Le Maroc va vivre cette semaine sous le signe du losange, avec l'inauguration ce jeudi en grande pompe de l'usine de Renault à Tanger. Loin d'être un simple site d'assemblage, ce vaste complexe industriel (300 ha) inscrit le royaume sur le Panthéon des grands producteurs automobiles de la planète, puisqu'il devrait, à terme, produire quelque 400.000 véhicules par an. En attendant cette montée en cadence qui s'enclenchera, dès l'année prochaine, avec la mise en service d'une deuxième ligne d'assemblage, la première est déjà entrée en production depuis janvier dernier, soit quelques semaines après avoir réalisé les premiers prototypes ou pré-séries. Avec une cadence industrielle de 30 véhicules/heure, le site produira dès cette année un volume de 170.000 véhicules, en l'occurrence des nouveaux modèles de la marque Dacia. Dédiée à la gamme Entry Parmi eux, le tout nouveau monospace Lodgy effectue déjà ses premiers tours de roues dans le cadre des essais de fiabilisation, avant son lancement commercial, prévu d'ici le mois d'avril prochain. Deux autres véhicules seront ensuite produits à Tanger, un premier dans quelques mois, puis un autre vers la fin 2012, lequel devrait d'ailleurs être monté sur la deuxième ligne de production. En fait, cette usine s'inscrit dans le cadre de toute une stratégie inscrite dans le cadre de l'alliance Renault-Nissan et notamment le programme «Entry», dont la gamme de véhicules (principalement issue de la plate-forme B0 de la Logan) est destinée à réaliser de gros volumes de ventes à la fois dans des marchés dits «non-traditionnels» et ceux des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), en pleine croissance ces dernières années. Et justement, l'usine tangéroise de Renault se veut l'un des piliers de ce programme (Entry), puisqu'elle offre non seulement des outils et des capacités de production performants, mais dispose aussi, de part son emplacement géographique et des moyens logistiques mis en place, d'une plate-forme adéquate pour exporter le gros de sa production aux quatre coins du monde. Des machines et des hommes Faut-il le rappeler, un an après la signature du protocole d'intention pour la création de cette usine (septembre 2007), les responsables du projet «Hercule» chez Renault ont signé une convention avec le ministère du Commerce et de l'industrie, ainsi que celui de l'Emploi et de la formation pour créer trois centres de formation aux métiers de l'automobile : à Tanger (IFMIA-TM), à Kénitra (IFMIA-AFZ) et à Casablanca (IFMIA-Casa). L'objectif est de former une main d'œuvre suffisante et hautement qualifiée. Quant à la question de l'effectif, l'usine qui devrait employer un total de 6.000 personnes en 2014, en comptait 1.039 à fin mai 2011. Elle démarrera avec environ 2.600 employés en attendant la formation et le recrutement de 1.500 autres employés d'ici la fin 2012. Quant aux qualifications, il a été question d'intenses stages (entre 4 et 18 mois) de formation en Europe et notamment pour les techniciens d'un nouveau métier dans l'industrie automobile au Maroc : l'emboutissage. Ce dernier, avec le découpage des feuilles de tôle, puis leur envoi sous de lourdes presses, marque le début du processus de fabrication des panneaux de carrosserie. À cet effet, des dizaines de cadres et techniciens marocains de la future usine ont suivi, durant neuf mois, une formation approfondie du poste d'emboutissage sur le site de Renault-Flins. Enfin, il faut aussi savoir qu'outre son étiquette écologique (encadré), cette usine va apporter une grande bouffée d'oxygène en matière d'emplois indirects. Car, même si le tissu des fournisseurs est principalement constitué d'industriels étrangers, «ramenés» par Renault, ces derniers font et feront appel à une main d'œuvre locale, principalement recrutée à 30 km à la ronde autour de l'usine. Une usine verte avant d'être mûre Plusieurs mois avant le démarrage de son activité, l'usine tangéroise de Renault avait déjà valu au constructeur une première distinction. C'était en avril 2011, à l'occasion des «Trophées européens des énergies renouvelables» (ou «Sustainable Energy Europe Awards») durant lesquels, le futur site s'est vu décerner le prix de la production. Une distinction largement méritée au vu des installations mises en place par Renault, avec le concours de Véolia Environnement. En effet et comme le promet Renault «Les impacts sur l'environnement de l'usine Renault à Tanger seront réduits à des niveaux jamais atteints pour une usine de carrosserie et de montage». Concrètement et en termes de prévisions chiffrées, les émissions de CO2 de ladite usine seront réduites de 98%, ce qui correspond à 135.000 tonnes de CO2 évitées par an. Pour leur part, les besoins en énergie thermique seront réduits de 35% par rapport à une usine équivalente en capacité de production. Encore plus édifiantes sont les économies en matière de consommation d'eau. Ainsi et grâce à l'optimisation des process industriels et à l'utilisation de technologies de pointe conçues par Veolia Environnement pour recycler intégralement les effluents industriels, le site de Tanger réduira de 70% ses prélèvements en eau. Du coup, c'est l'équivalent de 175 piscines olympiques qui ne sera pas prélevé, annuellement, sur le milieu naturel du royaume ! À coup sûr les Dacia produites à Tanger emballeront les clients écolos...