Très attendu, le projet de loi sur l'éducation physique et le sport alimente la polémique au sein des milieux sportifs. Et pour cause : ce texte qui est censé être la lueur d'espoir pour sortir le sport marocain de l'ère de l'amateurisme a servi aussi à embraser le débat. Plusieurs acteurs, aussi bien des athlètes que des décideurs ont pris le temps nécessaire pour décortiquer les dispositions prévues dans ce texte adopté la semaine dernière en conseil des ministres. Depuis son adoption, le ministre de la Jeunesse et des sports s'est lancé dans une vaste opération de communication pour expliquer les contours de cette loi et son apport en matière de développement du sport. Pour le chercheur Yahia Saïdi, «Le préambule de ce texte ne reflète pas le contenu de la loi. Il ne la résume pas. Celui-ci s'étale sur le rôle du sport dans le développement de toute société et sur l'importance de l'existence du cadre juridique comme un processus de consolidation de la démocratie et du développent social et humain». Selon lui, «Ce projet de loi n'évoque pas la question du dopage. Contrairement à la sécurité qui a été traitée dans le chapitre V du projet, il n'y a aucun article qui rappelle le dopage ou tout recours à d'autres usages interdits par la loi». Sous un autre volet, le chapitre II relatif à l'organisation des activités physiques et sportives limite la constitution de la société sportive en une société anonyme à «toute association sportive disposant d'un section sportive dont plus de 30 % des licenciés seniors sont professionnels ». Par conséquent, il sera de nature à freiner la volonté des personnes physiques ou morales voulant se structurer sous forme de société à responsabilité limitée ou de société avec le sport comme objet, relève Yahia Saïdi. Il serait préférable de régir la société sportive selon un décret d'application. Le Comité national olympique marocain fait également l'objet de plusieurs critiques. Le projet de loi ne lui fait pas obligation de se faire représenter auprès des ligues régionales. Il laisse le champ libre à cet organisme en rappelant qu'il a la possibilité de créer des comités régionaux à travers les régions du royaume. Pourtant, l'une de ses principales missions est de veiller à la promotion du sport. Au niveau de la formation, le texte n'aborde à aucun moment le droit du sport et la recherche scientifique. Pas besoin de rappeler que l'enseignement du droit du sport reste négligé dans toutes les universités du royaume. Certes, l'Institut Moulay Rachid de la formation des cadres forme des techniciens pouvant occuper des postes-clé au sein des fédérations nationales sportives. Certains observateurs avisés estiment que ce projet de loi reste vague en ce qui concerne l'implication des acteurs publics et privés dans le développement du sport.