché d'obligations irlandaises à six et dix ans pour un montant compris entre un et 1,5 milliard d'euros dans le cadre des adjudications mensuelles habituelles. «Le calendrier n'est pas bon, compte tenu de l'adjudication de demain et cela va certainement s'ajouter à la prime qui devra être payée pour lever de l'argent», souligne Alan McQuaid, chef économiste à Bloxham. L'initiative de l'agence de notation, qui était attendue selon le ministre des Finances irlandais, a fait reculer l'euro face au dollar et a pesé sur les Bourses européennes. «L'abaissement d'aujourd'hui est principalement motivé par la perte progressive mais significative de solidité financière du gouvernement irlandais», comme l'atteste l'augmentation notable du ratio dette sur produit intérieur brut, explique Dietmar Hornung, analyste en chef de Moody's pour l'Irlande, dans un communiqué. En réduisant drastiquement ses dépenses, l'Irlande a été temporairement épargnée par les assauts des marchés financiers contre la dette périphérique mais cette discipline budgétaire a été éclipsée par une série de mauvaises nouvelles sur les banques. Creusé par le renflouement d'Anglo Irish Bank, le déficit budgétaire a atteint 14% du produit intérieur brut l'an dernier. Il pourrait grimper à 20%, voire davantage, cette année, a indiqué la semaine dernière l'Institut de recherches économiques et sociales. Moody's estime que la croissance de l'économie irlandaise, qui est sortie de la récession au premier trimestre, devrait rester inférieure à la moyenne historique sur les trois à cinq prochaines années. L'agence de notation table sur une croissance de 2 à 3% par an à moyen terme alors que le gouvernement prévoit une progression de 4% dans son programme budgétaire. La banque et l'immobilier, les deux moteurs de l'économie avant la crise, ne devraient pas contribuer de manière significative à la croissance dans les prochaines années.