Après dix mois de soulèvement, de contestation et de confrontation avec l'Etat profond, on prendra les mêmes et recommencera comme si tout cela n'avait été qu'une farce! Ainsi, chez nos voisins d'Alger, le changement ne viendra que des chefs de gouvernement ou des ministres de l'ère Bouteflika. Il ne faut surtout pas être à la place du peuple algérien qui, après quarante-cinq semaines de confrontation avec les forces de l'ordre pour mettre fin à un système corrompu, dont le chef de file a été chassé du palais El Mouradia, se retrouve à devoir choisir entre la peste et le choléra. Des candidatures menées par Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, symboles de vingt années de pouvoir absolu partagé par les hommes du président et les généraux de l'appareil militaire. Cinquante-sept ans après l'indépendance, les Algériens réalisent aujourd'hui à quel point ils ont été volés et spoliés par une poignée de nantis qui ont fait de la rente pétrolière et du marché de l'armement une chasse gardée et une vache à lait. Un pays africain dont le PIB cumulé durant les 15 dernières années dépasse 2.400 milliards de dollars devrait être un leader incontesté sur le continent. Il se trouve que l'Algérie pâtit des mêmes maux que des pays dont les moyens sont largement inférieurs. Les jeunes Algériens, las du chômage et de la marginalisation, préfèrent risquer leur vie en tentant d'atteindre la rive européenne sur des embarcations de fortune. La société, qui voit à l'Est une Tunisie en plein printemps démocratique et à l'Ouest un Maroc économiquement meilleur, tous deux sans manne pétrolière, ne peut que se soulever pour des lendemains meilleurs. Or, ce n'est certainement pas l'avis de Gaid Salah, gardien du temple militaire, décidé à placer, à la présidence, un homme de paille, un exécutant. L'hiver algérien risque d'être très chaud, et cette date du 12 décembre est à redouter à plus d'un titre. Les dés ne sont pas encore jetés.