D'habitude, et notamment en cette période estivale, la ville d'Essaouira affiche complet. Ce n'est pas le cas cette année. La crise est là, et ce ne sont pas les restaurateurs, ni les hôteliers qui diront le contraire. Et le tourisme n'est pas le seul secteur touché, l'immobilier l'est aussi. «Il y a plus d'offre que de demande à cause, notamment, de la crise qui sévit depuis quelque temps», nous confie un agent immobilier. Le paradoxe dans tout cela, c'est que les prix, pour leur plupart affichés en euros, n'ont pas été affectés. Cela s'explique par le fait que certains propriétaires étrangers de Riads et de vieilles habitations, pris à la gorge par leurs banques, ont décidé de liquider leurs biens pour pouvoir rembourser leurs crédits. D'autres, plus avertis, veulent céder leurs maisons pour acheter ailleurs, car aujourd'hui la tendance n'est plus pour la ville de Mogador, mais plutôt Dakhla où il fait bon vivre et où le niveau de vie est relativement bas. Les prix ? Entre 100.000 et 500.000 euros. Il y en a même qui demandent plus, surtout quand on a l'autorisation de construire une maison d'hôte. Cette flambée est justifiée par le prix d'achat souvent trop élevé. «Il faut s'attendre à ce que ce niveau de prix soit atteint quand on achète une vieille maison à 300.000 euros, sans compter les travaux de rénovation qui tournent autour des 50.000 euros», explique cet expert. Ces Français d'outre-mer De quoi faire fuir les nouveaux preneurs. Même les plus épris de la cité des alizés. «Résultat, il y a eu une légère baisse du volume des transactions», confie notre source. Seuls les chasseurs de bonnes affaires arrivent encore à tirer leur épingle du jeu. «Vous avez le cas des investisseurs marocains qui achètent de vieilles habitations à 90.000 euros, et après restauration, les revendent à 200 voire 250.000 euros», ajoute ce dernier. La cible? Une clientèle constituée essentiellement de retraités et dont la décision d'achat n'intervient pas du jour au lendemain. «La différence, c'est qu'auparavant, les nouveaux arrivants s'installaient à Essaouira pendant un certain temps avant de décider de l'acquisition ou non d'une maison», tient à souligner la même source. La nouveauté cette année : de plus en plus de Français résidant en Angleterre et aux Etats-Unis achètent à Essaouira. Un nouveau phénomène qui vient confirmer un constat déjà établi. Mogador reste l'une des destinations prisées des Français. Et les chiffres sont là pour le confirmer. Selon un responsable du Conseil provincial du tourisme d'Essaouira, 70% de Français y détiennent des maisons. La plupart les ont transformées en maisons d'hôtes, souvent gérées par des femmes de ménage, auxquelles on exige de parler le français avant tout recrutement en contrepartie d'un salaire de 2.000 DH. Or pour passer une nuit dans ces Riads, il faut compter un minimum de 300 DH, et les tarifs peuvent aller jusqu'à 1.000, voire même 4.000 DH, s'il s'agit d'une suite.